Jacques Chirac “entre dans l’Histoire”, la France prépare son hommage
La France se prépare vendredi à rendre hommage à Jacques Chirac, au lendemain de la mort, à 86 ans, du cinquième président de la Ve République,...
Par Christophe SCHMIDT et le service politique de l'AFP
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La France se prépare vendredi à rendre hommage à Jacques Chirac, au lendemain de la mort, à 86 ans, du cinquième président de la Ve République, qui ne fut jamais plus populaire qu'après la fin de sa très longue carrière politique.
Jacques Chirac "entre dans l'Histoire et manquera à chacun d'entre nous désormais", a conclu Emmanuel Macron jeudi soir, à la fin d'une allocution télévisée remémorant l'action de son prédécesseur et insistant sur la personnalité d'un "homme d'Etat que nous aimions autant qu'il nous aimait".
Plusieurs centaines de personnes sont venues dès jeudi soir à l'Elysée pour signer les livres d'or installés dans le vestibule du Palais, devant une grande photo de l'ancien président disparu, et qui resteront accessibles jusqu'à dimanche.
Dans un silence grave, les visiteurs, des Français, des étrangers, jeunes et vieux, faisaient la queue en chuchotant pour entrer dans la Cour d'honneur éclairée de toutes parts.
Une journée de deuil national a été décrétée lundi, et un service solennel sera rendu ce jour-là à 12H00 dans l'église Saint-Sulpice à Paris. Des journées de deuil national avaient déjà été décrétées après les décès des présidents Charles de Gaulle en 1970, Georges Pompidou (en fonction au moment de sa mort) en 1974, et François Mitterrand en 1996. La date et le lieu des obsèques n'ont pas encore été communiqués.
L'ex-chef de l'Etat, qui était souffrant depuis de longues années, s'est éteint "très paisiblement, sans souffrir" et entouré des siens jeudi matin à son domicile, rue de Tournon dans le centre de Paris, la ville dont il avait été le maire pendant 18 ans avant d'accéder à l'Elysée, en 1995.
"C'est une part de ma vie qui disparaît aujourd'hui", a commenté Nicolas Sarkozy, son successeur immédiat à l'Élysée, tandis que François Hollande saluait "un combattant" qui "avait su établir un lien personnel avec les Français".
- "Paris est en deuil" -
"Paris est en deuil", a aussi déclaré Anne Hidalgo, maire de la capitale, depuis l'Hôtel de Ville sur lequel il avait régné pendant 18 ans. En signe d'hommage, la Tour Eiffel s'est éteinte jeudi soir.
Quelques objets et symboles des années Chirac
AFP
Avec Jacques Chirac disparaît l'un des principaux acteurs à droite de la vie politique française, depuis la fin des années 60 jusqu'au milieu des années 2000. Celui qui fut également député de la rurale Corrèze -et était jugé comme l'un des siens par le monde paysan- fut deux fois président de la République, de 1995 à 2007, mais aussi deux fois Premier ministre (1974-1976 et 1984-1986), trois fois maire de Paris, fondateur de deux partis -le RPR et l'UMP, ainsi que ministre à répétition à partir de l'âge de 34 ans.
"Il a fait tous les métiers de la Ve République", a commenté pour l'AFP le politologue Pascal Perrineau. Et au fil des évolutions parfois sinueuses de sa ligne politique et de ses propositions en matière économique et sociale, restent quelques constantes: le rejet intransigeant de l'extrême-droite, le souci de la cohésion nationale, une approche gaulliste du rôle international de la France, vue comme une puissance d'équilibre devant parler à tous.
De l'étranger, la chancelière allemande Angela Merkel a salué "un formidable partenaire et ami", et le président de la Commission européenne, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a considéré que l'Europe "perdait une de ses figures de proue, la France un grand homme d'État et moi un ami fidèle".
Les mandats élyséens de Jacques Chirac, point culminant d'une carrière politique entamée en 1967 à l'Assemblée nationale, resteront marqués par son "non" à la deuxième guerre d'Irak, par la fin de la conscription militaire, la reconnaissance de la responsabilité de l'État français dans les crimes nazis, le passage au quinquennat, le cri d'alarme face à la dégradation de l'environnement ("notre maison brûle"), et une première victoire importante sur la mortalité routière.
- "Souffrance" -
En 2007, affaibli par un accident vasculaire cérébral qui l'a frappé deux ans plus tôt, il doit voir triompher Nicolas Sarkozy, pour lequel il est loin de manifester la ferveur indéfectible de son épouse Bernadette.
"Pertes de mémoire", "absences", surdité : Jacques Chirac apparaîtra ensuite de plus en plus rarement en public.
L'ancien président français Jacques Chirac a laissé dans les mémoires plusieurs phrases marquantes
AFP
L'ancien premier ministre Édouard Balladur, qui vécut au tournant des années 90 une impitoyable rivalité avec son ancien ami, a ainsi dit "son émotion" de sa disparition "après tant d'années de souffrance".
La dernière sortie publique de Jacques Chirac remonte à novembre 2014, au Musée du Quai-Branly consacré aux Arts premiers et qui porte son nom. L'ancien président, affaibli mais souriant, était aux côtés de son successeur François Hollande, avec lequel il avait la Corrèze en partage.
Particulièrement populaire depuis qu'il avait quitté le pouvoir, Jacques Chirac avait pourtant essuyé de cuisants échecs, comme lorsqu'il fut sèchement battu par François Mitterrand à la présidentielle de 1988.
Neuf ans plus tard, en 1997, la dissolution qui devait conforter sa majorité à l'Assemblée avait débouché sur une humiliante déroute de la droite, installant cinq ans de cohabitation avec la gauche de Lionel Jospin.
Il avait enfin été, en 2011, le premier ancien chef de l'État condamné au pénal, à deux ans d'emprisonnement avec sursis, pour une affaire d'emplois fictifs à la mairie de Paris.
Il a eu deux filles, Laurence, anorexique depuis sa jeunesse et décédée en avril 2016, et Claude, qui fut sa conseillère en communication et lui a donné son seul petit-fils, Martin, aujourd'hui âgé de 23 ans.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.