Jacques Chirac : de l’homme politique à l’icône pop
L’ancien chef d’État, Jacques Chirac est décédé ce jeudi 26 septembre à l’âge de 86 ans. Député de Corrèze, Premier ministre, ministre, maire de Paris, président du RPR, Président de la République… Retour en images sur le parcours politique, d’un homme qui, bien malgré lui, est devenu une icône pop sur la fin de sa vie.
« Un chef c’est là pour cheffer ». « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». « Dans la vie, il y a des hauts et des bas. Il faut surmonter les hauts et repriser les bas ». « J’apprécie plus le pain, le pâté, le saucisson, que les limitations de vitesse. » Avec sa carrière politique d’une longévité exceptionnelle, Jacques Chirac aura laissé des citations tantôt profondes tantôt anecdotiques. Sa passion pour le Sumo, la bière, la bonne chair ou encore l’art africain auront fait de lui l’une des personnalités les plus appréciées des Français. Depuis quelques années, des photos de Jacques Chirac, bière à la main ou cigarette aux lèvres, se vendent sur des T-shirts, faisant de l’ancien chef d’État une icône de la pop culture. Ce jeudi 26 septembre 2019 Jacques Chirac est décédé à l’âge de 86 ans. Retour sur le parcours politique d’un homme qui aura occupé les plus hautes fonctions de l’État.
Le « Bulldozer » Chirac
Né le 29 novembre 1932 à Paris de parents corréziens, Jacques Chirac fait de brillantes études (Sciences Po, l’ENA) se porte volontaire en Algérie de 1956 à 1957, et s’engage tôt en politique. Chargé de mission au cabinet du Premier ministre, Georges Pompidou au début des années soixante. Surnommé le « Bulldozer » par le Premier ministre, il commence son implantation locale en Corrèze, conseiller municipal de Sainte-Féréole en 1965, il est élu député du département en 1967.
Après avoir occupé un poste de secrétaire d’État à l’emploi grâce auquel il occupera un rôle dans les accords de Grenelle qui mettent fin à la grève générale de mai 1968, Jacques Chirac est nommé secrétaire d’État à l’Économie et aux Finances sous la présidence du général de Gaulle. Puis, il est successivement nommé ministre des relations au Parlement, ministre de l’Agriculture et ministre de l’Intérieur sous la présidence de Georges Pompidou, son mentor. Interrogé sur la distinction entre le gaullisme et le pompidolisme, Jacques Chirac répondra « qu’il n’y a pas de différence fondamentale mais une certaine continuité ».
La rivalité avec VGE
À l’élection présidentielle de 1974, Jacques Chirac se rallie à Valéry Giscard d’Estaing contre Jacques Chaban-Delmas. Il devient Premier ministre et on retiendra de ses premières années à Matignon des réformes sociétales comme la majorité à 18 ans, la loi sur l’avortement ou encore la réforme de l’ORTF. Après le choc pétrolier de 1973, les relations se tendent entre les deux hommes à l’image de cette poignée de main manquée en Conseil des ministres.
Il démissionne en 1976. « Je ne dispose pas des moyens que j'estime aujourd'hui nécessaires pour assumer efficacement mes fonctions de Premier Ministre » justifie-t-il.
« Giscard, ne pense qu'à plumer l'UDR (Union des démocrates pour la République). Je trouve que c'est inutile, mais enfin c'est ce qu'il veut. L'UDR, je la lui ai pourtant amenée sur un plateau. Mais il n'a pas su s'en débrouiller. Pour finir, il voulait que je lui tienne le cou pendant qu'il la plumait. Je n'ai pas marché. » rapporte-il à l’Express, cette année-là.
« Les Parisiens sont, pour la plupart d’entre eux, des provinciaux »
Dans la foulée de son départ, il fonde le RPR (Rassemblement pour la République). Il est élu maire de Paris en 1977. Pour la première fois, le maire de Paris est élu au suffrage universel. « J’ai été député de la troisième circonscription de Corrèze. Et je n’ai pas observé que l’on en m'ait fait reproche, à Paris, ou que mes électeurs ont en été déçus en Corrèze. Les Parisiens sont, pour la plupart d’entre eux, des provinciaux, profondément attachés à leurs racines » expliquera-t-il durant la campagne. Il sera réélu trois fois. Sur les conseils de sa fille Claude, il recevra la chanteuse, Madonna, à l’Hôtel de ville en 1987.
Deuxième cohabitation
Après son premier échec à l’élection présidentielle de 1981, le RPR obtient la majorité absolue aux législatives de 1986, Jacques Chirac fait son retour à Matignon pour la première cohabitation de la Ve République. Une période où Jacques Chirac se rapproche de l’UDF, avec qui il signe des accords de gouvernement, et opère un tournant libéral avec de nombreuses privatisations.
Les relations avec le président de la République, François Mitterrand, ne sont pas au beau fixe là encore. Jacques Chirac souhaite accompagner le chef d’État au G7 de Tokyo, alors que la défense et les affaires étrangères font partie du domaine réservé du président de la République. « Il n’y a qu’une voix de la France » sera obligé de préciser François Mitterrand.
Une année également marquée par la mort de Malik Oussekine, frappé par « les voltigeurs » lors d’une manifestation étudiante, contre le projet de loi du ministre de l’éducation, Alain Devaquet. Un événement tragique qui coupera Jacques Chirac de la jeunesse et le poussera à stopper la réforme 3 jours plus tard.
Deux ans plus tard, Jacques Chirac échoue pour la seconde fois à l’élection présidentielle. Par la suite, le RPR remporte les élections législatives de 1993. Échaudé par sa dernière expérience et souhaitant se préserver pour la présidentielle de 1995, Jacques Chirac, laisse Matignon à Édouard Balladur.
L’époque est à la division à droite, Édouard Balladur décide finalement de se présenter à la présidentielle. Donné à 14% dans les sondages à la fin de l’année 94, Jacques Chirac fait campagne sur la fracture sociale et devient à, cette époque, l’égérie de l’émission de canal +, les Guignols de l’info.
Jacques Chirac enfin Président
Il bat le candidat socialiste, Lionel Jospin, au second tour et devient le cinquième président de la Ve République. Son début de mandat est marqué par une ultime reprise des essais nucléaires dans le Pacifique, la fin du service militaire obligatoire, et une réforme des retraites menée par le Premier ministre Alain Juppé qui entraînera des grèves massives et finalement un recul du gouvernement. On retiendra également son discours à l’occasion du 53ème anniversaire de la rafle du Vélodrome d'Hiver. Il y reconnaîtra « la faute collective » de la France.
En 1996, sa visite dans le quartier musulman d’Israël fera le tour du monde avec son fameux « What do you want ? ».
En 2002, au sommet de la Terre de Johannesburg, il prononcera cette phrase célèbre : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ».
La dissolution de 1997
Afin de réduire les déficits et passer sous la barre des 3%, comme l'exige le traité de Maastricht, Jacques Chirac a bien conscience que se profile le tournant de la rigueur. Sa majorité à l’Assemblée nationale s’essouffle et l’exécutif veut anticiper les élections de 1998 (législatives, régionales et cantonales). Sur les conseils de son conseiller, Dominique de Villepin, il dissout l’Assemblée nationale et entraîne, malgré lui, la victoire de gauche plurielle et la troisième cohabitation durant laquelle la réduction du mandat présidentiel de sept à cinq ans sera adoptée par référendum.
Le quinquennat
En 2002, Jacques Chirac est réélu avec 85,21% des voix face au candidat d’extrême droite, Jean-Marie Le Pen. Son nouveau premier ministre, Jean-Pierre Raffarin met en œuvre certaines promesses de campagne comme la baisse des impôts sur le revenu. C’est également le retour de Nicolas Sarkozy au gouvernement. Le nouveau ministre de l’Intérieur est sur tous les fronts et fait part très rapidement de ses ambitions présidentielles. « Je décide et il exécute » rappellera en 2004, Jacques Chirac lors de l’interview du 14 juillet.
Son quinquennat sera marqué par plusieurs évènements au plan international. Il soutiendra l’intervention des États-Unis en Afghanistan après le 11 septembre mais mettra « son veto » à la guerre en Irak en 2003. « L'Irak ne représente pas aujourd'hui une menace immédiate telle qu'elle justifie une guerre immédiate. La France en appelle à la responsabilité de chacun pour que la légalité internationale soit respectée (...). S'affranchir de la légitimité des Nations Unies, privilégier la force sur le droit, ce serait prendre une lourde responsabilité ».
Affaibli par un accident vasculaire cérébral, sa fin de mandat sera moins flamboyante. La contestation étudiante contre le CPE, (Contrat premier embauche) poussera son Premier ministre, Dominique de Villepin à reculer. Lors de ses vœux pour l’année 2007, il annonce qu’il ne se représentera pas.
T-shirts
Le 30 octobre 2009, Jacques Chirac est renvoyé devant le tribunal correctionnel dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Il sera condamné, en 2011, a deux ans d’emprisonnement avec sursis pour « détournement de fonds publics », « abus de confiance », « prise illégale d'intérêts » et « délit d'ingérence ». La première fois qu’un président de la République sera condamné par la justice.
Jacques Chirac passera la fin de sa vie à s’occuper de sa fondation. Sa dernière apparition publique remonte à 2014. En 2016, selon un sondage 86% des Français disent garder un bon souvenir de ses mandats. Citations, photos, vêtements, Chirac a, contre toute attente, fini par devenir cool.
Des sites, comme « Fuck yeah Jacques Chirac », proposent à la vente des T-shirts arborant les plus belles photos de l’ancien Président. Chirac-machine.com compile les sons de ses meilleurs « punchlines ». Plutôt que ses réformes, les Français préfèrent retenir une certaine incarnation du vintage et de la France. Plutôt que ses déclarations sur « le bruit et l’odeur » du quartier de la goutte d’Or à Paris, les Français préfèrent se souvenir de ses poignées de main chaleureuses, des heures durant, au salon de l’Agriculture.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.