Le Président de la République italienne, Sergio Mattarella, doit confirmer ou non, dans les prochaines 24 heures, la nomination de Giuseppe Conte, comme chef du gouvernement. Ce professeur de droit, peu connu des Italiens, a été choisi par Luigi Di Maio et Matteo Salvini, les chefs de file du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue pour diriger le gouvernement de coalition.
Pour Ludmila Acone, historienne, chercheuse associée à l’Université Paris 1, la procédure ne s’est pas faite normalement :
« Dans cette négociation, on a totalement renversé les procédures habituelles. Il est normal que ce soit le Président de la République qui désigne le Président du Conseil, qui a son tour, forme le gouvernement, qui doit ensuite être entériné par les Chambres des députés. Or, ici, ça c’est passé exactement à l’envers. »
Si Ludmila Acone rappelle que « l’austérité a été très mal vécue par une grande partie des Italiens », c’est surtout dans le Nord, « autour de la population qui a voté la Ligue », que la question de l’immigration a été décisive. Mais elle explique que ce qui a surtout marqué les Italiens c’est que « la pauvreté a augmenté très fortement ».
Une partie de l’Europe s’inquiète du fait que le ciment entre la Ligue et le Mouvement 5 étoiles soit basée sur un euroscepticisme fort.
À la question de savoir si on va vers un affrontement entre l’Italie et l’Europe, alors que la Commission européenne a d’ores et déjà mis en garde l’Italie, contre les dérapages budgétaires, l’historienne répond : « Il y a une affirmation de souveraineté nationale dans ce gouvernement et il est prévu aussi de renégocier les traités. (…) Effectivement, c’est quelque chose qui ne va pas dans le sens de l’Europe actuelle ».