“Inutile et dangereux”: les associations dénoncent les mesures attendues sur l’immigration
Quotas inutiles, baisse de l'accès aux soins "dangereuse": les associations d'aide aux migrants et exclus ont étrillé mardi les mesures...
Par Emmanuel DUPARCQ
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Quotas inutiles, baisse de l'accès aux soins "dangereuse": les associations d'aide aux migrants et exclus ont étrillé mardi les mesures gouvernementales sur l'immigration attendues mercredi.
"Installer le terme de quota au milieu de la politique publique d'immigration, c'est la promesse de polémiques sans fins et d'une efficacité totalement douteuse", prévient Pierre Henry, directeur général de France Terre d'Asile.
Mardi matin, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a confirmé que des "quotas" ou "objectifs chiffrés" d'immigrés "professionnels" allaient être fixés chaque année dès 2020 pour que la "France recrute" en fonction de ses besoins de travail.
Cette mesure devrait être annoncée avec d'autres mercredi à l'issue d'un Comité interministériel.
Ces quotas ne concerneraient qu'une petite partie de l'immigration: 34.000 titres de séjours "professionnels" sur 260.000 octroyés au total en 2018. Bien moins que le nombre accordés aux étudiants, aux conjoints ou aux réfugiés.
"Le débat n'est pas très clair", s'inquiète Cyrille de Billy, secrétaire général de la Cimade. "Est-ce que cela n'annonce pas derrière l'ouverture d'un autre débat pour toucher à l'immigration familiale ou au droit d'asile?", abonde Pierre Henry, directeur général de France Terre d'asile.
La perspective hérisse les associations. "La France violerait alors ses obligations internationales, sur le droit d'asile et la famille notamment", préviennent M. Henry et de Billy.
Par ailleurs, note le second, "il est très périlleux de déterminer à l'avance le niveau d'activité économique", en particulier pour de la "main d'œuvre non qualifiée" et dans "des secteurs économiques peu régulés et flexibles".
Les exécutifs précédents ne s'y étaient pas risqués. En 2008, sous Nicolas Sarkozy, une commission chargée par le gouvernement de plancher sur les quotas d'immigration les avait jugés "inefficaces", "irréalisables ou sans intérêt".
- "Non sens" -
Les associations sont également vent debout contre plusieurs autres mesures attendues mercredi, notamment les restrictions dans l'accès aux soins.
Le gouvernement prévoit ainsi l'instauration d'un délai de carence de trois mois avant que les demandeurs d'asile ne puissent accéder à la Protection universelle maladie (PUMa, la sécurité sociale de base), et la nécessité d'un accord préalable de la Sécu pour certains actes non-urgents dans le cadre de l'Aide médicale d'Etat (AME).
"Le gouvernement instrumentalise la politique de la santé à des fins migratoires", dénonce Florent Guéguen, directeur de la Fédération des acteurs de solidarités (FAS) qui regroupe plus de 800 associations et organismes de lutte contre l'exclusion.
"C'est un non sens", déplore M. Henry, car "ce sont des dispositifs de santé publique qui nous protègent tous".
"Les demandeurs d'asile arrivent après des mois ou années d'errance, de traumatismes, et ont besoin de soins. Certains ont des maladies respiratoires, la gale ou la tuberculose, qui doivent être traitées rapidement", souligne M. Guéguen.
"Ce délai est indigne, choquant, et très dangereux pour la santé publique", abonde Bruno Morel, directeur général d'Emmaüs Solidarité, qui se dit "extrêmement inquiet".
Des réfugiés devant la "plate-forme d'accueil des réfugiés" de France Terre d'Asile à Paris en janvier 2017
AFP
"Au final, l'Etat ne fera pas d'économies, au contraire: plus on soigne tardivement, plus ça coûte cher", ajoute M. Guéguen. Quant à ceux qui ont besoin de soins rapidement, ils iront aux urgences, "qui vont se retrouver encore plus chargées alors qu'elles sont déjà en crise", regrette-t-il.
Toutes ces mesures témoignent selon ces associations d'une "vision idéologique" voire d'une instrumentalisation "électoraliste" de l'immigration.
"Aucune politique répressive ne va changer le phénomène migratoire, des gens continueront d'arriver", note M. de Billy, qui souligne que loin des craintes d'"invasion", le solde migratoire est resté, hormis en 2016 marquée par une poussée due au conflit syrien, "assez stable ces dernières années".
"Il vaut mieux être pragmatique", ajoute-t-il, "et faire en sorte que ça se passe au mieux" en augmentant les dispositifs d'accueil, plutôt que de les diminuer et laisser émerger "des zones de précarité et de non droits".
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.