Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Intelligence artificielle : « Il ne faut ni avoir peur, ni être naïf » explique Macron
Par Public Sénat
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La France va-t-elle devenir l’un des leaders de l’intelligence artificielle ? C’est en tout cas le souhait d’Emmanuel Macron, qui a tenté de dissiper les inquiétudes sur les algorithmes, tout en vantant les opportunités économiques qu’ils peuvent constituer. « Il ne faut ni avoir peur, ni être naïf, mais définir ce chemin de crête qui permettra d’avoir une stratégie », a déclaré le chef de l’État, en clôture du colloque « l’intelligence artificielle au service de l’humain », depuis le Collège de France.
Le président de la République a estimé que la France ne partait pas de rien dans de domaine : le pays a des « atouts pour réussir dans l’intelligence artificielle », insiste-t-il, « c’est à cette excellence que nous devons les annonces d’implantation » de firmes en pointe dans le secteur. Elles s’appellent Samsung, Fujitsu, IBM ou encore DeepMind et ont choisi de rejoindre Google et Facebook en France sur le terrain de l’intelligence artificielle.
Approche européenne de l’intelligence artificielle
Pour créer un « écosystème d’innovation », le président de la République a annoncé la mise en place d’un « programme national pour l’intelligence artificielle » afin de créer un réseau de grands pôles de recherche. « En matière de financement, nous devons avoir une approche volontariste », a-t-il précisé. Sur la calculatrice de l’Élysée, s’affiche un budget d’un milliard et demi d’euros chaque année, auquel viendront s’ajouter des financements privés. Une grande partie sera alimentée à partir du Fonds pour l’industrie et l’innovation doté de 10 milliards d’euros et qui a été lancé en début d’année.
Devant la ministre allemande de l'Éducation et de la Recherche, et le commissaire européen à la recherche, à l'innovation et à la science, Emmanuel Macron a insisté sur l’importance de se lancer dans des projets avec les autres États européens, et « en premier lieu l’Allemagne ». Développer des « standards communs » à l’échelle européenne, c’est avoir plus de poids face aux États-Unis et à la Chine, explique-t-il. Pour Cédric Villani, auteur d’un rapport sur l’intelligence artificielle remis hier, « la France ne pourra tenir le rang auquel elle aspire en la matière sans le plein soutien de l’Europe ».
Annonçant un « effort » sur la formation, le président de la République a fait part de son intention de « doubler » le nombre d’étudiants formés à l’intelligence artificielle. Qu’il s’agisse de faciliter les expérimentations ou de faciliter les passerelles entre recherche publique et industrie, le président entend utiliser la loi Pacte (plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises), qui doit être débattue avant l’été.
« Mobilisation générale autour de la donnée », notamment dans le secteur de la santé
Parmi les grands chantiers que le président de la République souhaite ouvrir : celui du véhicule autonome – dont la stratégie sera annoncée en avril – mais aussi celui des données. « Nous avons des bases de données centralisées et massives qui nous offrent l’opportunité de nous positionner à la pointe de l’intelligence dans certains secteurs », a exposé Emmanuel Macron, qui a en ligne de mire le secteur de la santé, l’un des « atouts » de la France. L’exploitation des nombreuses données de la Sécurité sociale doit notamment ouvrir la voie au développement de la « médecine prédictive et préventive ».
Emmanuel Macron a appelé également à poursuivre « l’ouverture de données publiques » et à « renforcer le service public de la donnée ». Cet open data doit aussi s’étendre à d’autres domaines, quand des fonds publics sont en jeu : il a notamment pris l’exemple des transports. « C’est à une mobilisation générale autour de la donnée que j’appelle aujourd’hui », a résumé le chef de l’État.
À l’échelle européenne, il s’est même dit favorable à ouvrir une réflexion sur l’accès, « à des fins d’intérêt général », aux immenses bases de données des géants du web, « en monopole sur la collecte de certaines catégories de données ».
« Chacun doit rester maître de ses données »
« En même temps que nous ouvrons les données », le président de la République a averti qu’il fallait « en penser le cadre ». « Chacun doit rester maître de ses données », a-t-il averti, en évoquant les « déboires de plusieurs réseaux sociaux ». Une allusion non dissimulée au scandale des données de Facebook utilisées à l’insu de millions d’utilisateurs.
Cela passera par un encadrement national mais aussi européen. « Rien ne serait pire que de laisser ces choix à des sociétés privées », a-t-il estimé, ajoutant : « Il nous faut garder la confiance démocratique de cette innovation, c’est la clé. » Les ambitions dépassant même le cadre européen : Emmanuel Macron a appelé à « créer un Giec de l’intelligence artificielle », sur le même modèle que cet organisme international qui évalue les risques liés au réchauffement climatique.
Sur ces questions sensibles, le débat devra selon lui être « permanent » et « transparent ». « Il faut mettre de la transparence et de la loyauté dans le système », a-t-il expliqué. « La clé, est de mettre partout la transparence publique sur les algorithmes, de s’assurer qu’ils sont utilisés en transparence, de traquer leurs biais, de ne pas leur confier le monopole de la décision ». Celui du nouveau système d’orientation en ligne pour les bacheliers – la plateforme controversée Parcoursup – est d’ailleurs cité dans le discours.