Inattendue “visite républicaine” de Macron à Estrosi

Inattendue “visite républicaine” de Macron à Estrosi

Le candidat Emmanuel Macron s'est entretenu samedi avec le patron LR de la région PACA Christian Estrosi. Une rencontre présentée...
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Par Marc PRÉEL

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Le candidat Emmanuel Macron s'est entretenu samedi avec le patron LR de la région PACA Christian Estrosi. Une rencontre présentée par les deux hommes comme "une visite républicaine" et non un ralliement, aussitôt fustigée par le FN et Nicolas Dupont-Aignan.

Le candidat d'En Marche ! est à Marseille pour un meeting devant rassembler plusieurs milliers de personnes en début d'après-midi, avant que cet ancien ministre, supporteur de l'OM, aille assister au stade Vélodrome au match de Ligue 1 Marseille-Dijon.

Sifflé vendredi soir lors du meeting de François Fillon, M. Estrosi, qui avait demandé il y a quelques semaines à M. Fillon de renoncer à sa candidature vu ses ennuis judiciaires, a dit son "estime", "voire (son) amitié" pour l'ancien ministre de l'Economie, lors de cette rencontre au conseil régional.

"C'est le président de la région qui reçoit l'ancien ministre Emmanuel Macron, avec lequel j'ai toujours eu des relations de respect, voire d'amitié, car au-delà des clivages politiques cela existe aussi entre responsables publics", a déclaré M. Estrosi au quotidien La Provence en début d'entretien.

"Les républicains de cette région, de tous bords, n'auraient pas compris qu'à l'occasion de cette visite à Marseille, je ne reçoive pas l'ancien ministre de l'Economie", a défendu l'ex-maire de Nice.

Pour Emmanuel Macron, "c'est une visite républicaine", et "en effet, nous avons de l'estime réciproque, voire de l'amitié".

"C'était tout à fait normal et naturel de rendre cette visite de courtoisie, aussi parce que je n'oublie pas le combat livré par Christian Estrosi aux dernières régionales", a-t-il poursuivi auprès de La Provence, dont il a ensuite rencontré des lecteurs.

En décembre 2015, M. Estrosi, proche de Nicolas Sarkozy, l'avait emporté au second tour face au FN emmené par Marion Maréchal-Le Pen, avec l'aide du retrait du candidat socialiste, Christophe Castaner, désormais un des soutiens du premier cercle de M. Macron.

"Je crois que les républicains se reconnaissent à cela, à savoir où sont les vrais dangers pour la République et où sont les vrais ennemis", a déclaré M. Macron dans le bureau de M. Estrosi.

Le bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot, a rapidement fustigé une "sorte de ralliement" incarnant selon lui "le système" et "en plein dans +l'UMPS+", y voyant le signe de "tractations pour le second tour de la présidentielle (...) et pour les législatives".

- "Creux comme des tambours" -

"Estrosi en marche pour Macron !", a pour sa part raillé sur Twitter Marion Maréchal-Le Pen, députée FN du Vaucluse et nièce de Marine Le Pen.

Candidat à la présidentielle et président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan a moqué "deux personnes creuses comme des tambours qui se rencontrent". "Cela fait beaucoup de bruit mais qu'est-ce que cela apporte à la France ?", a-t-il déclaré à BFMTV.

Cette visite Macron-Estrosi, qui ne figurait pas au programme officiel du candidat, n'a été discrètement confirmée à la presse que dans la nuit.

Elle survient alors qu'au meeting du candidat de la droite à Toulon, le patron LR de la région Paca s'est fait copieusement huer par la foule, qui scandait le nom de François Fillon pendant qu'il parlait à la tribune.

Mais l'entourage de l'ancien maire de Nice s'est défendu de tout lâchage du candidat de sa famille politique : "Christian Estrosi est et restera gaulliste et soutient le candidat de sa famille politique car il place la fidélité au-dessus de tout. Il est allé au meeting de Fillon le rappeler et ne trahira pas les valeurs gaullistes qu'il défend".

A l'occasion de la visite de M. Macron, plusieurs dizaines de taxis marseillais manifestaient samedi à la mi-journée contre "le candidat de l'ubérisation" devant le siège de La Provence, ainsi qu'aux abords du Parc Chanot, lieu de son meeting.

L'ancien ministre a réussi à quitter le siège du quotidien mais des chauffeurs ont jeté des pneus sur sa voiture, obligeant des policiers à intervenir pour permettre au véhicule de partir, dans un grand crissement de pneus.

Une vingtaine de Français d'Algérie manifestaient aussi leur colère contre "un traître qui n'aime pas la France".

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