Sylvia Pinel, la députée du Parti radical de gauche (PRG) du Tarn-et-Garonne, était l’invitée de Parlement hebdo sur Public Sénat/LCP-AN ce vendredi 8 novembre. L’ancienne ministre de François Hollande avait participé aux retrouvailles entre radicaux de gauche et de droite. Le nouvel ensemble était tourné vers la majorité présidentielle. Mais depuis, l’union a capoté. Une partie des anciens membres du PRG, dont Sylvia Pinel, ont repris leur liberté.
La députée explique aujourd’hui ne pas du tout se retrouver dans la politique d’Emmanuel Macron en matière d’immigration notamment. Interrogée sur la question des quotas pour les métiers en tension, décidée par l’exécutif, elle prend ses distances. « De quoi parlons-nous ? On parle d'immigration économique, c'est à peu près 30.000 personnes par an, c'est quand même très peu. De là à mettre en œuvre des mesures « inefficaces, incontrôlables et pas pilotables », je reprends les mots du Président pendant la campagne. (…) C'est ce que disait le Président alors candidat : ce n'est pas efficace parce que ça ne tient pas compte de la réalité » souligne Sylvia Pinel.
« Ce qui m'a beaucoup choqué dans le débat, c'est l'amalgame voulu entre l'immigration et les demandeurs d'asile »
La députée du Tarn-et-Garonne critique durement les choix du chef de l’Etat de ces dernières semaines. « Il a fait de l’immigration un élément du débat national alors que ce n’était pas vraiment un sujet sur les ronds-points avec les gilets jaunes. On sent bien une volonté de courir après la droite et l'extrême-droite, alors que j’avais la conviction, en 2017, qu’Emmanuel Macron nous protégerait et serait un rempart par rapport à ces dérives que j’ai toujours combattues. (…) Sur ces thématiques-là, je suis profondément déçue, encore plus que sur la politique économique et sociale. Sur les valeurs fondamentales, c’est décevant » accuse Sylvia Pinel.
« Ce qui m'a beaucoup choqué dans le débat, c'est l'amalgame voulu entre l'immigration et les demandeurs d'asile. On a tout mélangé » ajoute-t-elle encore. Elle n’apprécie donc pas plus les mesures annoncées cette semaine par le gouvernement sur l’immigration. « Il y a plusieurs choses qui me choquent, on apprend la veille un certain nombre de mesures, le gouvernement le traduit dans la nuit par voie d'amendements, il n'y a ni débat dans les commissions permanentes. Ils ne respectent pas la démocratie. On n'a pas le temps d'étudier les amendements » regrette la conseillère régionale d'Occitanie, qui ajoute qu’« on se précipite pour faire de la communication. On ne s'attaque pas au vrai sujet. C'est une technique politique qui perdure depuis quelques temps ».