Malgré la publication vendredi de documents officiels par Challenges montrant que Jean-Louis Borloo a été nommé président du Conseil d'administration de Huawei France, l'ancien ministre dément et assure à l'AFP qu'il n'a pas encore pris sa décision.
Selon un procès-verbal enregistré au tribunal de commerce de Nanterre le 28 mai, Huawei France a décidé de "nommer en qualité de Président du Conseil d'administration de la Société Monsieur Jean-Louis Borloo", à partir du 28 mai 2019 et jusqu'au 27 mai 2021 inclus.
Interrogé par l'AFP, M. Borloo, qui avait indiqué avoir seulement reçu une "proposition" en ce sens, a exprimé sa surprise. Il a expliqué que la décision n'était pas encore prise, et devait être débattue lors d'une réunion le 15 juillet.
"Il n'y a strictement rien de fait", avait-il insisté vendredi matin. M. Borloo a précisé qu'il devait rencontrer le 8 juillet le vice-président du groupe Ken Hu lors de sa venue à Paris, pour en "parler tranquillement".
"J'ai d'autres engagements économiques et je dois déterminer si je dispose de suffisamment de temps pour le poste", a souligné M. Borloo, invoquant de possibles déplacements à Shenzhen (sud Chine) où le géant chinois a son siège.
Huawei a refusé de confirmer l'information dans l'immédiat.
L'ex-ministre de l'Ecologie de Nicolas Sarkozy a été pendant deux ans administrateur de l'équipementier chinois, jusqu'à fin 2018.
L'ancien maire de Valenciennes, également ministre de la Ville et de l'Emploi de Jacques Chirac, remplacerait François Quentin, qui a quitté son poste en décembre 2018. M. Borloo est depuis 2015 à la tête de sa fondation Energies pour l'Afrique qui vise à électrifier le continent.
Le procès-verbal mentionne également que le directeur général de la filiale française de Huawei, Weilang Shi, en devient le président.
Huawei est actuellement en pleine tourmente, ses équipements étant soupçonnés de permettre à Pékin d'espionner les communications des pays qui les utiliseraient, des accusations que l'entreprise chinoise rejette catégoriquement.
Les États-Unis ont exclu Huawei du déploiement de la 5G sur leur sol et interdit aux administrations l'achat de ses produits et services. Ils tentent depuis de convaincre leurs alliés occidentaux d'en faire autant.
Lundi, une responsable du ministère de l'Economie a cependant indiqué que la France n'avait "rien de précis à reprocher" à Huawei.
Mercredi, le Sénat a adopté à main levée, en première lecture, une proposition de loi LREM visant à sécuriser le futur déploiement de la 5G, sans viser un équipementier en particulier.