Il veut répondre à l’urgence. Mais ça attendra une semaine. Alors que les soignants sont dans la rue face à la crise de moyens que connaît l’hôpital public, Emmanuel Macron a décidé de prendre la parole « de façon solennelle ». Le chef de l’Etat veut « répondre très concrètement à l’urgence à laquelle nous faisons face » à l’hôpital public, a-t-il dit depuis Epernay (Marne), assurant avoir « entendu la colère et l'indignation ». Reconnaissant que « le plan mis en œuvre (par le gouvernement) ne va pas assez vite », il défend néanmoins les mesures prises, il y a un an, et le premier plan pour les urgences, d’un montant de 750 millions d’euros, présenté à la rentrée par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Mais aujourd’hui, ce n’est pas assez.
« Un plan conséquent »
Une nouvelle salve de mesures va donc être annoncée. Mais il faudra attendre… la semaine prochaine. « J’ai demandé au gouvernement, à la ministre de la Santé, de travailler avec vigueur pour un plan d’action renforcé et des décisions fortes seront annoncées par le premier ministre mercredi prochain, après le Conseil des ministres » a annoncé le chef de l’Etat. A Edouard Philippe de « donner les montants, l’ampleur, les modalités techniques et le calendrier. Ce sera un plan conséquent, qui engagera jusqu’à la fin du quinquennat ».
Il faut assumer à court terme un investissement plus fort, plus massif, pour notre santé » a insisté Emmanuel Macron, sans donner de chiffre. Il évoque la possibilité de « recruter », une demande des manifestants, ou « d’investir dans l’outil de travail ». Il souhaite un « budget sur plusieurs années », qui « permettra aussi d’accélérer les réorganisations qui ont commencé et qui sont nécessaires ». Pas sûr que ce dernier point plaise à tous les manifestants.
Macron cherche à éteindre la colère alors que les fronts sociaux se multiplient
Des annonces qui viendront mercredi, soit le lendemain du vote du budget de la Sécu, et donc de l’hôpital, par les sénateurs… qui apprécient peu et le font savoir. Apprenant la nouvelle, ils ont suspendu la séance cet après-midi. Fait rare, ils se sont montrés solidaires des manifestants, en recevant ce mercredi, en commission des affaires sociales, une délégation du collectif inter-hôpitaux.
La politique est aussi une affaire de timing. Et Emmanuel Macron, en prenant la parole le jour même d’une manifestation, montre un changement d’attitude qu’on ne connaissait pas chez un Président qui se refuse, habituellement, à répondre sous la pression. Il cherche ainsi à éteindre la colère des soignants, alors que les fronts sociaux se multiplient, quasi-pile un an après le commencement de la crise des gilets jaunes. L’exécutif sait bien qu’il n’est pas à l’abri d’un nouvel embrasement social. Les braises sont encore chaudes et les étincelles sont partout.