Jamais mieux servi que par soi-même. François Hollande débattra pendant deux heures jeudi à l'invitation de la Fondation Jean-Jaurès pour dresser "l'inventaire" de son propre quinquennat, que les Français commencent selon lui à réévaluer à la hausse.
Le débat aura lieu de 18H30 à 20H30 à la Maison de la Chimie devant environ 450 personnes, parmi lesquelles les anciens ministres Michel Sapin ou François Lamy.
L'ancien chef de l’État discutera avec Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation, Daniel Cohen, président de son Conseil d'orientation scientifique, Anne Muxel, directrice de recherches en science politique au Centre de recherches politiques de Sciences-Po (Cevipof), et Alain Bergounioux, historien, administrateur de la Fondation et coordinateur de son rapport "Inventaire du quinquennat", en préparation.
Lancé en janvier, ce travail doit aboutir en octobre à la rédaction d'un rapport pour lequel "au moins 80 personnes" -experts et acteurs du quinquennat- auront été auditionnées, selon M. Bergounioux. Une entreprise "inédite", que justifie selon lui la situation dramatique du PS.
Ce travail est distinct de celui effectué par le Parti socialiste, qui lancera lui aussi samedi à l'occasion d'un Conseil national son "chantier" sur le bilan des années 2012-2017.
Le premier secrétaire du PS Olivier Faure ne sera pas présent jeudi à la Maison de la Chimie. "Il y a une distance symbolique à maintenir", souligne le député de Seine-et-Marne. "Il s'agit de dire que nous avons une parole qui sera distincte. On ne peut pas résumer l'inventaire à ce que dira François Hollande", poursuit-il.
- Pas de "nostalgie" -
Pour l'ancien président de la République, qui a publié en avril ses "Leçons du pouvoir" et écume depuis avec un certain succès les librairies, ce sera une occasion supplémentaire de défendre son action à la tête de l’État -en public, comme il l'a souhaité.
Une action dont l'ancien président veut croire qu'elle est en passe d'être réhabilitée aux yeux des Français. "Ce qui transparaît à travers toutes les dédicaces qu'il fait, c'est que les socialistes auraient avantage à s'appuyer sur ce qu'il a réalisé", affirme son entourage.
"Parce que ce qui fait le succès de ces séances, c'est l'expression d'un lien qui s'est établi avec les Français, personnel c'est vrai. Mais aussi le sentiment que les réformes ou les actions qu'il a menées ont correspondu à des progrès", poursuit cette source. A fortiori en "comparaison" avec l'action d'Emmanuel Macron, pense-t-elle.
"Dans la comparaison il y a une forme de réhabilitation", convient un ténor du Parti socialiste.
Pour le sondeur Frédéric Dabi (Ifop), les choses ne sont pas si simples. "Dans les enquêtes quantitatives que nous effectuons, François Hollande est assis sur un socle de 39% de bonnes opinions, à un point de Nicolas Sarkozy et deux d'Anne Hidalgo".
"Mais dans les enquêtes qualitatives que nous effectuons, je ne constate pas de bienveillance, de nostalgie ou de relecture positive a posteriori de son bilan (...) Le temps de la comparaison à l'avantage de François Hollande n'est pas venu", tranche-t-il. Les Français apprécient au contraire qu'Emmanuel Macron "fasse plus président" que François Hollande, souligne-t-il.
Pour un membre du gouvernement, François Hollande se méprend sur la signification de l'affluence à ses dédicaces, comme l'avait fait en son temps son prédécesseur. "Il reproduit l'erreur de Nicolas Sarkozy, qui a confondu les files d'attente en librairie avec les votes à la primaire !", raille cette source.