François Hollande se montre critique vis-à-vis de la politique de "ruptures" menée par son successeur Emmanuel Macron, dans un entretien à l'Obs, jugeant que "la plus évidente concerne la justice fiscale", et le met en garde contre un excès de confiance.
Selon l'ancien président socialiste, qui publie mercredi "Les Leçons du pouvoir" (Stock), "l'idée la plus contestable" du début de quinquennat d'Emmanuel Macron "c’est de penser qu’il faut faire différemment du passé". Passé "dont il a d’ailleurs été acteur", glisse François Hollande à propos de son ancien conseiller puis ministre de l’Économie.
"Toute présidence est faite de continuités et de ruptures. Aujourd’hui, il préfère les secondes aux premières", tance-t-il, jugeant que "la rupture la plus évidente concerne la justice fiscale" et que le gouvernement d’Édouard Philippe "creuse" les inégalités.
"Aujourd’hui ce sont les très riches qui bénéficient de la croissance et des faveurs fiscales. La question des inégalités va devenir criante, ici comme partout dans le monde", affirme-t-il.
L'ancien président tacle aussi la méthode de son successeur sur les réformes sociales en cours: "Mon expérience m’a prouvé que chaque fois que j’ai pu engager une concertation et négocier, j’ai réussi à réformer. Chaque fois que j’ai voulu aller trop vite ou trop brutalement, je n’ai pas été compris. La négociation prend plus de temps, mais elle produit des résultats plus solides".
Se référant encore à sa propre expérience, François Hollande met en garde Emmanuel Macron contre un excès d'assurance, en particulier à l'international. "Tout président pense qu’il peut, par son intelligence, se jouer des forces qui sont à l’oeuvre. C’est une qualité dont il ne faut pas surestimer l’importance. Discuter avec Vladimir Poutine est nécessaire. Mais la diplomatie la plus subtile trouve vite sa limite, quand elle ne s’appuie pas sur un rapport de force".
Pour l'ancien chef de l’État, Emmanuel Macron "ne s’est jamais inscrit dans l’histoire ni dans la culture de la social-démocratie. Il ne mène donc pas une politique qui s’en inspire".
François Hollande revendique également le bilan de son quinquennat, avec "une économie assainie et revigorée". "Un président travaille toujours pour son successeur et il hérite de son prédécesseur", lance-t-il, assurant avoir "laissé la France à Emmanuel Macron dans une situation meilleure que celle (qu'il) avai(t) trouvée".