Hier applaudi, aujourd’hui klaxonné : ce chauffeur routier dénonce « 3 mois d’hypocrisie »

Hier applaudi, aujourd’hui klaxonné : ce chauffeur routier dénonce « 3 mois d’hypocrisie »

« Ça n’a été que trois longs mois d’hypocrisie ». Exaspéré par le décalage entre les appels à continuer de travailler pendant la crise du Covid-19 et la perception dégradée de son métier le calme revenu, le chauffeur routier Anthony Moretto livre un constat amer sur la période de confinement. Invité à témoigner dans l’émission Dialogue Citoyen il dénonce « la déconnexion » de la classe politique.
Public Sénat

Par Arthur Bamas

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Anthony Moretto fait partie de ses travailleurs qui, en était « sur le front » pendant toute la période de confinement, de ceux et celles qui ont permis de maintenir le pays à flot. Mais pour lui, ce sacrifice s’est doublé d’une « hypocrisie » généralisée.

 

 

« Alors que tout le monde se confinait, on nous a demandé de rouler à l’autre bout de l’Europe »

« Alors que tout le monde se confinait, on nous a demandé de rouler à l’autre bout de l’Europe, sans se soucier de notre propre sécurité ». Ces quelques mots résument bien le sentiment du routier. Pour lui d’un côté, les pouvoirs publics encourageaient à respecter les gestes barrières, à soutenir les travailleurs en première et en deuxième ligne face au virus. De l’autre, ces mêmes travailleurs étaient engagés dans une course à la productivité au mépris parfois des règles de sécurité.

Envoyés aux quatre coins de l’Europe, parfois au plus près des foyers de contamination, les chauffeurs routiers ont effectivement été forcés de composer avec la fermeture des restaurants et sanitaires d’autoroute, et autorisé à dépasser les temps de conduite habituel afin de livrer plus rapidement. Alors quand des applaudissements retentissent, ou que des panneaux d’autoroute appellent à faire preuve « solidarité », Anthony Moretto n’y voit que des paroles en l’air.

 

« Il faut mettre fin à la déconnexion des élus »

Après avoir fait part de sa situation, le patron-chauffeur s’adresse directement aux deux sénatrices présentes sur le plateau : « Honnêtement, je n’attends plus grand chose des élus. Vous êtes tellement déconnectés de nos réalités qu’il vous est impossible de prendre des actions concrètes » lance t-il, agacé.

 

Un sentiment partagé par Véronique Guillotin. Pendant le confinement la sénatrice RDSE de Meurthe-et-Moselle a elle-même repris sa « blouse blanche de médecin » et s’est rendue compte que on est vite « déconnectée si on reste dans ses fonctions entre sa circonscription et Paris » avant d’ajouter « vous avez été en deuxième rideau, et pourtant vous n’avez bénéficié que de très peu de reconnaissance. Je pense comme vous qu’il faut mettre fin à cette déconnexion de la classe politique ».

Dans la même thématique

Hier applaudi, aujourd’hui klaxonné : ce chauffeur routier dénonce « 3 mois d’hypocrisie »
3min

Politique

Réforme des retraites : « On donne la main à 100 % aux partenaires sociaux », assure Aurore Bergé 

Invitée de la matinale de Public Sénat, la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, est revenue sur l’ouverture de négociations sur la réforme des retraites. Alors que le parti socialiste menace toujours de voter la censure, le Premier ministre pourrait livrer des précisions durant sa déclaration de politique générale au Sénat.

Le

Bayrou dossier ok
9min

Politique

Discours de politique générale de François Bayrou : « Si c’est un jeu de dupes, on censurera », prévient Patrick Kanner

Malgré une avancée sur les retraites, avec un retour à la table des discussions avec les partenaires sociaux, « le compte n’y est pas » pour une bonne partie des socialistes, après le discours de politique générale de François Bayrou. Pourtant, « il y avait un accord » avec les ministres, confie le patron des sénateurs PS, Patrick Kanner. Mais le premier ministre s’est montré peu précis, voire maladroit, pour donner le change au PS.

Le