Malgré une avancée sur les retraites, avec un retour à la table des discussions avec les partenaires sociaux, « le compte n’y est pas » pour une bonne partie des socialistes, après le discours de politique générale de François Bayrou. Pourtant, « il y avait un accord » avec les ministres, confie le patron des sénateurs PS, Patrick Kanner. Mais le premier ministre s’est montré peu précis, voire maladroit, pour donner le change au PS.
Hervé Marseille : « Aujourd’hui, le Parlement n’a quasiment plus de pouvoir »
Par Laure-Anne Elkabbach
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Mercredi en Conseil des ministres, le gouvernement a présenté un projet de loi sur la fin de l’état d’urgence sanitaire le 10 juillet prochain, maintenant des restrictions pendant 4 mois. Interrogé sur le sujet dans la matinale de Public Sénat, le président du groupe Union centriste Hervé Marseille, trouve « superfétatoire » ce projet de loi : « Le texte est très ambigu. Il permet de prendre toute sorte de mesures. Il y a d’ailleurs des professeurs de droit qui se sont exprimés pour dire : « Tout ça c’est pour permettre au gouvernement de prendre des mesures fortes contre les manifestations, vis-à-vis des libertés publiques (…) Le Sénat le pense fortement. Et je pense que ce texte n’a pas vocation à demeurer parce qu’il y a déjà tout ce qu’il faut dans l’arsenal juridique ».
Le sénateur des Hauts-de-Seine est persuadé qu’il faut renforcer le rôle de contrôle du Parlement. « Aujourd’hui, il n’a quasiment plus de pouvoir. Aujourd’hui, on ne vit que par des ordonnances (…) Le Conseil constitutionnel vient de décider (…) qu’il n’y avait même plus besoin de ratifier les ordonnances. Il y avait force de loi même quand elles ne revenaient pas devant le Parlement (…) C’est quelque chose de considérable (…) C’est un coup dur pour la démocratie et pour le Parlement ».
Violences policières
Également interrogé sur la polémique autour des violences policières, Hervé Marseille y voit « beaucoup d’amalgames » : « Les policiers français ont été mis à forte contribution ces dernières années avec la crise des « gilets jaunes » avec toutes les grèves à répétition, avec tous les défilés à Paris. Il y a eu beaucoup de violence. Qu’il y ait eu des violences policières, à l’évidence il y en a eu quelques-unes. Il faut les sanctionner. Mais de là, à dire que la police est raciste, je crois qu’une fois de plus on passe d’un excès à l’autre. On ne peut pas un jour applaudir les policiers et le lendemain les traiter de tous les noms parce que quelques-uns d’entre eux auraient fauté. »
Alors que le président de la République va s’exprimer sur le sujet dimanche prochain, le sénateur des Hauts-de-Seine estime que celui-ci « doit surtout donner un nouveau cap » et « soutenir la police et la gendarmerie » : « Il est temps qu’on sache où l’on est et où l’on va (…), on est en pleine confusion ».
Commission d’enquête interne
Pour Hervé Marseille, « il y a un côté surréaliste » à ce que le gouvernement crée « sa propre commission d’enquête interne » sur la gestion de la crise du covid-19 : « Il y a une commission à l’Assemblée, il y a une commission au Sénat. Qu’on laisse travailler. Surtout que l’état d’esprit au Sénat, ce n’est pas d’aller chercher querelle au gouvernement. C’est d’essayer de comprendre comment la crise a été gérée (…) Qu’on comprenne comment ça peut marcher une prochaine fois parce que malheureusement il y aura une prochaine fois ». « On ne peut pas s’autoévaluer pour s’exonérer de tout reproche ».
Municipales
Lorsqu’il aborde la question des élections municipales, Hervé Marseille n’est pas tendre avec le parti d’Emmanuel Macron : « La République en marche, le parti présidentiel, a subi un échec cinglant. Il n’y a pas une ville ou LREM a un succès (…) La République en marche, ce n’est pas un parti. Ce n’est pas organisé. C’est un peu tout et n’importe quoi. Il y a des alliances dans tous les sens ».