Hamon et Hollande font le bilan, calmement

Hamon et Hollande font le bilan, calmement

« On connaît les désaccords que nous avons pu avoir, mais l’essentiel est de me tourner vers l’avenir » a souligné Benoît Hamon après sa rencontre avec François Hollande à l’Elysée. Les deux hommes ont évoqué l’Europe et le climat, sans officiellement s’étendre sur les sujets qui fâchent.
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L’image n’est pas anodine : Benoît Hamon qui descend les marches du perron de l’Elysée. La démarche n’est pas encore totalement assurée. Comme si le vainqueur de la primaire n’était pas encore complètement à l’aise dans son nouveau costume de représentant du Parti socialise à la présidentielle.

Pendant près d’une heure, Benoît Hamon s’est entretenu avec François Hollande. Des retrouvailles baroques entre celui qui a renoncé à se présenter et son ancien ministre, qui a combattu la loi travail et a signé une motion de défiance pour faire tomber le gouvernement Valls.

Renforcer la stature présidentielle de Hamon

Sur le papier, la rencontre n’est pas évidente. Benoit Hamon n’a eu de cesse de critiquer le bilan du chef de l’Etat. Le Président attend justement une défense de son action. Equation intenable ? « On a parlé de ça, mais l’important est de se tourner vers l’avenir » élude Benoît Hamon depuis la cour de l’Elysée, après la rencontre. « On connaît les désaccords que nous avons pu avoir, mais l’essentiel est de me tourner vers l’avenir. Les sujets que portent les Français sur le travail, l’air qu’on respire, ce qu’on mange, la santé, le vieillissement, les personne âgés quand elles sont dépendantes, (…) beaucoup de sujets que je veux mettre au cœur de la campagne présidentielle » explique le candidat. Il évoque « un entretien riche ».

Cette rencontre, si elle n’a sûrement pas permis de les mettre d’accord sur tout, permet à Benoît Hamon de renforcer sa stature présidentielle et prendre de la hauteur. « Nous avons parlé des grands sujets » dit-il : Europe, international. « Je défends un principe de traité de l’énergie, il faut penser un nouveau traité budgétaire européen » souligne le socialiste. La question climatique, la COP 21 et la position de Donald Trump étaient au programme aussi. « Autour de ces questions, nous avons eu un échange très important, très intéressant. Le Président est aujourd’hui en première ligne sur ces questions. Ça a fait le cœur de notre échange » insiste Benoît Hamon. Manière de donner un bon point à François Hollande et de montrer un signe de bonne volonté.

Hamon tiraillé entre le rassemblement du PS et celui plus large de la gauche

Plutôt parler de ce qui rassemble que de ce qui divise. C’est l’enjeu pour Benoît Hamon, tiraillé entre le rassemblement du PS et celui plus large de la gauche. Pour l’heure, le principe de réalité prévaut. Les défections vers Macron se font pour le moment au compte goute depuis le résultat de dimanche dernier. La maison Solférino tient encore, malgré les lézardes.

« Si Hamon remportait la primaire, on nous annonçait un raz-de-marée vers Macron. Aujourd’hui, Hamon a gagné et j’observe qu’il n’y a pas de raz-de-marée chez Macron » nous glissait mardi un ministre (voir notre article). Un autre socialiste évoque « un atterrissage collectif en douceur auquel on ne s’attendait pas ». « J’ai été ministre dans son gouvernement, j’appartiens à la même famille politique que lui » rappelle Benoît Hamon, qui joue l’apaisement.

« De toute façon, Hamon sortira de son bureau sans savoir ce qu’il pense… »

Si François Hollande a reçu Benoît Hamon, il ne faut pas encore y voir pour autant un soutien, encore moins un adoubement. « François Hollande devra choisir entre la fidélité à sa ligne, ou l’unité, sa famille politique » explique à publicsenat.fr un socialiste qui le côtoie. « De toute façon, Hamon sortira de son bureau sans savoir ce qu’il pense… » La fidélité à la ligne, c’est Emmanuel Macron. La famille, c’est Benoît Hamon. Mais la famille est loin d’être unie derrière son candidat. Plusieurs ténors du PS ne pourront, comme par miracle, être présents dimanche, lors du discours d’investiture du candidat à la Mutualité…

Benoît Hamon, qui a tendu la main à Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot dès le soir de sa victoire, a déjà rencontré le candidat d’EELV mardi. Ce matin, il a vu le candidat du MRC Bastien Faudot. Et le candidat de la France Insoumise ou Pierre Laurent, patron du PCF, sont prêts à le voir, même si les discussions s’annonce compliquées avec Jean-Luc Mélenchon. Entre ses alliés potentiels de gauche et la famille socialiste, le grand écart guette Benoît Hamon. Mais il entend garder sa ligne, ou presque. « Il n’y a pas de passage de témoin mais la volonté d’échanger autour des axes de ma campagne, qui seront dans la continuité de ce que j’ai défendu. J’ai proposé un cap,  que je maintiendrai » prévient Benoît Hamon, tout en étant prêt à « l’enrichir de toutes les discussions ». Y compris avec le chef de l’Etat.

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