Guyane: Macron refuse de céder aux « pressions » et aux « promesses »

Guyane: Macron refuse de céder aux « pressions » et aux « promesses »

Lors d’une conférence de presse, Emmanuel Macron a détaillé le suivi des engagements de l’État en faveur de la Guyane et est revenu sur les affrontements de la nuit dernière dans les rues de Cayenne.
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Par Simon Barbarit avec l'AFP

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« La parole de l’État sera tenue » a d’abord assuré le chef de l’État en référence à l’Accord de Guyane conclu par le gouvernement précédent en avril dernier après des semaines de mouvement social.

Devant la presse, Emmanuel Macron a précisé que l' « intégralité des deux premiers volets » des accords « seront appliqués » : le plan d’urgence de 1,08 milliard d'euros et les mesures sectorielles dont « les deux tiers sont déjà engagés ». S'agissant de « la demande complémentaire » formulée au printemps par le collectif Pou Lagwiyann dékolé (Pour que la Guyane décolle), de 2,1 milliards, « il y avait un engagement (du gouvernement précédent) à étudier les propositions qui sont faites et j'ai réitéré hier cet engagement à étudier » a expliqué le Président.

Mais, a-t-il ajouté quelques heures après des heurts entre manifestants et forces de l'ordre, « le rôle de l'État » n'est pas de « céder à des pressions, quelles qu'elles soient, en particulier lorsqu'elles n'ont pas la légitimité démocratique ».

« La République ne cède pas aux gens qui sont en cagoule »

Le Président a ainsi réagi au cours d'une conférence de presse à Cayenne aux manifestations organisées jeudi, au premier jour de sa visite, par le collectif Pou Lagwiyann dékolé (Pour que la Guyane décolle). Celles-ci ont dégénéré en incidents qui ont duré plusieurs heures dans la nuit. « Je ne me laisserai pas dicter des exigences de sécurité par ceux  qui créent eux-mêmes de l’insécurité » (…) « La République ne cède pas aux gens qui sont en cagoule » a-t-il prévenu en référence aux  « 500 frères » devenus « Grands frères », un collectif cagoulé qui s’est créé pour protester contre les violences et l’insécurité.

Cinq personnes ont été interpellées tandis qu'un gendarme mobile et un policier ont été légèrement blessés au cours des heurts dans le centre de la principale ville de Guyane.

Sur ce sujet, le président de la République a donc  annoncé que l'envoi de « renforts » de forces de sécurité en Guyane serait « accéléré ». Emmanuel Macron a ainsi indiqué que « 90 gendarmes seront déployés dès 2018 ». En outre, « entre mai 2016 et septembre 2017, 84 policiers et adjoints de sécurité supplémentaires ont été affectés en Guyane » et « 22 nouveaux seront affectés d'ici à février prochain », a-t-il ajouté.

« Ce que j’ai dit hier n’a pas provoqué la colère. La colère est là depuis des années »

« Je ne suis pas le Père Noël parce que les Guyanais ne sont pas des enfants », avait averti M. Macron au cours de la première étape de sa visite, à Maripasoula (sud-ouest, à la frontière fluviale du Surinam) (voir notre article). Une remarque qui provoqué la colère de plusieurs manifestants ce dont s’est défendu le chef de l’État.  « Ce que j’ai dit hier n’a pas provoqué la colère. La colère est là depuis des années ».

« La Guyane comme l’ensemble des départements d’Outre-mer valent mieux que des promesses et valent mieux que de céder à des pressions d’intel ou d’intel » a-t-il conclu.

Le chef de l'État, accompagné dans son déplacement par le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et plusieurs ministres, est attendu dans la matinée au Centre spatial de Kourou, vitrine de l'économie guyanaise et symbole d'inégalités sociales alors que d'autres communes n'ont ni électricité ni eau courante.

 

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