Les négociations visant à sortir la Guyane française de dix jours de conflit social, après avoir démarré dans une ambiance tendue, sont reparties du bon pied vendredi après les "excuses" adressées par une ministre au peuple guyanais.
Le contraste avec la journée de jeudi ne pouvait être plus saisissant. Des centaines de personnes avaient alors bravé des heures durant une pluie battante pour hurler leur méfiance et leur "détermination" face à la préfecture de la Guyane, où la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts et le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl ont reçu dans l'après-midi leurs représentants.
Vendredi matin, un petit rayon de soleil éclairait les visages de quelques dizaines d'Amérindiens vêtus de rouge, certains portant des chapeaux à plumes, d'autres des habits traditionnels, qui étaient calmement rassemblés devant le bâtiment administratif. Les barrages restaient toutefois en place en Guyane et nombre de magasins étaient fermés.
La ministre des Outre-mer Ericka Bareigts parle à la foule réunie devant la préfecture à Cayenne le 30 mars 2017
AFP
"On n'a rien obtenu mais on a purgé de l'émotionnel. On a retrouvé une certaine dignité, un supplément d'âme", a résumé à l'AFP Stéphane Lambert, le président du patronat de Guyane, qui soutient le mouvement.
"Les conditions de la confiance sont là", s'est félicité jeudi soir Matthias Fekl.
Les compagnies aériennes Air France et Air Caraïbes ont toutefois indiqué vendredi à l'AFP qu'elles n'assureront pas leurs vols entre Paris-Orly et Cayenne samedi et dimanche, en raison du conflit social.
Depuis une semaine, un seul vol direct a été assuré jeudi entre la métropole et le département d'outremer. En revanche, les liaisons entre la Guyane et les Antilles restent maintenues.
La ministre des Outre-mer Ericka Bareigts parle à la foule réunie devant la préfecture à Cayenne le 30 mars 2017
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"Au bout de tant d'années, c'est à moi que revient l'honneur de dire, au-delà de ma petite personne, au-delà des fonctions, toutes mes excuses au peuple guyanais", avait lancé jeudi soir Ericka Bareigts au mégaphone depuis le perron de la préfecture de la Guyane, en référence à des années de sous-investissement de Paris dans ce territoire français d'Amérique du Sud.
En contrebas, les centaines de personnes qui avaient manifesté leur méfiance à son égard ont applaudi et poussé des cris de joie.
Ces excuses officielles ont fortement inversé la tendance à Cayenne, la plus grande ville de Guyane, où les deux ministres français sont arrivés mercredi soir dans une ambiance électrique.
lors que la délégation guyanaise a apporté plus de 400 pages de propositions aux deux membres du gouvernement, une "veille ministérielle" a été mise en place à Paris pour "parvenir à des arbitrages" sur les principaux points, a assuré Matthias Fekl, qui compte apporter des réponses au collectif "samedi" au plus tard, a-t-il déclaré.
La Guyane, vaste territoire d'Amérique du Sud (83.000 km2) situé à 7.000 km de Paris,connaît depuis une dizaine de jours un mouvement de contestation d'une ampleur historique, sur fond de revendications sécuritaires, économiques et sociales.
Mardi, ce département a connu "la plus grosse manifestation de son histoire", de l'aveu même de la préfecture, avec près de 15.000 marcheurs sur une population de 250.000 habitants. Les 37 syndicats membres de l'Union des travailleurs guyanais (UTG) avaient voté samedi à la quasi-unanimité la grève générale illimitée qui a commencé lundi.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.