L'ex-judoka Lucie Décosse mène campagne contre l'orpaillage illégal en Guyane, où elle a mené jusqu'à samedi une mission de cinq jours pour l'organisation mondiale de protection de l’environnement WWF.
"Je partais avec l’espoir que les choses se soient améliorées, mais ce n’est semble-t-il pas le cas", a regretté auprès de l’AFP la triple championne du monde et championne olympique de judo face aux fléau de l'orpaillage illégal.
Lucie Décosse était de retour d’une mission WWF de cinq jours dans le Sud de la Guyane, sur le fleuve frontière Maroni, pour alerter sur les impacts de l’orpaillage illégal.
Cette "mission" spéciale sur le fleuve Maroni a été décidée suite à la "hausse très forte" depuis 2016 du nombre de sites illégaux (des galeries souterraines aux mines à ciel ouvert), a expliqué le directeur régional du WWF, Laurent Kelle.
"Je n’avais jamais vu autant de pirogues clandestines. Ça veut dire que pour les trafiquants il y a zéro contrainte", a regretté Mme Décosse, qui déjà avait participé à une mission en 2013.
Dans un courrier remis à Annick Girardin, ministre des Outremer, à la mi-septembre, une dizaine de chefs coutumiers de cette zone ont rappelé l’"urgence".
"Les habitants qui se baignent ont la peau et les yeux irrités par la pollution", avaient témoigné ces représentants de plus de 250 familles, pour qui l’eau du fleuve est aussi vitale que celle du robinet dans le reste de la France.
Les populations veulent la transparence autour des intoxications humaines par le mercure. "Nous exigeons d’obtenir les résultats des prélèvements menés de ces dernières années", exigent les chefs.
Plusieurs enquêtes médicales indépendantes évoquent une atteinte mercurielle bien supérieure aux normes de l’OMS dans la majorité des familles.
Contactée à plusieurs reprises par l’AFP, l’agence régionale de santé refuse tout commentaire. Aucun résultat d’enquête officielle n’est communiqué depuis dix ans.
Lors du déplacement présidentiel d’octobre en Guyane, Emmanuel Macron avait promis une "réorganisation" de la lutte et proposé l’utilisation de drones.
"On n’a pas besoin de high-tech, ce qu’il faut c’est une présence dissuasive. Le dispositif est sous-dimensionné", oppose le WWF.