Groupe centriste du Sénat : jusqu’où soutenir Macron ?

Groupe centriste du Sénat : jusqu’où soutenir Macron ?

Si la majorité du groupe UDI-UC du Sénat voit d’un bon œil Emmanuel Macron, tous ne s’accordent pas sur le niveau de soutien. Certains, comme le Modem Michel Mercier, veulent faire partie de la majorité, d’autres veulent un soutien à la carte. Et les radicaux de droite pourraient quitter le groupe…
Public Sénat

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

Le groupe UDI-UC du Sénat n’échappe pas aux effets de la victoire d’Emmanuel Macron. Les 42 sénateurs du groupe, composé d’UDI et de Modem, vont débattre demain de la ligne à tenir vis-à-vis du nouvel exécutif. Globalement, les centristes du Sénat voient d’un bon œil la nouvelle majorité. Reste à savoir jusqu’où ils sont prêts à soutenir Emmanuel Macron. Le groupe se divise en trois catégories :

Le Modem défend un groupe membre de la majorité présidentielle

Une chose est sûre : les sénateurs les plus proches de la ligne Macron n’iront pas rejoindre le nouveau groupe La République En Marche lancé par François Patriat au Sénat. Comme à l’Assemblée, les Modem du groupe UDI-UC ne comptent pas se fondre dans le groupe LREM. « On est partisan d’un groupe centriste qui est en soutien à la majorité présidentielle, qui vote la confiance » explique Jean-Marie Vanlerenberghe, sénateur du Pas-de-Calais.

« On est dans la majorité présidentielle. Et on entend y rester. Ça se marquera par un vote de la confiance, si le premier ministre le demande au Sénat, et le vote du budget. Apres on amende, on améliore. Ce n’est pas le goulag » explique à publicsenat.fr Michel Mercier, sénateur Modem du Rhône. L’ancien ministre de la Justice a envoyé à une partie de ses collègues une « motion » où il défend un groupe centriste situé pleinement dans la majorité et qui vote la confiance. Le groupe reprendrait pour le coup son ancien nom d’« Union centriste ».

« Le Gouvernement, dans lequel notre groupe est représenté, est composé de femmes et d’hommes issus de parcours politiques différents, associés à des personnalités de la société civile reconnues pour leurs compétences. Cette méthode impulsée par le Président de la République incarne pleinement les valeurs du centre » peut-on lire dans ce courrier dont publicsenat.fr a obtenu copie (voir à la fin de l’article). Parmi les points d’orientation du texte, l’une devrait faire débat au groupe : « Favoriser des alliances de projet avec « La République En Marche » en vue des prochaines échéances électorales ». Soit les sénatoriales de septembre prochain. 

Une position de « clarification » qui peut rejoindre celle de Philippe Bonnecarrère, sénateur membre du groupe UDI-UC. « Je considère que le temps n’est plus à un groupe qui pourrait tantôt dire oui ou tantôt dire non. Il faut dire si on s’inscrit dans la majorité présidentielle ou pas. Je souhaite que le groupe s’inscrive dans un soutien tout en laissant une liberté de vote » explique Philippe Bonnecarrère. Il ajoute : « Si le groupe n’accepte pas qu’on s’inscrive dans la majorité, cela conduirait moi et d’autres collègues à réexaminer notre positionnement ».

Pour un soutien à la carte plus ou moins critique

Autre ligne : un soutien à la carte. Soit une ligne qui rejoint celle défendue par le groupe de l’Assemblée qui rassemble LR « constructifs » comme Thierry Solère et… l’UDI.  « Je suis très constructive » explique ainsi la sénatrice de l’Orne Nathalie Goulet. « Je suis décidée à soutenir le gouvernement à la carte. La loi de moralisation, oui. Le texte sur le terrorisme, ça m’étonnerait. A voir » explique-t-elle. Le sénateur UDI de la Somme, Daniel Dubois, se dit aussi « plutôt constructif » et « plutôt ouvert à un soutien, mais un soutien réfléchi et plutôt au coup par coup. Pas de blanc-seing à toutes les propositions que fera le gouvernement ».

D’autres, comme Hervé Maurey, attendent vraiment de voir pour suivre le train En marche. « Moi j’attends de voir ce que propose Emmanuel Macron. Dire je suis dans la majorité présidentielle alors qu’on n’a pas vu le discours de politique général, en ce qui me concerne, c’est prématuré. Il y aura des textes que je voterai, et d’autres que je ne voterai pas ». Il pointe du doigt le « très mauvais signal envoyé par Emmanuel Macron, avec l’absence de tout ministre ou secrétaire d’Etat UDI dans le gouvernement. Ça ne s’interprète pas comme une main tendue de Macron à l’UDI ».

Des sénateurs sont restés jusqu’ici prudents. Il faudra voir ce que dira le président de groupe François Zocchetto, qui avait soutenu François Fillon, et s’il restera à la tête du groupe. « Ce n’est pas un lavage de cerveau, mais une présidentielle suivie d’une législative, ça modifie la perception des choses pour certains » pense un sénateur du groupe.

Les Radicaux de droite pourraient rejoindre les radicaux de gauche du RDSE

Il existe une troisième voie : un départ du groupe des sénateurs du Parti radical valoisien, soit les radicaux de droite membres de l’UDI. Ces sénateurs, qui soutiennent Emmanuel Macron, pourraient décider de rejoindre les radicaux de gauche, rassemblés au sein du groupe RDSE, à la faveur du rapprochement en cours entre les deux familles radicales, séparées depuis 1972 (voir notre article sur le sujet « Les radicaux de gauche et de droite vont refaire "maison commune" avant la fin de l’année »).

« Au Sénat, on regarde si on peut constituer un nouveau groupe avec l’essentiel du groupe RDSE, des radicaux et modérés venant du groupe UDI, voire des Républicain. Ce groupe aurait l’avantage de se déclarer majorité présidentielle, tout en conservant la liberté de vote », explique à publicsenat.fr Jean-Marc Gabouty, actif sur cette tentative de rapprochement. S’« il n’y a pas encore de certitudes », précise-t-il, les choses pourraient être tranchées demain ou d’ici la fin de la semaine. Mais il n’est pas sûr que tous les radicaux franchissent le pas. Outre Jean-Marc Gabouty, les radicaux du groupe UDI-UC sont Christian Namy, Sophie Joissains, Jean-François Longeot, Jean-Claude Luche, Pierre Médevielle, Jean-Marie Bockel et Sophie Goy-Chavent. Au groupe LR, les radicaux sont Alain Chatillon, Daniel Chasseing et Alain Marc.

« Le calendrier » joue aussi dans la décision de chacun. A savoir, les sénatoriales de septembre prochain. Les choses pourraient encore bouger après le renouvellement de la moitié des sénateurs. Ce qui fait dire à Jean-Marc Gabouty que « la bombe à fragmentation de Macron n’a pas complètement terminé ses effets… »

Courrier envoyé par le sénateur Modem Michel Mercier à ses collègues centristes :

Motion mercier groupe UDI-UC

Dans la même thématique

Groupe centriste du Sénat : jusqu’où soutenir Macron ?
3min

Politique

Retraites : « Il y a de la démagogie chez ceux qui expliquent que l’on peut aussi revenir sur la réforme Touraine », alerte Bernard Jomier

Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.

Le

Paris: Weekly session of questions to the government at the french senate
6min

Politique

Budget : les sénateurs écologistes accusent la majorité du Sénat de « lâcher les collectivités »

Alors que la majorité sénatoriale veut réduire l’effort demandé aux collectivités de 5 à 2 milliards d’euros dans le budget, c’est encore trop, aux yeux du groupe écologiste du Sénat. « Il y a un changement de pied de la majorité sénatoriale », pointe le sénateur Thomas Dossus. Avec le groupe PS et communiste, ils vont présenter onze amendements identiques « pour faire front commun ».

Le

Groupe centriste du Sénat : jusqu’où soutenir Macron ?
2min

Politique

Retrait de la plainte de Noël Le Graët : « une décision sage et prudente » réagit Amelie Oudéa-Castera

A quelques jours de l’audience qui devait avoir devant la cour de justice de le République, Noël Le Graët, par la voix de son avocat a annoncé retirer sa plainte pour diffamation contre l’ancienne ministre des Sports. Invitée dans l’émission Sport etc, Amélie Oudéa-Castéra réagit en exclusivité à cette annonce au micro d’Anne-Laure Bonnet.

Le

G7 summit in Borgo Egnazia
6min

Politique

Nomination des commissaires européens : « On constate qu’Ursula von der Leyen ne peut pas se passer du soutien de Giorgia Meloni », note un spécialiste des partis européens 

La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.

Le