Grenelle de l’éducation : Jean-Michel Blanquer attendu sur la revalorisation des salaires

Grenelle de l’éducation : Jean-Michel Blanquer attendu sur la revalorisation des salaires

Le ministre de l’Education nationale a présenté ce mercredi les conclusions du Grenelle de l’Education. Une nouvelle revalorisation salariale de 700 millions d’euros pour enseignants a été annoncée pour l’année à venir. Mais les syndicats regrettent l’abandon de la loi de programmation sur les hausses de salaires et rejettent toute forme de rémunérations basées sur le mérite.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Le ministre devait annoncer une enveloppe de l’ordre 500 millions d’euros pour revaloriser le métier d’enseignant. C’est finalement 700 millions d’euros que Jean-Michel Blanquer a annoncé en fin de journée. Une bonne nouvelle pour les fonctionnaires dont les salaires font partie des plus bas des pays de l’OCDE. Mais l’inquiétude des syndicats d’enseignants porte sur les modalités de cette hausse de salaire. En effet, les ateliers du Grenelle, avaient mis sur la table les pistes de la rémunération au mérite, le recrutement d’enseignants sur la base d’entretiens, l’évolution des règles de mutation, ou encore une progression de carrière accélérée pour ceux qui accepteraient de se former pendant leurs vacances.

Selon le ministre, la ventilation de cette enveloppe de 700 millions sera discutée « au long du mois de juin » avec les organisations syndicales, ainsi que les modalités de mise en oeuvre. « L'ensemble des personnels est concerné par cette enveloppe mais la priorité reste donnée aux débuts de carrière de manière à rendre attractif le métier d'enseignant », ajoute-t-on au ministère.

« La revalorisation doit être la reconnaissance du travail qui est fait aujourd’hui »

« Pour nous, la revalorisation doit être la reconnaissance du travail qui est fait aujourd’hui, de la charge de travail qui s’est alourdie. Et ça ne doit pas rajouter une charge de travail supplémentaire pour pouvoir en bénéficier », prévenait à la mi-journée Frédéric Marchand, secrétaire général de l’Unsa éducation, qui indique qu’un certain nombre de contreparties comme la rémunération annuelle au mérite, ou encore des heures supplémentaires imposées, semble être aujourd’hui des pistes abandonnées.

« Ce serait la fin de l’Education nationale. C’est un grand classique de ce gouvernement qui considère que ça marche mieux dans la fonction publique si on incorpore les règles de management de l’entreprise. Mais en même temps on demande aux enseignants de respecter les valeurs de la République », observe le sénateur communiste, vice-président de la commission de la culture et de l’éducation, Pierre Ouzoulias, qui milite pour une refondation de l’Education nationale « sur des bases républicaines ». « C’est-à-dire l’égalité des droits. La mixité sociale fait partie de l’amélioration de ce métier. Il y a aujourd’hui des établissements de relégation sociale qui font que les conditions de travail des enseignants empirent ».

Pour le vice-président LR de la commission de la culture et de l’éducation, Stéphane Piednoir, l’évaluation des enseignants doit au contraire être revue. « Au bout de 15 ans de carrière, quel que soit l’investissement de l’enseignant, il a déjà la note maximale. C’est un débat qui doit être ouvert. Chaque métier nécessite une remise en question. Les grilles d’évaluation des professeurs ne sont plus adaptées », juge-t-il.

Abandon de la loi de programmation : « Une vraie déception »

Dans le budget 2021, l’exécutif avait déjà consacré 400 millions (500 millions d’euros en année pleine) à la revalorisation des salaires des professeurs. Ses effets se concrétisent ce mois-ci dans le premier et second degré, avec une prime mensuelle de 36 euros net par mois pour des profs ayant entre onze et quinze ans d’ancienneté et jusqu’à 100 euros net mensuels pour les nouveaux titulaires. Mais ces revalorisations étaient censées se poursuivre année après année, dans le cadre d’une loi de programmation pour atteindre environ 10 milliards à l’horizon 2037 et toucher l’ensemble du corps enseignant. Une piste qui est désormais abandonnée. « On a une vraie déception […] C’est quelque chose qui permettait d’ancrer une revalorisation sur plusieurs années », regrette Frédéric Marchand.

Même sentiment du côté de Stéphane Piednoir pour qui cette loi de programmation aurait fixé un cadre, avec des objectifs chiffrés comme ce que nous avons déjà voté pour la recherche ou la défense ».

« Ça aurait été de la monnaie de singe de toute façon », tempère Pierre Ouzoulias qui rappelle le principe constitutionnel de l’annualité du budget. « On sait très bien que les objectifs des lois de programmation ne sont pas toujours respectés et que les gouvernements suivants ne sont pas tenus par ces engagements ».

Pour le sénateur communiste, « Jean-Michel Blanquer a beaucoup à se faire pardonner auprès de l’électorat enseignant. La valorisation du métier ça passe aussi par le rapport à la classe, la capacité à innover. Mais pour ça il faut de la confiance et une liberté pédagogique. Jean-Michel Blanquer a eu de ce côté-là une gestion ultra-autoritaire comme en témoigne un sondage catastrophique qui vient de sortir », pointe-t-il.

Dans l’édition 2021 du Baromètre Unsa, le ministre ne trouve que 8 % de soutiens chez les professeurs des écoles, 6 % chez les enseignants du deuxième degré. Un inspecteur et un personnel de direction sur quatre seulement partage les vues.

 

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

Grenelle de l’éducation : Jean-Michel Blanquer attendu sur la revalorisation des salaires
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

Grenelle de l’éducation : Jean-Michel Blanquer attendu sur la revalorisation des salaires
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le