Gratuité du masque à l’école : ce gouvernement « joue petit bras » estime le sénateur Patrick Kanner

Gratuité du masque à l’école : ce gouvernement « joue petit bras » estime le sénateur Patrick Kanner

À l’issue d'un conseil de défense sanitaire de 3 heures, ce mardi 25 août, le gouvernement et le président Emmanuel Macron ont confirmé que les masques seront obligatoires à l'école, mais qu'ils ne seront pas distribués gratuitement. Une décision qui provoque l'ire de l'opposition. « À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles », estime le président du groupe socialiste au Sénat.
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Par M. P. avec AFP

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Trois heures de réunion plus tard... Emmanuel Macron a finalement affirmé, ce mardi 25 août, que des « règles claires » seraient instaurées « partout » en France pour faire face à la reprise de l'épidémie de Covid-19 et « permettre à chacun de reprendre confiance ».

Lors d'un conseil de défense sanitaire, le président et les ministres ont notamment fait le point sur les protocoles sanitaires, alors que le port du masque sera obligatoire dans les entreprises, les collèges et les lycées à partir du 1er septembre.

Ces propos sont très graves

Mais la polémique enfle déjà. Plusieurs dirigeants de l'opposition ont de nouveau réclamé aujourd'hui la distribution gratuite de masques dans les établissements scolaires. Jean-Michel Blanquer avait annoncé vendredi qu'ils pourraient être remis gratuitement aux familles « en grande difficulté » mais que, pour le reste, ils faisaient partie « des fournitures de rentrée ».

« Ces propos sont très graves. Nous sommes en situation exceptionnelle, il faut des réponses exceptionnelles : masques gratuits pour tous les élèves de la 6e au Bac ! », s'emporte ainsi le sénateur socialiste Patrick Kanner.

Pour lui, « ce gouvernement persiste et signe dans l’erreur, dans une forme de cynisme de la part d’un exécutif qui a trompé tout un pays, pendant des semaines, sur l’opportunité du port du masque, en disant que ce n'était pas utile, voire dangereux. Et maintenant qu'il l’impose à l’ensemble de la population, de manière tout à fait juste, il ne se donne pas les moyens alors que le masque est pour l'heure le dernier rempart efficace contre l’épidémie. »

Ce n'est pas le moment de chipoter

Selon l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, une famille avec deux enfants devra compter 100 euros par mois pour s’équiper en masques jetables, tandis que l’Association nationale des consommateurs et usagers, évoque, elle, un budget de 228 euros pour « une famille de taille moyenne ».

Sur ces chiffres, la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier Runacher, interrogée ce matin sur Cnews, a dit s’inscrire en faux. Pour elle, un masque en tissu coûte 10 centimes d’euros [ce coût correspondant probablement au prix d’achat divisé par le nombre de lavages, même si elle ne l’a pas précisé], et un masque jetable 35 centimes.

« Ce n'est pas le moment de chipoter », poursuit le président du groupe socialiste au Sénat, qui souligne les risques sanitaires d'une telle décision : « Les enfants risquent de réutiliser des masques inefficaces à outrance. Cette décision est économique, et ne repose en rien sur la responsabilité des familles. Ce gouvernement "joue petit bras" au regard des milliards d’euros de "ruissellement" de la dette publique. »

Il est encore temps de prendre une décision intelligente

Face aux responsables de collectivités qui envisagent de fournir eux-mêmes des masques aux écoles, comme Carole Delga, présidente PS d'Occitanie, qui a annoncé qu'elle fournirait « gratuitement deux masques en tissu, par mois et par lycéen » car c'est « du devoir de l'État » - une mesure qui coûtera 500 000 euros par mois -, Patrick Kanner estime que « les collectivités se retrouvent à devoir financer une obligation d’État, c’est à l’État d’apporter une réponse, pas aux collectivités. Il y aura forcément des injustices face au service public », insiste-t-il.

Enfin, il s'inquiète du risque d’avoir des enfants sans masque à la rentrée, « à qui l'on fermera les portes de l’école ». Et de conclure : « Le Sénat est une assemblée des sages. Il serait sage de revenir sur cette décision. Je conseille donc au gouvernement de faire marche arrière. La rentrée est le 1er septembre, il est encore temps de prendre une décision intelligente. »

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