Emmanuel Macron a condamné lundi soir "le nihilisme de la violence" de ceux qui selon lui "ont perverti" le mouvement des "gilets jaunes", ainsi que "les voix qui se taisent et deviennent complices", après les violences de samedi lors du premier anniversaire du mouvement.
"Lorsque la haine s'abat et qu'au nom d'idéaux la destruction se joue dans la rue, trop de voix se taisent et deviennent alors complices, trop de voix laissent confondre des idéaux avec le nihilisme de la violence", a-t-il dit, sans plus de précision, lors d'une remise de décoration à l'ex-dirigeant communiste Robert Hue.
Il a en revanche loué la "fraternité sur les ronds-points" au début du mouvement, en décorant cette fois le président de l'Association des maires ruraux de France, Vanik Berbérian.
Évoquant "la colère drapée dans le jaune de la détresse", il a salué un ami qui a su percevoir "l'aspiration française de nos concitoyens à la communauté" dans "ce mouvement spontané".
"Au-delà des revendications où nous devons apporter des réponses, les Français en sortant de chez eux, en se réunissant sur les ronds-points, ont retrouvé en bien des endroits la chaleur des liens, la fraternité, l'entraide". Même si "d'aucun ont perverti cela et recherchent l'anomie, la violence", a dit le chef de l’État à Vanik Berbérian.
Dimanche, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye avait déploré que le mouvement des "gilets jaunes" soit depuis plusieurs mois "gangrené par des ultras" de l'extrême gauche.
Le numéro 2 de la France Insoumise Adrien Quatennens a lui déploré "un désordre sinon organisé, au moins maintenu" par le gouvernement qui a conduit, selon lui, aux violences samedi à Paris.
Le vice-président du Rassemblement national Jordan Bardella, a lui dénoncé un gouvernement qui "laisse les milices d'extrême gauche pourrir le mouvement des +gilets jaunes+", réclamant leur "dissolution".
Avant d'ouvrir mardi le Congrès des maires de France, Emmanuel Macron décorait lundi soir quatre hommes politiques de tous bords qui l'ont soutenu, avec pour point commun leur mandat de maire allant de 19 à 32 ans: le communiste Robert Hue, les centristes Jean Arthuis et Vanik Berberian et l'ex-socialiste Dominique Baert.
Emmanuel Macron décore (de G à D) de la Légion d'Honneur Robert Hue, à l'Elysée le 18 novembre 2019
POOL/AFP
C'est à Robert Hue qu'il a réservé son plus vibrant hommage, évoquant avec transport un communisme français bercé par Jean Ferrat et Aragon sans céder au "mirage soviétique".
"Nous manquons de dirigeants comme vous aujourd'hui", lui a-t-il lancé, le félicitant d'avoir "mené toute les luttes en ayant chevillé au corps ce qu'implique la République, la lutte contre la haine, le refus de la violence".
"Vous vous êtes rendu compte plus tôt que la plupart d'entre nous que le manège des partis (...) tournait à vide". "En 2014, dans votre livre, vous disiez +les partis vont mourir et il ne le savent pas+", a relevé le chef de l’État.
En 2002, vous avez vu ceux qui dans "l'électorat populaire se détournaient du communisme pour donner leur voix au Font national, apporter leur suffrage à un candidat d'extrême droite négationniste, et vous l'avez dénoncé", a-t-il dit.
"Cela a renouvelé votre détermination (...) de dépasser les clivages pour faire front à mes côtés lors de la campagne de 2017", a-t-il ajouté.
Il a également remercié Jean Arthuis, ex-sénateur et ex-député européen, qui a été l'un des premiers hommes politiques français à le soutenir, affirmant devoir beaucoup à sa "capacité de prendre des risques".
Pour la petite histoire, Jean Arthuis avait invité à la réception le compositeur-chanteur Laurent Voulzy dont il a été... le comptable.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.