Gilets jaunes : au moins 20 à 25 millions d’euros de dégâts pour les grandes municipalités

Gilets jaunes : au moins 20 à 25 millions d’euros de dégâts pour les grandes municipalités

L’association France urbaine, qui représente les métropoles et les grandes agglomérations françaises, a commencé à compiler les remontées du terrain, après 13 semaines de manifestations des gilets jaunes dans les centres-villes. Public Sénat donne un premier aperçu de cette addition, qui s’annonce lourde.
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Les élus locaux ont sorti leur calculatrice et ils demandent des comptes à l’État. Depuis le 17 novembre 2018, « acte I » de la mobilisation des gilets jaunes, ce sont 13 samedis de manifestations qui se sont succédé sur tout le territoire, et dans les principales villes du pays. Dans les métropoles, les débordements et les dégradations commises par les casseurs commencent à peser lourd en termes de préjudices financiers.

Certains chiffrages des grandes villes remontent actuellement au niveau de France urbaine, l’une des associations d’élus qui représentent ces territoires. « Plus la journée passe, plus la facture augmente […] Le total atteint en gros 20 à 25 millions », révèle à PublicSenat.fr Olivier Landel, délégué général de France urbaine. Et c'est pour l'heure un tableau incomplet des 20 premières villes françaises.

Les destructions se chiffrent à 5 millions d’euros pour la ville de Toulouse, une quinzaine pour Paris

Le chiffre ne tient compte que des dégâts des infrastructures publiques, celles qui impliquent les collectivités territoriales. Il exclut le préjudice économique des commerçants (dégâts matériels, pertes de chiffre d’affaires, pertes d’emploi). « C’est à la fois les dégradations sur le mobilier urbain, les horodateurs, la voirie qu’il faut remplacer. C’est également les heures supplémentaires des agents, chaque nuit du samedi au dimanche », liste Olivier Landel. Certaines collectivités ajoutent aussi le manque à gagner pour les réseaux de transports en commun, qui doivent interrompre chaque samedi plusieurs lignes.

Pour plusieurs grandes villes, le total de la note à régler par les municipalités avoisine ou dépasse le million d’euros, pour chacune d’entre elles : c’est le cas de Saint-Étienne, de Rennes, de Dijon, ou encore de Rouen. À Toulouse, les chiffres sont encore plus importants : 5 millions d’euros de destructions, sans tenir compte du dernier samedi. La capitale, où les cortèges ont été souvent les plus fournis, est de loin la ville où la note flambe le plus : « de 13 à 18 millions d’euros ».

Face à cette situation, le conseil d’administration de France urbaine, présidée par le maire de Toulouse, Jean-Luc-Moudenc, a demandé le 10 février à être reçue en urgence par le Premier ministre et le ministre de l’Économie. L’association réclame à l’État un accompagnement pour ces différentes villes, « au nom de la solidarité nationale ».

Des grandes villes qui se sentent à l’écart des décisions prises par l’État

Dans un contexte où « chaque euro est compté » et où les principales collectivités locales sont tenues de limiter la progression de leurs dépenses annuelles à 1,2% (ce sont les « contrats Cahors »), ces dépenses supplémentaires inquiètent ces différentes municipalités. « C’est un sujet de préoccupation pour tout le monde. On veut s’assurer qu’elles seront considérées comme des dépenses exceptionnelles et que des consignes seront données aux préfets pour que ce ne soit pas pris en compte dans le calcul », explique le délégué général.

Un autre bilan, qui se concentra, lui, sur les sinistres subis par les commerçants, devra lui être estimé par les Chambres de commerce et d’industrie. La semaine dernière, le Premier ministre Édouard Philippe a répété à la maire (PS) de Rennes, Nathalie Appéré, que les villes « particulièrement affectées » par le mouvement bénéficieraient d’une enveloppe globale de 3 millions d’euros. L’annonce avait été faite à Bordeaux le 1er février.

Trois millions d’euros promis par le gouvernement en attente

Ce matin, la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, Agnès Pannier-Runacher, a rappelé que depuis novembre le gouvernement s’était engagé à accompagner les commerçants, en finançant le chômage partiel et en décalant des échéances fiscales et sociales.

Mais les dispositifs n’ont pas tous été utilisés. « Nous n’avions pas suffisamment de dossiers pour dépenser les 3 millions d’euros que nous avions annoncés », a répété ce matin sur Radio Classique la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault.  «  Il faut que ceux qui ne sont pas bien assurés le fassent savoir. C’est un premier déblocage, on débloquera en fonction des dossiers que nous recevrons », a-t-elle précisé.

De son côté, Olivier Landel note un problème de communication de l’information. « Apparemment, des commerçants eux-mêmes ne sont pas au courant ». « On n’est pas au courant. On aurait dû être associés aux mesures, pour les expliquer aux commerçants », insiste-t-il.

France urbaine espère participer à la réunion ce mercredi à Bercy, qui réunira le gouvernement et les représentants des commerçants.

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