Malgré une avancée sur les retraites, avec un retour à la table des discussions avec les partenaires sociaux, « le compte n’y est pas » pour une bonne partie des socialistes, après le discours de politique générale de François Bayrou. Pourtant, « il y avait un accord » avec les ministres, confie le patron des sénateurs PS, Patrick Kanner. Mais le premier ministre s’est montré peu précis, voire maladroit, pour donner le change au PS.
Gérard Larcher : « Le grand débat peut être le meilleur comme le pire »
Par Public Sénat
Publié le
Après sa conférence de presse la semaine dernière, Gérard Larcher a présenté ses vœux pour 2019, devant plusieurs membres du gouvernement. Pour ce passage obligé, le président LR du Sénat a tenu à rappeler le rôle occupé l’année dernière par le Sénat. La Haute assemblée, dirigée par la droite, peut d’une part jouer le rôle de contre-pouvoir. De l’autre, la majorité présidentielle s’est par moment appuyée sur ses travaux. Les relations alternent entre esprit constructif, comme le défendait Gérard Larcher après l’élection d’Emmanuel Macron, et moments de fortes tensions.
Le sénateur des Yvelines présente son assemblée comme une « force de proposition ». Il rappelle « les mesures d’urgence sur le pouvoir d’achat en décembre », votée conforme pour permettre leur adoption, « la prévention de violences lors de manifestations, bientôt examinée par l’Assemblée » – c’est la proposition de loi de Bruno Retailleau, président du groupe LR, reprise par le gouvernement – la « revitalisation des centres-bourgs » ou « les conditions d’exercice des mandats locaux ».
« Solidité » et « rigueur » de la commission d’enquête Benalla
Et bien sûr, « une commission d’enquête qui s’achève » sur l’affaire Benalla. « Elle a eu un retentissement particulier par la solidité, la rigueur de l’exercice de cette responsabilité de contrôle ». De quoi défendre « la force stabilisatrice, positive et apaisante du bicamérisme qui est au fondement de la démocratie Française » affirme Gérard Larcher. Des propos qui n’arrivent pas par hasard. Emmanuel Macron a évoqué la transformation du Sénat dans sa lettre aux Français, avant d’assurer à son président qu’il ne souhaitait pas le fusionner avec le Conseil économique, social et environnemental.
Ce début d’année 2019 s’ouvre alors que l’exécutif n’est pas sorti encore de la crise des gilets jaunes. « Nous traversons une période particulière de notre vie publique et démocratique » dit-il. « Notre pays a achevé 2018 comme s’il était pris de « vertige » avec le sentiment qu’il n’y aurait plus ni règles communes, ni cohésion, ni solidarité, ni même ordre républicain ».
« Une nouvelle étape de la décentralisation »
Comme il l’a déjà dit, Gérard Larcher n’est « pas dupe » du grand débat, lancé par Emmanuel Macron face au malaise dans le pays. « Ce débat peut être le pire comme le meilleur. Et le pire serait qu’il ne débouche sur rien » met en garde Gérard Larcher. Il ajoute : « Il faut être vigilant et attentif à toute tentative d’instrumentalisation. Il faudra être exigeant sur la suite que l’exécutif proposera de donner à cette consultation ».
Mais alors que des citoyens « ont le sentiment d’être en marge, en bout de table » et « parfois, de ne pas être entendus », Gérard Larcher plaide pour « une nouvelle étape de la décentralisation (qui) permettra de retrouver les conditions de faire Nation ».
« Il faudra nous poser la question de la multiplication des autorités indépendantes »
Côté réforme constitutionnelle, enlisée depuis l’affaire Benalla, et maintenant en attente des conclusions du grand débat, le président du Sénat défend « la primauté de la démocratie représentative, une primauté qui n’est pas un monopole », tout en se montrant ouvert à « la consultation directe ». La réforme de la Constitution « sera l’occasion de réfléchir à des formes renouvelées de participation ».
Au passage, Gérard Larcher épingle les autorités comme la Commission nationale du débat public. Elles sont nombreuses dans le pays. « Il faudra nous poser la question de la multiplication des autorités indépendantes, qualifiées de telles parce que non issues de l’élection. Elles ont sans doute contribué à l’affaiblissement du Parlement » selon le sénateur des Yvelines. L’ancien ministre Jacques Mézard, redevenu sénateur, les avait déjà fortement visées, en 2015. C’était, déjà, dans une commission d’enquête.