Le plan de Françoise Nyssen pour lutter contre les déserts culturels s'attire les foudres des Centres dramatiques nationaux, qui se sont joints aux critiques croissantes contre l'action de la ministre à qui le gouvernement maintient sa confiance.
Dans une tribune sur le site de Libération, l'association des Centres dramatiques nationaux s'en est pris lundi soir au plan "Culture près de chez vous", projet phare de la ministre en faveur d'une plus grande accessibilité à la culture. Ils le jugent "inconséquent" et y voient "du mépris pour l’ensemble des acteurs culturels".
Mme Nyssen "a toute la confiance du Premier ministre, à n’en pas douter", a assuré mardi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux sur CNews, alors que le quotidien Libération consacrait sa une à la ministre, ancienne patronne des éditions Actes Sud, et aux "maladresses sur les dossiers dont elle a la charge", en évoquant notamment les projets de réforme dans l'audiovisuel public ou de "pass culture" pour les jeunes.
"Elle travaille sur des sujets structurants, demain la question de l’audiovisuel public", a estimé M. Griveaux, pour qui "ça durera (les attaques) le temps de quelques jours et puis ça passera comme d’autres modes."
"La ministre est au travail", a indiqué à l'AFP l'entourage de Mme Nyssen.
Dans leur tribune intitulée "Culture près de chez vous, mais sans nous", les Centres dramatiques nationaux, fer de lance du théâtre public en région, regrettent que le plan ne s'appuie pas sur la décentralisation, "c’est-à-dire la présence en région d’institutions d’envergure nationale, productrices d’œuvres à rayonnement national (...) à l’œuvre depuis soixante-dix ans."
Le plan présenté fin mars doit mobiliser 6,5 millions d'euros en 2018 avec l'objectif d'atteindre 10 millions en 2022 et ambitionne notamment de donner à voir les productions de la Comédie-Française dans les régions isolées (alors que cette dernière fait déjà des tournées en province) ou de faire circuler les chefs d'oeuvre des collections nationales.
Mme Nyssen a par ailleurs annoncé mardi le remplacement du traditionnel concert du Palais Royal lors de la fête de la musique le 21 juin par six concerts en régions. Seront concernées les villes de Château-Arnoux-Saint-Auban (Alpes-de-Haute-Provence), Verdun (Meuse), Château-Thierry (Aisne), Marsillargues (Hérault), Pacy-sur-Eure (Eure) et Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis).
Dans une autre tribune publiée dans Le Monde (daté de mardi), plusieurs organisations du spectacle vivant (Syndeac, association des scènes nationales, association des centres dramatiques nationaux) qualifient ce "programme" de "désuet, (...) embarrassant". "Il dépêche Paris et ses institutions nationales, Paris et ses théâtres privés, Paris et ses gadgets et kits culturels tout prêts", écrivent leurs représentants, réclamant notamment "un acte II de la décentralisation culturelle".