François Fillon, de l'”exemplarité” à la mise en examen

François Fillon, de l'”exemplarité” à la mise en examen

Parti en campagne avec "un souci prioritaire d'exemplarité" mais mis en examen mardi dans une affaire d'emplois fictifs...
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Par Joëlle GARRUS

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Parti en campagne avec "un souci prioritaire d'exemplarité" mais mis en examen mardi dans une affaire d'emplois fictifs impliquant sa famille, le candidat de droite à la présidentielle, François Fillon, se présente désormais comme "un rebelle que le système n'arrêtera pas".

"Pour gouverner un pays, ma conviction est qu'il faut être irréprochable", assénait en septembre l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy (2007-2012).

Revendiquant sa probité, ce catholique pratiquant de 63 ans à la mine austère remporte haut la main et à la surprise générale la primaire de son camp en novembre, en évinçant au premier tour Nicolas Sarkozy puis au second le favori des sondages, l'ex-Premier ministre Alain Juppé.

Porteur d'un programme de coupes budgétaires, "fier de ses valeurs" liées à la famille, ce libéral assumé qui ne cache pas son admiration pour Margaret Thatcher, devient grand favori pour remporter l'élection présidentielle, après cinq années de pouvoir socialiste.

C'est "la revanche de Mister Nobody", titre la presse française après sa victoire. A Moscou, le président russe Vladimir Poutine salue en lui un "grand professionnel", ce qui déclenche en France une polémique sur ses relations avec le Kremlin.

Quatre mois plus tard, ce passionné de course automobile qui selon ses amis "ne supporte pas d'être deuxième" se retrouve empêtré dans un scandale désastreux pour sa popularité: il est soupçonné d'avoir attribué des emplois fictifs, rémunérés par des fonds publics, à son épouse Penelope et à deux de ses cinq enfants pour des montants représentant plusieurs centaines de milliers d'euros.

D'autres révélations, comme le paiement de certains de ses costumes de luxe par un mystérieux mécène, ont semé le doute sur sa relation avec l'argent.

- "Crocodile" -

Il crie à l'acharnement médiatique et à l'"assassinat politique". Après avoir promis d'abandonner la course à la présidence en cas de mise en exam, il change d'avis et dit aujourd'hui "s'en remettre au suffrage universel". Mais l'affaire dite "Penelopegate" parasite sa campagne centrée sur un redressement de la France, la lutte contre la délinquance et la mobilisation contre le "totalitarisme islamique".

Au fil des sondages, ses chances de franchir la barre du premier tour se réduisent comme peau de chagrin: Marine Le Pen, la candidate de l'extrême droite, et Emmanuel Macron, l'ancien ministre de l'Economie du gouvernement Hollande, ne cessent de creuser l'écart dans les derniers sondages.

Fin février, le candidat annonce lui-même sa prochaine convocation chez les juges en vue d'être mis en examen mais affirme sa volonté d'aller "jusqu'au bout", reniant sa promesse de se retirer en cas de problèmes judiciaires.

Opiniatre, selon ses partisans, suicidaire, selon ses détracteurs, il se présente dans ses meetings comme un "rebelle que le système n'arrêtera pas".

Les défections se multiplient au sein de son camp. Mais la droite ne parvient pas à trouver d'alternative à sa candidature qu'il impose finalement après une démonstration de force rassemblant des dizaines de milliers de partisans à Paris.

Fils de notaire, François Fillon est né au Mans dans le centre-ouest de la France le 4 mars 1954. En 1976, le jeune diplômé de droit public fait ses premiers pas en politique comme assistant de Joël Le Theule, député d'une petite ville proche du Mans, Sablé-sur-Sarthe.

A la mort de son mentor en 1980, François Fillon lui succède et devient en 1981 le benjamin de l'Assemblée nationale.

De 1993 à 2005, il participe à tous les gouvernements de droite, siège au Sénat en 2005-2007, avant de devenir pendant cinq ans le chef du gouvernement dans l'ombre du bouillant Nicolas Sarkozy.

Fin politique selon certains, il est opportuniste pour d'autres. "Ce bon surfeur sait prendre les vagues des autres", résume Jean-Pierre Raffarin, un ex-Premier ministre. Il "est tel un crocodile: il a l'air de dormir mais est prêt à bouffer n'importe qui sur la berge", confiait en 2012 un des ministres de son équipe.

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