François Asselineau : le candidat du « Frexit » n’est « pas un fanfaron »

François Asselineau : le candidat du « Frexit » n’est « pas un fanfaron »

Inconnu du grand public, François Asselineau, président de l'Union Populaire Républicaine (UPR) sera candidat à la présidentielle. Avec 524 parrainages d’élus, celui qui se définit comme le candidat du « Frexit » a présenté son projet devant la presse.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

« Je peux vous assurer que je vais faire un score qui va beaucoup surprendre l’ensemble de la classe politique française ». Ce vendredi, c’est plutôt François Asselineau, président de l'Union Populaire Républicaine (UPR) et candidat à l’élection présidentielle, qui semble surpris de l’affluence des journalistes dans son QG de campagne. Pile, à l’heure et même en avance, il arrive dans cet appartement cossu  près des Champs Elysées sous les cris de « Asselineau président » d’une vingtaine de militants venus faire la claque. Un jour à marquer d’une pierre blanche, le président de l’UPR a ses signatures. 524 sont validés à ce jour par le Conseil Constitutionnel. « Je suis donc en mesure de dire que je suis candidat à la présidence de la République » annonce-t-il avec une joie toute en retenue.

Affichage et vidéos sur le net

Une retenue qui doit faire partie du personnage. « Je ne suis pas un fanfaron» (…) « j’ai toujours dit que ce serait difficile d’obtenir ces parrainages » rappelle-t-il. Fort d’un mouvement qui revendique « 16 800 adhérents », « 8 millions de vues » sur sa chaine Youtube, cet ancien inspecteur des finances passé par l’ENA et HEC a pourtant de quoi savourer les fruits de sa pré-campagne de l’ombre. Depuis 10 ans, à coup d’affichage et de vidéos sur Internet, il creuse son sillon souverainiste et patriote. Sur son site Internet, il diffuse des « conférences » où il se met en scène dans des réquisitoires contre les Etats-Unis, l’Union Européenne, cibles récurrentes de cet ancien conseiller de Paris.

 Après un premier échec en 2012 où il n’avait récolté que 17 signatures, « on ne savait pas comment s’y prendre» concède-t-il, son premier coup d’éclat électoral eut lieu lors des dernières élections régionales avec plus de 189 000 voix récoltées. Pour cette présidentielle, ce sont des maires ruraux sans étiquette qui sont à l’origine de ces parrainages surprises.

Souverainiste mais « pas d’extrême droite »

 « Le candidat du Frexit », c’est ce qu’on peut lire sur les 200 000 affiches collées bénévolement par ses militants, dans toute la France. « « La colonne vertébrale de son projet » consiste à activer l’article 50, la clause de retrait du Traité de Lisbonne, comme l’ont fait les Britanniques. Raison pour laquelle, aux cotés de son pupitre, il n’y a pas de trace de drapeau européen, mais des drapeaux Français, de l’ONU et de la Francophonie. Mais la sortie de l’Union européenne, de l’Euro et de l’OTAN, ne veut pas dire extrême droite assure-t-il. « C’est un mensonge, une calomnie, une diffamation constante que de faire croire aux Français comme aux peuples d’Europe que vouloir récupérer les grands acquis de la Révolution française ce serait être d’extrême droite » scande le candidat désireux de revenir sur ce qu’il nomme « les grands fondamentaux de l’Histoire de France » (…) Loin de vouloir isoler la France je veux au contraire la réintégrer dans le concert des Nations ».

« globe-trotter » avec « de la carrure »

Pour cette entrée officielle en campagne, ce n’est pas une déclinaison de mesures concrètes qui compose ses 45 minutes de discours. « Les autres candidats présentent un programme de Premier ministre et non un programme de chef de l’Etat » compare-t-il. François Asselineau qui n’est donc, ni « un fanfaron » ni un acteur de « Music-hall » est un président en devenir « garant de l’indépendance nationale » comme le définit la Constitution. Tout en cohérence avec cette présentation,  une liste de 15 « caractéristiques essentielles d’un bon chef d’Etat » est distribuée à l’assistance. Certaines raisonnent avec l’actualité « un président est désintéressé financièrement » et doit être en dehors « des clivages politiques, religieux ou ethniques (…) « il ne doit jamais semer la discorde entre les Français ». D’autres prennent la forme d’un autoportrait : « il doit posséder de l’expérience, de l’érudition et de la carrure ». « Pour ce qui me concerne, j’ai été pendant 4 années de ma vie dans des cabinets ministériels (…) j’ai accompagné François Mitterrand en Corée ou au Kazakhstan. J’ai accompagné Edouard Balladur en Arabie Saoudite. J’ai accompagné Jacques Chirac au Japon » détaille celui qui se considère comme un « globe-trotter » avec 85 pays visités à son actif.

« Monsieur Cheminade ! Monsieur Cheminade ! »

Le dossier de presse contient aussi  plusieurs photocopies de la Constitution de 1958.  On l’aura compris, les électeurs en recherche d’une VIème République peuvent passer leur chemin. Ici c’est la Vème rien que la Vème. L’Article 5, lui plait en particulier, « Le président de la République (…) est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités ». Bon, certains traités n’auront tout de même plus lieu d’être sous présidence, celui de Maastricht ou de Lisbonne, par exemple.

Côté budget, François Asselineau assure que les fameuses affiches ou encore le loyer de son QG « de l’ordre de 7000 euros par mois » sont financés par les cotisations de ses militants.

Candidat officiel à l’élection présidentielle, François Asselineau est en passe de contredire son propre slogan d’affiche : « le parti qui monte malgré le silence des médias ».Toutefois, le chemin vers la notoriété n’est pas encore tout à fait accompli. A l’image de cette journaliste qui l’interpelle à la fin de son discours : « Monsieur Cheminade ! Monsieur Cheminade ! »

Reportage vidéo Mounir Soussi

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

François Asselineau : le candidat du « Frexit » n’est « pas un fanfaron »
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

François Asselineau : le candidat du « Frexit » n’est « pas un fanfaron »
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le