Fonctionnaires: déterminés, les syndicats appellent Matignon à “suspendre” la réforme

Fonctionnaires: déterminés, les syndicats appellent Matignon à “suspendre” la réforme

Pas assez de temps, ni de dialogue: huit syndicats de fonctionnaires ont demandé mardi au Premier ministre de "suspendre" la...
Public Sénat

Par Shahzad ABDUL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Pas assez de temps, ni de dialogue: huit syndicats de fonctionnaires ont demandé mardi au Premier ministre de "suspendre" la réforme de la fonction publique qui doit être présentée jeudi par le gouvernement, et dont le calendrier jette selon eux "un trouble" sur le grand débat.

Après plus d'un an de concertations et une opposition unanime des organisations syndicales, le projet de loi qui s'accompagne notamment de la suppression de 120.000 postes d'ici 2022 sera présenté à la presse jeudi par le secrétaire d'État Olivier Dussopt, avant un passage en Conseil des ministres fin mars, à l'issue du débat national.

C'est justement car il sera "question de la réorganisation de l'État" "au moment du grand débat", que les organisations s'interrogent sur le calendrier de l'exécutif et "demandent la suspension du projet de loi", écrit dans une lettre adressée à Édouard Philippe l'intersyndicale CGT, CFDT, Unsa, FSU, Solidaires, FA-FP, CFE-CGC et CFTC, soit huit des neuf représentations des fonctionnaires, à l'exception de FO (3e).

"La conception qu'affiche pour l'instant le gouvernement du dialogue social, qui consiste à ne strictement rien retenir de ce que proposent les syndicats, avec un calendrier extrêmement forcé, jette un trouble sur la sincérité du grand débat", a déploré mardi lors d'une conférence de presse Jean-Marc Canon, secrétaire général de la CGT-Fonctionnaires, premier syndicat de la branche.

Lui et les autres représentants regrettent la "méthode" du gouvernement, consistant selon eux à imposer sa réforme lors de concertations communes ou bilatérales de façade.

Le secrétaire d'État en charge du dossier doit les rencontrer mercredi à Bercy pour leur soumettre le texte, laissant six semaines avant sa présentation en Conseil des ministres.

Suffisant pour y apporter de réels amendements du texte ? Les syndicats n'y croient pas.

- Grève en vue ? -

"La manière dont se profile la dernière phase d'échanges nous semble beaucoup trop ramassée, beaucoup trop courte, pour que le gouvernement se donne les moyens d'entendre les revendications", assure Mylène Jacquot, représente de la CFDT Fonction publique (2e).

"Pour Olivier Dussopt, les chantiers semblent être terminés. Pour nous, cela ne peut pas être terminé et (...) nous refusons les orientations et les mesures", abonde Gaëlle Martinez, chez Solidaires (6e).

Les syndicats affirment donc avoir déjà prévu "diverses initiatives pour permettre à tous les agents d'intervenir et d'agir afin de peser" si elles n'obtiennent pas, comme elles le réclament, la création d'emplois statutaires "dans tous les services qui en ont besoin".

Y compris une grève ? "C'est dans le paysage. Tout est posé, tout est possible", répond Bernadette Groison, de la FSU (5e).

Force Ouvrière, qui ne s'est pas joint à l'appel de l'intersyndicale et réclame depuis des semaines une réaction plus forte, a appelé dans le même temps, mardi, "les salariés (du) public et (du) privé" à "s'arrêter ensemble le même jour pour dire: stop, on ne peut plus subir".

"Nous voulons être entendus. Tel est le sens d'une action de grève interprofessionnelle", ajoute FO, qui a déjà organisé jeudi dernier une manifestation parisienne qui a rassemblé plusieurs milliers de fonctionnaires.

Ils réclamaient, à l'instar des autres organisations syndicales, une revalorisation salariale et un dégel du point d'indice, qui fige leurs salaires depuis 2010 - à l'exception de 2016 et 2017.

Depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, l'État a "accumulé les mesures négatives", ajoute l'intersyndicale, prenant l'exemple du rétablissement du jour de carence et désormais la crainte d'une part de rémunération au mérite.

"Comment on va évaluer le mérite ? C'est quoi le mérite dans les hôpitaux ?", s'interroge encore Bernadette Groison. "Ca ne colle pas à ce qu'est la fonction publique..."

Dans la même thématique

Fonctionnaires: déterminés, les syndicats appellent Matignon à “suspendre” la réforme
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

Fonctionnaires: déterminés, les syndicats appellent Matignon à “suspendre” la réforme
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le