Il y a un an Marine Le Pen était plébiscitée par 7 millions d’électeurs avant d’être battue par Emmanuel Macron au second tour. Aujourd’hui, la présidente du parti frontiste est à la peine. Pourtant l’extrême droite progresse en Europe, en témoigne encore la mobilisation de jeunes identitaires dans les Alpes dimanche.
Marine Le Pen est-elle sur une pente descendante ? Anaïs Voygillis, doctorante en géopolitique, estime que la frontiste a affaire à une crise de légitimité. Son ratage lors du débat de l’entre-deux-tours présidentiel, le départ de son bras droit Florian Philippot et le positionnement à droite toute de Laurent Wauquiez ont fragilisé sa position.
Les défis de la députée frontiste sont nombreux : « Marine Le Pen a une ligne très fluctuante » commente la géopolitologue, « et c’est source de désabusement de sa base électorale forte, mais aussi pour les simples sympathisants également ». « Elle va devoir prouver qu’elle est capable de faire de son parti le premier parti français. Et avec l’évolution de la droite et le refus catégorique d’une partie des sympathisants de droite de faire des alliances avec le FN, elle risque d’être dans une posture compliquée qui, à mon avis, risque d’être plus qu’une traversée du désert » explique-t-elle. Quelle stratégie privilégier pour avoir une chance aux prochaines élections de 2019? D’après Anaïs Voygillis, il va falloir que Marine Le Pen ait « une ligne claire » qu’elle résolve « les débats qu’il y a au sein de son parti, notamment sur la question de l’UE, mais aussi sur les questions économiques ».
On constate dans les autres pays européens comme l‘Italie ou l’Autriche, des alliances entre l’extrême droite et la droite. Un rassemblement qui paraît difficile en France. « Aujourd’hui, si le Front National s’allie avec la droite, cela ira à l’encontre du discours qu’il tient depuis toujours » analyse la chercheuse avant d’ajouter que, de plus, la droite n’a pas « intérêt à s’allier avec l’extrême droite, au regard de sa force électorale ».
Les jeunes du groupe génération identitaire ont manifesté contre la venue de migrants dans les Alpes ce dimanche. Pour Anaïs Voygillis, c’est le constat qu’aujourd’hui « un certain nombre de citoyens ont le sentiment d’une invasion. Ils décident de passer eux-mêmes à l’action pour défendre leur territoire et leur nation (…) parce qu’ils ont le sentiment que leurs dirigeants ne sont pas capables de le faire ».
La doctorante conclut que plus Marine Le Pen nuance son discours et les idées historiques qui ont nourri son parti depuis des années, plus elle peut perdre cette base électorale qui « risque de se tourner vers d’autres partis ». « Ce n’est pas parce que vous vous dédiabolisez, que vous allez réussir » conclut-elle.