Financement des campagnes du FN: un proche de Marine Le Pen mis en examen

Financement des campagnes du FN: un proche de Marine Le Pen mis en examen

La pression judiciaire s'accentue autour de Marine Le Pen, en tête dans les sondages pour le premier tour de la présidentielle: l'un de ses...
Public Sénat

Par Sophie DEVILLER

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La pression judiciaire s'accentue autour de Marine Le Pen, en tête dans les sondages pour le premier tour de la présidentielle: l'un de ses proches, Frédéric Chatillon, a été mis en examen dans une des enquêtes sur le financement des campagnes électorales du Front national.

Cet ancien dirigeant du GUD, syndicat étudiant d'extrême droite, qui participe à la campagne de la candidate frontiste à l'Elysée, a été mis en examen, le 15 février, pour "abus de biens sociaux" dans une information judiciaire sur les élections municipales et européennes de 2014 ainsi que sur les départementales de 2015, d'après une source judiciaire qui confirme une information du Monde.

Les juges d'instruction, saisis fin octobre, soupçonnent sa société Riwal, longtemps prestataire principal de la communication électorale frontiste, d'avoir accordé un crédit au FN via Jeanne, un mouvement satellite du parti d'extrême droite, selon une source proche de l'enquête.

Or, les personnes morales n'ont pas le droit de contribuer au financement des partis politiques.

Frédéric Chatillon a déjà été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour répondre du financement de la campagne des législatives de 2012 avec notamment le FN et deux de ses dirigeants, Wallerand de Saint Just et Jean-François Jalkh.

Dans cette affaire appelée à être jugée, le parti est soupçonné d'avoir mis en place, via des kits de campagne fabriqués par Riwal, une escroquerie au préjudice de l'Etat, qui rembourse les frais de campagne, et ce par le biais notamment de surfacturations.

Et la justice reproche à Frédéric Chatillon d'avoir mené grand train grâce à ces montages.

Le trésorier du Front national Wallerand de Saint-Just à Forges-les-Bains, près de Paris le 8 octobre 2016
Le trésorier du Front national Wallerand de Saint-Just à Forges-les-Bains, près de Paris le 8 octobre 2016
AFP/Archives

L'enquête a mis en lumière la "confusion" entre Riwal et Jeanne, dont le dirigeant de fait n'est autre que Frédéric Chatillon, selon les juges. A leur yeux, le micro-parti ne serait qu'une coquille vide pour masquer un financement des campagnes par une société commerciale, Riwal.

Une autre enquête, encore au stade préliminaire, a été ouverte début novembre concernant les régionales de 2015.

- "Document compromettant" -

La mise en examen de Frédéric Chatillon intervient alors que, parallèlement, l'enquête sur les soupçons d'emplois fictifs d'assistants de députés FN au Parlement européen, qui vise personnellement Marine Le Pen, s'est accélérée cette semaine.

Des journalistes devant le siège du Front national à Nanterre le 20 février 2017
Des journalistes devant le siège du Front national à Nanterre le 20 février 2017
AFP/Archives

Convoquée mercredi par les enquêteurs de l'Office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff), la présidente du FN ne s'est pas déplacée. "Je ne répondrai pas pendant la campagne électorale. Cette période ne permettant ni la neutralité ni la sérénité nécessaire au fonctionnement correct de la justice", s'est justifiée la candidate à la présidentielle auprès de l'AFP.

En attendant, sa cheffe de cabinet au siège du FN, Catherine Griset, a été mise en examen pour recel d'abus de confiance, soupçonnée d'avoir été employée fictivement comme assistante de Marine Le Pen au Parlement de Strasbourg de 2010 à 2016.

Et le siège du parti à Nanterre, près de Paris, a été une nouvelle fois perquisitionné lundi.

D'après Le Monde, la police a saisi "un document qui pourrait se révéler très compromettant": "une note retrouvée dans l'ordinateur du trésorier" du FN, Wallerand de Saint Just, "qui laisse penser qu'un véritable système de financement du parti via le Parlement européen et les assistants parlementaires a été pensé en amont, et en haut lieu, pour faire supporter intentionnellement à l'Union européenne ses dépenses".

"Pourquoi le journaliste ne publie pas cette pièce si elle est vraiment à charge?", s'est étonné Wallerand de Saint Just, sollicité par l'AFP, dénonçant "des méthodes scandaleuses".

"Une telle note pouvant faire penser à un système organisé n'existe pas", a-t-il réagi dans un communiqué, annonçant une plainte en diffamation contre le journal et une autre pour "violation du secret de l'enquête et de l'instruction".

La justice tente de savoir si le FN a mis en place un système pour que le Parlement européen prenne en charge, via des contrats d'assistants parlementaires, des salaires de cadres ou d'employés du mouvement en France.

Dans la même thématique

France Politics
11min

Politique

Budget, assurance chômage, Nouvelle-Calédonie… Les dossiers chauds qui attendent Michel Barnier

Après deux mois de flottement, de nombreux dossiers se sont accumulés sur le bureau du Premier ministre. Tout juste nommé, Michel Barnier va devoir relancer plusieurs réformes, mises à l’arrêt avec la dissolution. Néanmoins, la constitution d’un budget reste le premier saut d’obstacles pour le nouveau chef de gouvernement et sa future équipe ministérielle.

Le

NATO Summit
6min

Politique

« Depuis les élections législatives, l’autorité d’Emmanuel Macron s’est affaiblie en Europe et sur la scène internationale »

Ce vendredi, Emmanuel Macron rencontre Olaf Scholz sur les bords du lac Léman, à Évian-les-Bains. Le chef de l’Etat et le chef du gouvernement allemand participent à la nouvelle édition des rencontres franco-allemandes, un rendez-vous devenu incontournable dans les relations entre les deux pays. Alors que les deux hommes sont affaiblis sur la scène intérieure à la suite de revers électoraux, la professeure d'histoire et de civilisation allemande à Sorbonne Université, Hélène Miard-Delacroix, dresse un état des lieux des relations entre Paris et Berlin.

Le

France Politics
5min

Politique

« Ce n’est pas un amateur de punchlines », Michel Barnier raconté par ses soutiens au Sénat

Le nouveau Premier ministre au CV long comme le bras a été le troisième homme de la dernière primaire interne à LR. A cette époque, peu de sénateurs croyaient en ses chances de victoire. Ses soutiens de l’époque expliquent pourquoi ils avaient fait de lui leur favori. Ils décrivent un homme taillé pour exercer le pouvoir, beaucoup moins pour le conquérir.

Le