Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Fillon, l’austère rattrapé par l’argent
Par Claire GALLEN
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Hier parangon d'"exemplarité" au destin présidentiel, aujourd'hui jugé pour détournement de fonds publics, François Fillon a vu son parcours exploser avec le Penelopegate où il a entraîné sa discrète épouse.
"J'ai entraîné ma famille dans une épreuve d'une violence inouïe et je n'ai aucune envie de les entraîner de nouveau dans cette violence", affirmait fin janvier l'ancien Premier ministre de 65 ans lors d'un rare entretien sur France2.
Voix posée, allure austère, François Fillon avait alors contesté chacune des accusations du "Penelopegate", cette affaire d'emplois présumés fictifs qui a pris le nom de son épouse. Un comble pour celui qui affirmait fin 2016 que "la politique ne doit pas être mélangée à la vie privée".
Penelope Fillon, qui aurait perçu plus d'un million d'euros pour les emplois d'assistante parlementaires au coeur du dossier, comparaît à ses côtés lundi.
Dans l'ombre de son mari, cette Franco-Galloise de 64 ans à l'allure classique s'est toujours présentée en mère fière d'avoir élevée cinq enfants, une "paysanne" discrète, amatrice de jardinage et d'équitation, "de nature réservée et peu mondaine".
L'"immense scandale" lui "fait très mal": "Je me suis sentie traversée par la foudre, c'est ce que j'ai vécu de pire dans ma vie", dit-elle.
Dans le procès Fillon, l'affaire ne s'arrête pas là: emplois présumés fictifs de leurs deux aînés, prêt de 50.000 euros non déclarés d'un ami, deux costumes de luxe offerts par un autre...
La succession de révélations, début 2017, stoppe net l'ascension de François Fillon vers l'Elysée, qui semblait pourtant écrite après cinq ans de présidence Hollande.
La formule assassine qu'il avait employée contre Nicolas Sarkozy lors de la primaire de la droite - "qui imagine de Gaulle mis en examen?" - lui revient alors comme un boomerang.
Tout comme son image d'homme intègre, "fier de ses valeurs", défendant haut et fort l'ordre, la famille ou la grandeur de la France.
- "Erreurs" -
Né le 4 mars 1954 d'un père notaire et d'une mère historienne, élevé dans un milieu catholique aux convictions gaullistes-sociales, cet homme élégant à la coiffure soignée, peu expansif, a toujours cultivé la discrétion.
"Mon patrimoine se limite à ma maison, dans la Sarthe", un manoir de 14 chambres, soulignent ses détracteurs. "Je n'ai pas d'appartement à Paris, pas de villa au bord de la mer, pas de Ferrari cachée dans la grange de ma maison", relève-t-il aujourd'hui.
S'il ne parle plus, comme au moment de l'affaire, de "complot" ni de "cabinet noir", François Fillon continue de le clamer: "J'ai été traité d'une manière injuste, qui n'était pas normale".
Opiniâtre selon ses partisans, suicidaire selon ses détracteurs, ce passionné de course automobile fait ses premiers pas en politique comme assistant du député d'une petite ville proche du Mans, Sablé-sur-Sarthe.
A la mort de son mentor en 1980, François Fillon, qui n'a pas fait l'ENA, devient en 1981 le benjamin de l'Assemblée nationale.
Fin politique selon certains, opportuniste pour d'autres, il "est tel un crocodile: il a l'air de dormir mais est prêt à bouffer n'importe qui sur la berge", confiait en 2012 un des ministres de son équipe.
De 1993 à 2005, il participe à tous les gouvernements de droite, siège au Sénat en 2005-2007, avant de devenir pendant cinq ans chef du gouvernement de Nicolas Sarkozy.
Son image de rigueur et ses promesses énergiques de redressement du pays lui permettent de remporter la primaire en 2016. Mis en examen en mars 2017 dans le Penelopegate, il est éliminé au premier tour de la présidentielle et se retire de la vie politique.
"Je ne chercherai pas à revenir" affirmait le 30 janvier François Fillon, reconverti dans la finance et à la Fédération internationale de l'automobile (FIA).
Avant de le reconnaître: "j'ai sûrement commis des erreurs, mais il y a une chose que je ne peux pas supporter, c'est qu'on pense que je suis malhonnête, ou que j'ai cherché à tricher ou à tromper les Français parce que c'est tout le contraire de ma vie".