François Fillon, en meeting vendredi soir à Maisons-Alfort après l'ouverture d'une information judiciaire sur les emplois présumés fictifs de sa famille, a consacré une grande partie de son discours à dénoncer ses rivaux à la présidentielle, notamment Emmanuel Macron, accusé de "lâcheté électorale".
L'ouverture d'une information judiciaire pour "détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, complicité et recel de ces délits, trafic d’influence et manquements aux obligations de déclaration à la Haute Autorité sur la transparence de la vie publique", a été annoncée quelques minutes avant la prise de parole de M. Fillon. L'enquête a été confiée à des juges d'instruction.
M. Fillon n'a lui-même pas réagi directement. "Nous allons, mes amis, contrer les attaques, nous allons traverser les tempêtes, nous allons foncer", a-t-il lancé à la fin de son intervention.
Au lendemain de "l'alliance" scellée entre François Bayrou et Emmanuel Macron en vue de l'élection présidentielle, M. Fillon a choisi de multiplier les attaques contre l'ancien ministre de l'Economie, l'accusant de "lâcheté électorale" et voyant en lui "l'homme qui veut sauver le socialisme sans le dire".
M. Macron "réussit à faire pire que François Hollande", a dénoncé le candidat de la droite, quelques heures après la présentation par son rival des contours budgétaires de son projet, qui prévoit notamment soixante milliards d'euros d'économies en cinq ans.
Le projet de Macron, "c'est de la soupe tiède" que "François Hollande aurait pu signer", a asséné M. Fillon, qui se bat selon les sondages avec M. Macron pour la deuxième place au premier tour de la présidentielle, derrière Marine Le Pen, la présidente du Front national systématiquement donnée en tête du premier tour.
"Le cadrage financier d’Emmanuel Macron se fonde sur un diagnostic faux", a martelé l'ancien Premier ministre. "Il est bien le seul à croire les prévisions budgétaires du gouvernement actuel, qui a multiplié les dépenses ces derniers mois, lorsqu’il affirme que la France sera en-dessous de 3 % de déficit en 2017. En réalité, le déficit sera d’au moins 3,4% en 2017 et pourrait atteindre 3,8% en 2018 si rien n’est fait rapidement".
"Il y a un mois, il parlait, comme moi, de 100 milliards d’économies budgétaires en 5 ans. Pschitt, nous sommes maintenant à 60 milliards. En quelques jours, 40 milliards ont disparu du programme. C’est ce qu’on appelle avoir des convictions…", a ironisé M. Fillon.
Il a également reproché à M. Macron de parler de "10 milliards d'économies" sur l'assurance chômage mais de ne proposer "aucune mesure sérieuse" pour y parvenir, d'être "vague" sur les 35 heures, de ne pas faire "d'annonces claires" sur les retraites.
Le président du MoDem "a cru bon d’apporter son soutien à Emmanuel Macron, comme il l’avait autrefois apporté à François Hollande en 2012. Rien de nouveau. Il y a six mois, Bayrou étrillait Macron, le candidat des +forces de l’argent+, disait-il avec mépris. Aujourd’hui, il lui propose une alliance. Laissons les girouettes voler avec les girouettes. Nous, nous ne tournons pas avec le vent", a-t-il assuré.