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Face aux violences sexuelles, le sport français se met en ordre de bataille
Par Adrien VICENTE, Elodie SOINARD
Publié le
Secoué depuis trois semaines par une accumulation sans précédent de révélations de cas de violences sexuelles, le sport français pose les premières bases d'une mobilisation pour lutter contre ces abus lors d'une convention nationale, ce vendredi à Paris.
Principales invitées de cette journée organisée au siège du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) à l'initiative notamment de la ministre des Sports Roxana Maracineanu, les fédérations sportives.
"Tout le monde reconnaît, nous aussi au ministère, qu'on ne mesurait pas l'ampleur, le nombre de cas et la gravité", exposait Roxana Maracineanu lors d'un entretien avec l'AFP il y a une semaine.
"Aujourd'hui, on se rend bien compte que ce ne sont pas des cas isolés, et je compte bien que les présidents de fédération s'en rendent compte" au cours de cette convention, poursuivait-elle.
"Ce que je ressens, c'est que les présidents de fédération veulent s'engager avec nous", ajoutait la ministre, qui attend aussi que ces derniers lui présentent ce qu'ils mettent déjà en oeuvre face au risque de violences sexuelles.
"Un temps d'information et de mobilisation", et "le départ d'un travail de co-construction d'un plan robuste avec le mouvement sportif" : voilà comment, au ministère, on présente les enjeux de la journée.
- Feuille de route en mai -
Si cette première étape doit mener à la présentation d'une feuille de route courant mai autour de trois axes, actions de sensibilisation et prévention, accompagnement, et contrôle des encadrants, de premières mesures devraient être prises sans attendre.
D'abord l'élargissement à l'ensemble des bénévoles sportifs du contrôle d'honorabilité, destiné à vérifier leurs antécédents judiciaires et jusque-là uniquement systématique pour les éducateurs professionnels.
Ce projet était en préparation avant la récente irruption des affaires de violences sexuelles dans le sport et avait vocation à être généralisé à l'issue d'une expérimentation menée depuis la rentrée dernière par la Ligue de football du Centre-Val de Loire.
Ce contrôle concernerait à la fois les éducateurs et les postes à responsabilité (président, secrétaire général et trésorier). Soit 1,8 million de bénévoles hors dirigeants, évalue-t-on au ministère.
"Un travail colossal", convient Roxana Maracineanu.
Par ailleurs, sont attendus les premiers retours relatifs à la cellule d'écoute et à l'adresse mail dédiées à recueillir les témoignages de victimes de violences sexuelles, mises en place au sein même du ministère depuis plusieurs mois.
- "Urgence" -
"Il y a une prise de conscience, mais ça ne suffit pas à résoudre le problème, c'est le début seulement. Est-ce que (cette prise de conscience) est suffisante pour qu'on en fasse un sujet prioritaire?", s'interroge auprès de l'AFP la sociologue Béatrice Barbusse.
"C'est là que j'attends la ministre", souligne l'autrice du livre "Du Sexisme dans le Sport" (Anamosa, 2016), qui sera présente à la convention.
"J'attends, à la sortie, que toutes les personnes qui ont des responsabilités dans le sport prennent réellement conscience de l'urgence", complète-t-elle.
Le sport français s'est retrouvé plongé dans une crise sans précédent fin janvier quand plusieurs anciennes patineuses, dont la championne Sarah Abitbol, ont révélé avoir été victimes de viols et d'agressions sexuelles, commis par différents entraîneurs alors qu'elles étaient adolescentes.
Dans un livre paru le 30 janvier ("Un si long silence", Plon), Abitbol accuse ainsi son ex-entraîneur Gilles Beyer de l'avoir violée quand elle avait entre 15 et 17 ans, au début des années 1990.
Ces différentes révélations ont conduit à la démission de l'inamovible patron du patinage français Didier Gailhaguet, mis sous pression par Roxana Maracineanu qui avait mis en cause sa "responsabilité morale et personnelle".
Depuis, d'autres témoignages se sont accumulés, dans différentes disciplines: football, équitation, escalade, ski ou encore athlétisme.
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