Exactions de l’EI sur Twitter: Marine Le Pen perd son immunité
Le Parlement européen a levé jeudi l'immunité parlementaire de la dirigeante d'extrême droite et eurodéputée Marine Le Pen à la demande de la...
Par Clément ZAMPA
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Le Parlement européen a levé jeudi l'immunité parlementaire de la dirigeante d'extrême droite et eurodéputée Marine Le Pen à la demande de la justice française, qui lui reproche d'avoir diffusé des images d'exactions du groupe Etat islamique sur Twitter.
Convoquée en avril 2016 par un juge d'instruction français dans cette affaire, Marine Le Pen, candidate à la présidentielle française, avait refusé de s'y rendre, invoquant son immunité parlementaire.
Il faut désormais que l'autorisation de levée de l'immunité "arrive sur le bureau du juge d'instruction avant qu'elle puisse produire des effets", et cela pourrait prendre plusieurs jours, a indiqué une source judiciaire française.
La levée d'immunité ne concerne que cette enquête et pas celle sur des soupçons d'emplois fictifs d'assistants de députés de son parti, le Front national, au Parlement européen, dans laquelle sa cheffe de cabinet a été mise en examen.
"Je pense que le résultat est clair: une grande majorité est pour la levée d'immunité", a déclaré Dimitrios Papadimoulis (GUE, extrême gauche), qui présidait les débats à Bruxelles, après un vote à main levée des eurodéputés en l'absence de l'intéressée.
Cette demande était formulée par le parquet de Nanterre (région parisienne), qui a ouvert une information judiciaire contre Marine Le Pen pour "diffusion d'images violentes".
Le Code pénal français punit de trois ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende le fait de diffuser "un message à caractère violent, incitant au terrorisme, pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine" lorsque ce message est "susceptible d'être vu ou perçu par un mineur".
En décembre 2015, la présidente du FN avait publié trois photos sur Twitter avec le texte "Daech c'est ça!": un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d'un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et une photo de l'otage américain James Foley, la tête posée sur le dos. Daech est l'acronyme arabe du groupe Etat islamique (EI).
Mme Le Pen entendait protester contre le "parallèle ignoble" effectué, selon ses propos, par le journaliste vedette du groupe BFMTV et RMC, Jean-Jacques Bourdin, entre le groupe EI et le Front national.
La photo de James Foley avait été retirée le lendemain, à la demande de la famille du journaliste, mais les deux autres images étaient toujours en ligne jeudi.
- 'Ridicule et problématique' -
"Je suis députée, je suis dans mon rôle quand je dénonce Daech", s'est justifiée Marine Le Pen jeudi matin sur la chaîne de télévision LCP et la radio France Bleu, avant le vote, critiquant "une enquête politique".
La dirigeante d'extrême droite est, selon les sondages, quasiment assurée de se qualifier le 23 avril prochain, pour le second tour de l'élection présidentielle française.
Marine Le Pen (d) et Gilbert Collard, le 7 avril 2016 à Paris
AFP/Archives
"Cette levée d'immunité est absolument ridicule et problématique", s'est insurgé son bras droit, Florian Philippot, sur BFMTV.
Les eurodéputés "sont des godillots", "qui jouent le jeu des islamistes en cachant leurs monstruosités" et ne défendent pas les "lanceurs d'alertes", a estimé son directeur de campagne, le sénateur David Rachline.
Dès mardi, lors d'une visite au Salon de l'agriculture, Mme Le Pen avait dénoncé "une procédure ultra rapide spéciale Marine Le Pen".
Selon le Parlement européen, 15 demandes de levée d'immunité ont été examinées en 2016. Chaque dossier a pris entre quatre et huit mois selon les cas. La demande concernant Mme Le Pen ayant été déposée le 5 octobre 2016, la procédure la concernant aura duré près de cinq mois.
"La procédure judiciaire contre Marine Le Pen suit les délais habituels", avait estimé l'eurodéputée italienne Laura Ferrara, du groupe parlementaire eurosceptique EFDD, chargée par le Parlement d'étudier la demande de la justice.
Mme Le Pen a récemment repoussé une autre convocation, de la police, cette fois-ci dans l'enquête sur les soupçons d'emplois fictifs concernant plusieurs assistants parlementaires d'eurodéputés du Front national.
Une information judiciaire a également été ouverte contre le député apparenté FN Gilbert Collard, qui avait lui aussi tweeté une image violente, utilisant la même raison que Marine Le Pen. Mais le bureau de l'Assemblée nationale française a refusé de lever de son immunité, jugeant la requête de la justice pas "suffisamment précise".
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.