"Votre politique tue": la députée Danièle Obono (LFI) a accusé mardi les "politiques anti-sociales" du Premier ministre d'avoir poussé l'étudiant de Lyon à s'immoler par le feu, s'attirant en retour les critiques du secrétaire d'Etat Gabriel Attal, qui a fustigé son "incantation dangereuse".
"M. le Premier Ministre, la précarité tue; elle est l'une des conséquences de vos politiques anti-sociales. A partir de combien de morts allez vous y mettre un terme ?", a violemment décrié la députée lors des questions à l'Assemblée nationale, s'adressant à Edouard Philippe. Elle venait d'évoquer l'étudiant de 22 ans qui s'est immolé à Lyon vendredi devant un restaurant universitaire, et qui est toujours entre la vie et la mort à l'hôpital.
En difficulté financière - il avait perdu sa bourse en "triplant" sa deuxième année de licence à l'université Lyon 2 - le jeune homme a expliqué son geste dans un message lu mardi. "Aujourd'hui je vais commettre l'irréparable, si je vise le bâtiment du Crous ce n'est pas par hasard, je vise un lieu politique", indiquait l'étudiant avant de passer à l'acte.
Le secrétaire d'Etat Gabriel Attal arrive à l'Elysée le 11 novembre 2019
AFP
Dans sa réponse à la députée, le secrétaire d'Etat en charge de la Jeunesse, Gabriel Attal, a déploré cette "tragédie" et rappelé que le gouvernait travaillait à améliorer la situation des étudiants.
"Ce jeune homme accuse votre politique, (...) c'est de nouveaux morts qui vont arriver à cause de cette politique, beaucoup de gens ont compris que vous n'en avez rien à faire de leur vie, vous préférez les laisser crever et désigner comme bouc émissaire les migrants et les étudiants", a alors répliqué Danièle Obono.
"Nous, nous agissons, vous, vous êtes dans l'incantation dangereuse, soyez un peu responsable", a lancé Gabriel Attal, sous les applaudissements nourris de la majorité.
La réunion à l’Elysée n’a pas abouti sur un accord. Mais avec des lignes rouges qui peuvent paraître très éloignées, la sortie de crise semble encore lointaine. Un début de rapprochement émerge cependant sur la méthode, autour du non-recours au 49.3.
Depuis la chute de Bachar Al-Assad, certaines déclarations de responsables politiques conciliant avec le régime dictatorial refont surface. En octobre 2015 par exemple dans l’émission « Preuves par 3 » sur Public Sénat, Jean-Luc Mélenchon estimait que les bombardements russes et syriens faisaient partie d’une guerre nécessaire contre les rebelles.
Reçus par Emmanuel Macron ce mardi, avec d’autres formations politiques à l’exception de LFI et du RN, socialistes et écologistes se sont engagés, s’ils accèdent au pouvoir, à ne pas utiliser le 49.3 à condition que les oppositions renoncent à la motion de censure. « Ça a été repris par Horizons, par le MoDem », a assuré Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS.
À la sortie d’une réunion avec les partis, hors LFI ou RN, le patron des députés de la Droite républicaine insiste à nouveau sur la nécessité d’aboutir à un accord de non-censure pour qu’un gouvernement survive. Il maintient sa ligne rouge : la droite ne veut ni ministres issus de la France insoumise, ni application du programme du Nouveau Front populaire.