Être agriculteur en 2020 : « La passion a ses limites », selon un membre des Jeunes agriculteurs

Être agriculteur en 2020 : « La passion a ses limites », selon un membre des Jeunes agriculteurs

Dans le cadre du Salon de l’agriculture 2020, Porte de Versailles à Paris, notre journaliste à Public Sénat a rencontré Julien Caillard, membre du bureau des jeunes agriculteurs. Ils ont parlé politique agricole commune, agribashing ou encore transition écologique.
Public Sénat

Par Alice Bardo

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Si devenir agriculteur fut une « évidence » pour Julien Caillard, la « passion a ses limites » tempère ce membre du bureau des Jeunes agriculteurs. Car « une rémunération juste, ça compte aussi ». Selon l’Insee, si le revenu moyen des agriculteurs est en augmentation en 2017 - 1 390 euros mensuels - de très fortes disparités subsistent, et près de 20 % d’entre eux ont déclaré un revenu nul, voire un déficit, de leur exploitation cette année-là. La loi Agriculture et Alimentation, promulguée le 30 octobre dernier, est censée revaloriser leur salaire, mais même le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, a admis que « le compte n’y est pas ».

Transition écologique : « Il y a un manque de lisibilité des politiques publiques. »

Une rémunération largement insuffisante donc, d’autant que nos agriculteurs font face à de multiples enjeux, à commencer par celui de la transition écologique. « Une opportunité de se démarquer » de l’avis de Julien Caillard, qui tient à souligner qu’il y a déjà de nombreuses « initiatives personnelles » dans la profession. Des initiatives qui se heurtent toutefois à un manque de soutien de l’État, regrette-t-il, ainsi qu’à un « manque de lisibilité des politiques publiques ». « Il faudrait un cap clairement tracé », insiste l’agriculteur, qui compte pas moins de « 8400 mesures agro-environnementales et climatiques en France ! »

Un besoin de lisibilité, mais aussi d’un accompagnement humain pour aider les agriculteurs à opérer la transition écologique « Il faut former les futurs accompagnateurs (…) revoir les diplômes : la formation initiale est très importante en France. »

Budget de la PAC : « On peut saluer l’action d’Emmanuel Macron »

Parmi les moyens de passer au vert, la conversion au bio, que permettent les aides de la politique agricole commune (PAC), mise en place à l’échelle de l’Union européenne. Son budget est actuellement en pleine renégociation et la Commission européenne souhaite réformer. « Je suis sceptique quant à l’efficacité de la future PAC », redoute Julien Caillard, qui rappelle également qu’« il faut un budget avant de savoir comment on va l’utiliser. Le désaccord entre les États dits « frugaux », favorables à une réduction du budget de la PAC, et ceux qui souhaitent son maintien, dont la France, persiste, et le dernier Conseil européen, qui s’est tenu juste avant l’ouverture du Salon de l’agriculture, n’a donc débouché sur aucun accord. « Là-dessus, on peut saluer l’action d’Emmanuel Macron », relève le membre des JA, qui « espère qu’il obtiendra gain de cause ».

« Le sentiment d’être dénigré dans ses pratiques. »

Une lueur d’espoir pour celui qui a le « sentiment d’être dénigré dans ses pratiques ». Un « agribashing » ambiant qui ajoute au mal-être des agriculteurs. Encore une fois, « la passion a ses limites ».

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Procès de l'assassinat de Samuel Paty : tous les accusés ont été reconnus coupables

Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle. Le verdict a été accueilli par des cris et des pleurs de la part de la famille de Naïm Boudaoud, âgé de 22 ans. « Ce soir, c’est la République qui a gagné », s’est félicité Thibault de Montbrial, avocat de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné. La cour a également déclaré coupables d’association de malfaiteurs terroriste les deux auteurs de la « campagne de haine « qui ont fait de Samuel Paty une « cible » : Brahim Chnina, 52 ans et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle. « J’ai compris que vous avez fait de la politique, pas de la justice », s’est exclamé depuis son box Abdelhakim Sefrioui avant d’être sèchement interrompu par le président, tandis que la famille de Brahim Chnina, très nombreuse sur les bancs du public, éclatait en sanglots et cris de désespoir. Vincent Brengarth, un des avocats d’Abdelhakim Sefrioui, a annoncé aussitôt que son client faisait appel de sa condamnation. Ouadie Elhamamouchi, autre avocat du prédicateur, a estimé que son client était désormais « un prisonnier politique ». « Je me désolidarise de ces propos-là », a cependant nuancé Me Brengarth, montrant des failles dans la défense du prédicateur. Avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils, présent à l’audience, Francis Szpiner s’est félicité d’un « verdict équilibré ». Le fils de Samuel Paty, âgé seulement de 9 ans, a compris que « justice a été rendue pour son père », a-t-il ajouté. Si le quantum des peines n’est pas très différent de ce que réclamait le parquet, la cour présidée par Franck Zientara a choisi de maintenir l’infraction de « complicité » pour les deux amis d’Abdoullakh Anzorov, un islamiste radical tchétchène de 18 ans, abattu par la police peu après son acte. Les quatre autres accusés, dont une femme, appartenant à la « jihadosphère » qui était en contact avec Anzorov sur les réseaux sociaux, ont également tous été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis. Pour deux d’entre eux (Ismaël Gamaev et Louqmane Ingar) la cour a retenu l’association de malfaiteurs terroriste tandis qu’elle a déclaré coupable Priscilla Mangel de provocation au terrorisme et Yusuf Cinar d’apologie du terrorisme. La veille de l’attentat, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov avaient accompagné Anzorov à Rouen pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime. A l’audience, Boudaoud et Epsirkhanov ont répété qu’Anzorov leur avait expliqué que ce couteau était « un cadeau » pour son grand-père. Le jour de l’attentat, le 16 octobre 2020, Boudaoud, le seul sachant conduire, avait accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’avait déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty. « Volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers » Les deux jeunes gens « avaient conscience de la radicalité » d’Anzorov et qu’il « avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers », a estimé la cour. Cependant, a souligné le président Zientara, « il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty ». Les magistrats du Pnat avaient requis 14 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Boudaoud et 16 ans de réclusion également assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Epsirkhanov. La cour n’a cependant pas retenu la période de sûreté des deux tiers à leur encontre. Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, avait lui posté des messages et une vidéo hostile au professeur dès le 7 octobre. Quant à Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas « Collectif Cheikh-Yassine », il avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu’Anzorov avait vu la vidéo d’Abdelhakim Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty. « La cour a considéré que (MM. Chnina et Sefrioui) avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste », a indiqué M. Zientara. (Avec AFP)

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