Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Estrosi redevient maire pour reprendre la main à Nice
Par Public Sénat
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Christian Estrosi (LR) a été réélu lundi maire de Nice, une semaine après avoir annoncé sa démission surprise de la présidence de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur pour reprendre sa place à la tête de sa ville, où sa famille politique traverse de fortes turbulences.
Frappé par la règle du non-cumul des mandats, M. Estrosi, 61 ans, avait cédé son fauteuil de maire il y a moins d'un an, gardant néanmoins la main sur Nice comme premier adjoint en charge de la sécurité, des ressources humaines, aux finances, aux transports, aux travaux et même à la voirie et au stationnement.
Il a été réélu par 55 voix sur 57 exprimées - 12 élus n'ont pas pris part au vote.
Répondant aux spéculations sur ses ambitions de partir travailler auprès du nouveau président Emmanuel Macron, pour lequel il s'est énergiquement investi entre les deux tours de la présidentielle, M. Estrosi a justifié son retour par sa volonté de "servir les Niçois".
L'opposition lui a reproché "de prendre les électeurs pour des pigeons", selon l'ex-Front national Marc-André Domergue. "Ce n'est pas un acte d'amour comme vous avez essayé de le faire croire mais un acte qui montre votre mépris pour les Niçois et les habitants de la région", a aussi critiqué le chef de file de l'opposition socialiste Patrick Allemand.
M. Estrosi avait été élu à la tête de la région Paca fin 2015 après le désistement du candidat socialiste pour faire barrage à l'extrême droite.
A l'époque, il voulait aussi barrer la route à Éric Ciotti, son ancien assistant parlementaire et son adversaire aujourd'hui au sein de la famille LR à Nice. Entre les deux hommes, le fossé n'a cessé de croître. Lundi, alors que M. Estrosi souhaitait "bonne chance" au nouveau Premier ministre LR choisi par M. Macron, le maire du Havre Édouard Philppe, M. Ciotti dénonçait "une aventure individuelle" et "une opération de déstabilisation de la droite et du centre".
"La greffe à Marseille (siège de la région, ndlr) n'a pas pris", avait prédit dès la fin 2016 un observateur à propos de Christian Estrosi: "Ses histoires avec Ciotti lui ont donné le coup de grâce. Il s'est brusquement rendu compte qu'il ne pouvait pas être à Marseille ou à Paris et avoir la guerre chez lui", selon ce fin connaisseur des équilibres locaux, qui estime aussi que l'attentat du 14-Juillet pèse sur la popularité locale de Estrosi, hué lors de meetings de François Fillon pendant la campagne présidentielle, y compris à Nice.
"La Région, Estrosi y est allé pour empêcher Ciotti de monter et de se positionner comme ministre. Son but, c'est de revenir au gouvernement et d'exister à Paris. Il vient de tellement loin qu'il pense qu'il a la baraka", commentait aussi avant la présidentielle un ancien proche d'Estrosi.
La situation à Nice de M. Estrosi s'est aussi enrichie d'un épisode relevant en apparence de sa stricte vie privée --il s'est remarié en novembre avec une présentatrice télé et sera bientôt de nouveau père-- s'il n'apportait son lot de tensions avec son ex-femme, la bouillante sénatrice LR Dominique Estrosi-Sassone.
A la région, c'est Renaud Muselier, un proche d'Estrosi, qui devrait lui succéder comme président, avec en ligne de mire la bataille pour la mairie de Marseille en 2020. Christian Estrosi devrait quant à lui devenir président délégué de la région, le poste qu'occupait jusqu'à présent M. Muselier.