« Mon crime Madame la sénatrice est d’avoir exercé mes fonctions exactement comme l’auraient fait tous mes prédécesseurs dans des circonstances analogues. J’ai suivi les recommandations de mon administration […] Vous ne pouvez pas dire que c’est faux vous n’en savez rien ». C’est par ces mots que le ministre de la Justice a répondu à « l’aimable question » de Marie Pierre de la Gontrie.
Lors d’une audition sur la réforme prochaine de la justice des mineures, la sénatrice PS de Paris en a profité pour interroger Éric Dupond-Moretti sur l’ouverture à son encontre d’une information judiciaire pour « prise illégale d’intérêts » par la Cour de Justice de la République.
Une enquête qui faite suite fait suite aux plaintes déposées en décembre par trois syndicats (Union syndicale des magistrats, Syndicat de la magistrature, Unité magistrats SNM FO) et l’association Anticor. Depuis la nomination de l’ancien avocat pénaliste en juillet dernier place Vendôme, les syndicats de magistrats dénoncent l’enquête administrative ordonnée par le ministre en septembre contre trois magistrats du parquet national financier (PNF), qui avaient participé à une enquête préliminaire visant à identifier « la taupe » qui aurait informé Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog qu’ils étaient sur écoute.
Des facturations téléphoniques détaillées de plusieurs pénalistes, dont celles du futur ministre, avaient été examinées. Encore avocat, M. Dupond-Moretti avait dénoncé des « méthodes de barbouzes ». De même, les syndicats reprochent à Éric Dupond-Moretti d’avoir ouvert une autre enquête administrative à l’encontre du magistrat Edouard Levrault. Avant de devenir ministre, M. Dupond-Moretti avait été l’avocat d’un policier mis en examen par ce magistrat et avait critiqué les méthodes du juge.
A la sénatrice qui lui demande à quelle étape de la procédure sa position au gouvernement deviendrait « problématique » comme par exemple une mise en examen, Éric Dupond-Moretti répond : « Puisque vous vous préoccupez de mon sort à venir, je voudrais venir très calmement, très aimablement et très respectueusement que si l’objectif de tout cela est de m’interdire de travailler, comme cela a déjà été exprimé par certains, alors ceux-là en seront pour leurs frais ».
Il conclut : « Je n’ai rien à craindre, je suis totalement serein ».