Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
En quête d’alliés en Europe, Macron rencontre jeudi les dirigeants du Benelux
Par Public Sénat
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Après le Danemark et la Finlande fin août, Emmanuel Macron rencontre jeudi au Luxembourg les dirigeants du Benelux puis Angela Merkel vendredi à Marseille, poursuivant sa recherche d'alliés face aux nationalistes eurosceptiques.
Parallèlement, le président cherche à créer une sorte de mouvement "En Marche" européen, pour porter ses idées lors des élections européennes de mai 2019, une échéance dont il a fait un enjeu crucial pour son quinquennat.
Christophe Castaner, délégué général de La République en marche, s'est ainsi rendu mardi à Bruxelles pour sonder plusieurs partis européens, afin de constituer d'ici la fin de l'année une "plateforme commune" avec d'autres mouvements progressistes, face aux nationalistes.
Un clivage qui domine désormais les débats en Europe et depuis le Brexit ne fait que se renforcer, comme le montrent encore la montée de l'extrême droite en Allemagne et les élections en Suède dimanche, estime Paris.
Parmi les alliés potentiels des macronistes, Christophe Castaner a rencontré Guy Verhofstadt, patron du groupe des libéraux démocrates (ALD), mais pas seulement, note l'Elysée.
"Il faut qu'En Marche en France et d'autres partis puissent dire vers décembre-janvier qu'ils ont une plateforme commune, avec sans doute un label différent des étiquettes actuelles, ce qui peut permettre une recomposition", estime l'entourage du président français, pour qui le Parti populaire européen (PPE, droite), qui s'étend de la CSU de Merkel au parti nationaliste d'Orban reflète "une forme d'incohérence".
Menant une même stratégie d'alliance au niveau des dirigeants nationaux, à Luxembourg, Emmanuel Macron déjeunera jeudi avec les Premiers ministres du Luxembourg, Xavier Bettel, des Pays-Bas, Mark Rutte, et de Belgique, Charles Michel.
Puis avec M. Bettel il enchaînera avec une "consultation citoyenne" sur l'avenir de l'Europe à 17h00 à la Philharmonie de Luxembourg, devant un millier de personnes.
Il retrouvera ensuite la chancelière à Marseille vendredi après-midi, pour un entretien suivi d'un dîner de travail, dans cette ville symbole des migrations.
Pendant ces deux jours, ses entretiens porteront sur la politique migratoire, le budget européen, l'Europe de la défense ou encore les négociations du Brexit.
Comme en Espagne et au Portugal en juillet et en Scandinavie fin août, Emmanuel Macron cherche "une alliance des progressistes même si ces pays ne partagent pas l'intégralité de nos propositions sur la zone euro, par exemple". Pour l'Elysée, "au-delà du sujet par sujet, nous sommes dans un moment lourd, où il faut rassembler les gens qui partagent l'essentiel".
Emmanuel Macron a endossé le rôle d'opposant principal aux gouvernements nationalistes anti-migrants comme l'Italie et la Hongrie, défendant avec la chancelière une ligne plus modérée sur la politique migratoire.
En revanche la France s'oppose aux pays du nord de l'Europe, en particulier aux Pays-Bas, sur les questions budgétaires et fiscales.
- Discorde sur le "Spitzenkandidat" ? -
Avec Angela Merkel, qu'il n'a pas vue depuis le conseil européen de fin juin mais qu'il appelle très régulièrement, Emmanuel Macron pourrait aussi discuter des candidats en lice pour la présidence de la Commission européenne en 2019, une pomme de discorde entre les deux dirigeants.
Sans fermer la porte à d'autres candidats, Angela Merkel soutient Manfred Weber, président du groupe du PPE au Parlement européen, principal parti de l'hémicycle. "Le choix se fera lors du congrès du PPE en novembre à Helsinki. Mais je redis que je soutiens cette candidature de Manfred Weber", a déclaré mercredi la chancelière.
Elle laisse entendre en tout cas qu'elle se pliera à la règle du "Spitzenkandidat", par lequel les chefs d'Etat et de gouvernement ont pris l'habitude depuis 2014 de désigner comme président de la Commission le chef de file du parti ayant recueilli le plus de voix aux élections européennes.
Avant cette date, les dirigeants de l'UE se mettaient ensemble d'accord sur un nom, après des tractations autour d'autres postes clés, par exemple le président de la Banque centrale européenne.
Emmanuel Macron, lui, s'est toujours opposé à cette règle informelle et préférerait réunir les chefs d'Etat et de gouvernement sur son propre candidat. Parmi les noms qui circulent figure la commissaire à la Concurrence, la Danoise Margrethe Vestager.