La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
En mai 1968 de Gaulle a hésité à dissoudre l’Assemblée nationale pour mettre fin à la crise
Par Hugo Ruaud
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En 1968, tout semble aller pour le mieux dans la France des 30 glorieuses. Stabilité politique retrouvée, économie galopante et indépendance nationale rétablie : tel est le triptyque dont peut se féliciter le général de Gaulle à la tête de l’Etat. Mais c’est sans compter sur une nouvelle génération qui, selon l’historienne Frédérique Neau-Dufour, « a besoin de secouer ce monde ancien dans lequel on l’a élevé qui vit dans le culte de résistance, de la mort, et des commémorations » : les baby-boomers. Le monde a changé, la jeunesse étudiante aspire à d’autres idéaux, et ne se reconnaît plus dans ceux qu’incarne le général de Gaulle. Au mois de mai elle se révolte, occupe les amphithéâtres, monte des barricades et convoque « l’imagination au pouvoir ».
La magie n’opère plus
Devant la « chienlit » des barricades, le Président de la République, lui, délaisse l’imagination pour les fondamentaux : proposer un référendum. Ce dernier lui avait permis de se sortir de nombreuses situations (indépendance de l’Algérie, élection au suffrage universel du Président de la République) quelques années plus tôt. Mais en 1968, la magie n’opère plus, et la colère ne retombe pas.
Le jour où Pompidou convainquit de Gaulle
Une question se pose alors : doit-il, oui, ou non, dissoudre l’Assemblée nationale ? Bien que souvent décrit comme un homme dont l’autorité était suffisamment importante pour imposer ses décisions, de Gaulle va cette fois se laisser influencer par Georges Pompidou. C’est en tout cas ce dont témoignent les archives de son discours du 30 mai 1968 : « Je ne dissoudrai pas, en ce moment, l’Assemblée nationale, qui n’a pas voté la censure, » écrit-il initialement pour son allocution. « Il y a une volonté de montrer l’autorité de l’Etat » commente l’historien David Bellamy. Or cette phrase est ensuite rayée, remplacée par « je dissous, aujourd’hui, l’Assemblée nationale ». « C’est un passage extrêmement important, car l’on sait que c’est un entretien avec son premier ministre Georges Pompidou, qui l’a fait changer d’avis ». C’est cette dissolution qui permit d’apaiser les manifestants, et de sortir de la crise de 1968. Sans pour autant empêcher, un an plus tard, le « Non » au référendum proposé par de Gaulle, entérinant le départ du pouvoir du Général, le 28 avril 1969.
Un film à voir ce samedi 28 novembre à 22h30 et dimanche 29 à 10h30 sur Public Sénat
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