En faux plat à huit jours du premier tour, Le Pen attaque Macron

En faux plat à huit jours du premier tour, Le Pen attaque Macron

Marine Le Pen, en perte de vitesse dans les sondages à huit jours du premier tour de la présidentielle même si elle reste dans le...
Public Sénat

Par Guillaume DAUDIN

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Marine Le Pen, en perte de vitesse dans les sondages à huit jours du premier tour de la présidentielle même si elle reste dans le duo de tête, s'est attaquée frontalement samedi à Perpignan à Emmanuel Macron, son principal adversaire, l'accusant de favoriser le développement de l'islamisme.

"Si par malheur il était élu président de la République, M. Macron accélèrerait encore davantage la dérive multiculturelle (...) et aggraverait un communautarisme déjà malheureusement en pleine progression (...). Avec M. Macron, ce sera l'islamisme en marche, le communautarisme en marche!" a lancé la candidate FN devant environ 1.500 personnes au Palais des Congrès de Perpignan.

Pour elle, celui que les sondages présentent comme son principal adversaire est un "homme sans foi ni loi". Un "vendu", l'ont conspué des frontistes.

François Fillon, candidat LR, a lui aussi été accusé de n'être "absolument pas clair avec la question de la laïcité et de l'islam radical".

Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise, a pour sa part été vilipendé pour la volonté qu'elle lui prête de "laisser entrer tout le monde en France et régulariser tous les clandestins".

En retour, Marine Le Pen s'est présentée comme seul rempart "au danger mortel que représente le fondamentalisme islamiste".

En ouverture, Robert Ménard, le maire de Béziers qui a entretenu des relations tumultueuses avec le FN, a applaudi le "courage" de Mme Le Pen, et l'a implorée de faire le "rassemblement" à droite pour espérer parvenir à l'Elysée.

Louis Aliot, compagnon de Marine Le Pen mais aussi chef du FN à Perpignan, s'en est pris sous de vifs applaudissements aux "hommes prétendument nouveaux, là pour détourner le peuple des vrais problèmes".

- 'J'ai besoin de vos voix' -

Sous les vivats, Mme Le Pen a livré l'un de ses discours de campagne les plus durs, comme pour répondre à sa baisse constante dans les sondages depuis mi-mars: elle est passée de 26% à 23% des intentions de vote en moyenne, et est parfois devancée par M. Macron, qui pourtant subit lui aussi un tassement.

"L'important est d'être au second tour", a-t-elle relativisé vendredi sur franceinfo.

Mais le binôme Le Pen - Macron voit revenir dans le rétroviseur MM. Fillon et Mélenchon, ce dernier ayant gagné dans la même période sept points d'intentions de vote.

Désormais dans la marge d'erreur avec ses poursuivants, Mme Le Pen est moins assurée de parvenir au second tour, ce qui constituait l'une des très rares constantes dans les sondages depuis le printemps 2013.

"On le savait que ça serait compliqué" reconnaît un dirigeant FN, qui tempère : "Il y a une nouvelle campagne au second tour".

Pour espérer l'emporter, il faudrait selon lui au premier tour a minima "+Marine+ à 29-30, Macron à 21-22 et Fillon à 20"... Loin du résultat pronostiqué à huit jours de l'échéance.

Certains signes semblent d'ailleurs confirmer que la dynamique Le Pen s'est enrayée : si certaines réunions publiques font le plein, comme mardi à Arcis-sur-Aube, d'autres rassemblent une assistance plus faible ou tiède, comme jeudi à Pageas (Haute-Vienne).

Samedi, le Palais des Congrès de Perpignan, ville qui a pourtant placé le FN à 41% dès le premier tour des régionales 2015, n'était pas plein.

Marine Le Pen, critiquée par MM. Macron et Fillon, a dû se justifier ces derniers jours pour avoir dit le 9 avril que la France n'était "pas responsable" de la rafle du Vel d'Hiv de 1942.

Comme M. Fillon, mais à un degré moindre, les affaires judiciaires continuent de rythmer sa campagne : la justice a demandé la levée de son immunité d'eurodéputée, alors qu'elle est visée par une enquête sur des soupçons d'emplois fictifs d'assistants du Front national au Parlement européen.

L'AFP a révélé vendredi de nouveaux éléments réunis par les enquêteurs et des témoignages semblant accréditer ces soupçons démentis par le parti.

Marine Le Pen doit encore tenir deux réunions publiques majeures, lundi au Zénith de Paris, et mercredi au Dôme à Marseille. "J'ai besoin de vos voix", a-t-elle imploré samedi.

Dans la même thématique

France Politics
11min

Politique

Budget, assurance chômage, Nouvelle-Calédonie… Les dossiers chauds qui attendent Michel Barnier

Après deux mois de flottement, de nombreux dossiers se sont accumulés sur le bureau du Premier ministre. Tout juste nommé, Michel Barnier va devoir relancer plusieurs réformes, mises à l’arrêt avec la dissolution. Néanmoins, la constitution d’un budget reste le premier saut d’obstacles pour le nouveau chef de gouvernement et sa future équipe ministérielle.

Le

NATO Summit
6min

Politique

« Depuis les élections législatives, l’autorité d’Emmanuel Macron s’est affaiblie en Europe et sur la scène internationale »

Ce vendredi, Emmanuel Macron rencontre Olaf Scholz sur les bords du lac Léman, à Évian-les-Bains. Le chef de l’Etat et le chef du gouvernement allemand participent à la nouvelle édition des rencontres franco-allemandes, un rendez-vous devenu incontournable dans les relations entre les deux pays. Alors que les deux hommes sont affaiblis sur la scène intérieure à la suite de revers électoraux, la professeure d'histoire et de civilisation allemande à Sorbonne Université, Hélène Miard-Delacroix, dresse un état des lieux des relations entre Paris et Berlin.

Le

France Politics
5min

Politique

« Ce n’est pas un amateur de punchlines », Michel Barnier raconté par ses soutiens au Sénat

Le nouveau Premier ministre au CV long comme le bras a été le troisième homme de la dernière primaire interne à LR. A cette époque, peu de sénateurs croyaient en ses chances de victoire. Ses soutiens de l’époque expliquent pourquoi ils avaient fait de lui leur favori. Ils décrivent un homme taillé pour exercer le pouvoir, beaucoup moins pour le conquérir.

Le