Emmanuel Macron : déjà 6 mois

Emmanuel Macron : déjà 6 mois

Des réformes, des petites phrases et des polémiques, 6 mois après son élection, quel premier bilan pour Emmanuel Macron ?
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 « Je fais ce que j’ai dit ». En politique, la formule est éculée mais c’est pourtant bien par cette justification qu’Emmanuel Macron a expliqué le 15 octobre dernier vouloir poursuivre le train de ses réformes

Des réformes économiques et fiscales à, marche forcée

Marqueur de sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait promis une réforme du code du travail par ordonnances. Accorder plus de flexibilité aux entreprises tout en assurant plus de sécurité aux salariés, afin de mettre un terme au chômage de masse : C’est l’équation martelée par l’exécutif pour justifier le bien-fondé de son action. Le mouvement social promis à la rentrée n’a pas pris. « Pour l'instant, c'est lui (Emmanuel Macron) qui a le point. Faut pas chercher à le cacher, parce que si on raconte des histoires, on n'est pas crédible » a  même concédé Jean-Luc Mélenchon.

 Le gouvernement compte également s’attaquer, dès l’année prochaine,  à un autre grand chantier : l’assurance chômage. Que l’exécutif souhaite étendre aux indépendants et aux salariés démissionnaires. Une réforme qui devrait être accompagnée d’un changement du financement et de la gouvernance de l’UNEDIC,  actuellement gérée paritairement par le patronat et les syndicats et qui pourrait basculer vers une gestion tripartite avec un pilotage de l’État. «Il n'y a rien de pire qu'un système où celui qui décide n'est pas celui qui paie» affirmait le candidat Macron à l’Obs en novembre 2016.

Macron : Président des riches ?

Une image qui colle à la peau du chef de l’État. Selon un sondage réalisé par Harris Interactive pour France 2, 63% des personnes interrogées considèrent que la politique conduite  par le chef de l’État profite davantage « aux catégories supérieures ». Parmi les mesures visées la réforme de l’ISF ou encore la baisse de 5 euros mensuels des APL. L’impact de La réforme de l’ISF et du nouveau prélèvement forfaitaire unique (PFU), aussi appelé « flat tax », conduirait à un gain total de 1,5 million d’euros pour chacun des 100 contribuables les plus riches selon les calculs de Vincent Éblé, président socialiste de la commission des finances du Sénat (voir notre article).

En choisissant deux ministres issues des rangs de la droite à Bercy, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, le chef de l’État parviendrait presque à déstabiliser Les Républicains, en témoignent ces propos de Roger Karoutchi qui au micro de Public Sénat a dénoncé « les choix de libéral profond » d’Emmanuel Macron.

La fin de l’État d’urgence

« Moi, je ne vais pas inventer un programme de lutte contre le terrorisme dans la nuit ». À quelques jours du premier tour de la présidentielle, cette phrase prononcée par Emmanuel Macron au lendemain d’un attentat sur les Champs-Élysées, avait été perçue par Marine Le Pen comme une preuve de son incompétence. Quelques mois tard, le gouvernement fait adopter une loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. Un texte censé remplacer l’état d’urgence qui après avoir été prolongé une dernière fois en juillet  est arrivé à son terme le 1er novembre. La nouvelle loi est jugée liberticide par certaines associations et élus. « Confondre la sûreté avec la passion sécuritaire serait faire fausse route » a répondu Emmanuel Macron lors d’un discours devant la Cour européenne des droits de l’Homme ou pour la première fois un chef de l’État français s’exprimait.

La moralisation de la vie politique une réforme par étapes

Thème clé de la dernière campagne présidentielle consécutif à l’affaire Pénélope Fillon, la loi sur la moralisation de la vie publique rebaptisée loi « pour la confiance dans la vie politique » a commencé par plusieurs couacs. Soutien de la deuxième heure du candidat En Marche, François Bayrou avait conditionné son soutien à cette grande réforme. Au bout de quelques semaines, le nouveau ministre de la Justice est contraint de démissionner suite à des révélations  au sujet d’emplois supposés fictifs au sein du Modem. Une affaire qui coûtera aussi son poste au gouvernement à Marielle de Sarnez, également membre du Modem. Richard Ferrand est lui aussi exfiltré suite à sa mise en cause dans une affaire immobilière. L’affaire sera classée sans suite.

Après l’adoption d’une loi organique et d’une loi ordinaire (voir nos articles) la troisième étape de la « moralisation » nécessitera une réforme de la Constitution. Une révision constitutionnelle nécessaire pour réduire le nombre de parlementaires, introduire non-cumul des mandats dans le temps, ou encore  réformer du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Le style Macron

Emmanuel Macron qui ne cède rien aux « fainéants » sur la réforme du code du travail. Emmanuel Macron qui fustige ceux qui foutent « le bordel » lors d’une visite en Corrèze perturbée par des salariés de GM&S. Emmanuel Macron qui refroidit les demandes des Guyanais en leur indiquant  qu’il n’est « pas le père Noël », autant de déclarations qui laissent libre court à des multiples analyses. Dérapages ou calcul, chacun se fait son avis. Des déclarations qui « ne sont pas celles d’un président de la République mais plutôt celles d’un adolescent, intellectuellement supérieur à la moyenne qui a envie de dominer les gens par sa réflexion » selon le communicant Jacky Isabello.

Alors que retenir des 6 premiers mois d’Emmanuel Macron ? Trop tôt pour juger son action estiment 50% des Français interrogés par l’institut Elabe pour BFM. Tandis qu’une autre enquête, réalisée pour France 2 par Harris Interactive, indique que 59% des Français s’estiment mécontents de ce début de quinquennat.

Sujet vidéo: Marie Brémeau

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