EELV: Julien Bayou, de l’activisme virevoltant à la direction d’un parti

EELV: Julien Bayou, de l’activisme virevoltant à la direction d’un parti

Il a fait ses armes dans les associations de lutte contre le mal-logement, l'évasion fiscale, la précarité des stagiaires : Julien Bayou a pris...
Public Sénat

Par Baptiste BECQUART, Ambre TOSUNOGLU

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Il a fait ses armes dans les associations de lutte contre le mal-logement, l'évasion fiscale, la précarité des stagiaires : Julien Bayou a pris samedi la tête d'Europe Écologie-Les Verts, un parti en quête de nouvelles victoires.

Vendeur de bonbons, livreur de pizzas, téléopérateur en centre d'appel... l'actuel porte-parole d'EELV, 39 ans, a enchaîné les petits boulots avant de faire des études à l'Institut d'études politiques de Strasbourg, puis de Paris.

A la fin de son master en économie internationale, ce Parisien, né dans une "famille de sensibilité de gauche, avec une mère maoïste", avoue être confronté à un dilemme : "Choisir entre le monde classique de la finance ou de l'assurance, ou pas...". Ce sera pas.

Son truc à lui ? "L'administration, en l'occurrence celle de l'Éducation nationale, et le conseil pour l'Unesco", dit celui qui est aujourd'hui élève avocat - après avoir repris ses études par correspondance -, élu conseiller à la région et toujours militant.

Il réalise ses premiers faits d'armes avec la création, avec une poignée de copains, du collectif "Générations précaires" en 2005. Masque blanc sur le visage pour garder l'anonymat, il dénonce le recours abusif aux stagiaires dans certaines entreprises. A force d'actions coups de poing, le groupe obtiendra l'obligation d'avoir une convention et de rémunérer les stages d'une durée supérieure à trois mois.

Le porte-parole d'Europe Ecologie Les Verts (EELV), Julien Bayou, le 30 novembre 2019 à Saint-Denis, au nord de Paris
Le porte-parole d'Europe Ecologie Les Verts (EELV), Julien Bayou, le 30 novembre 2019 à Saint-Denis, au nord de Paris
AFP

Julien Bayou met ensuite son talent pour le verbe et les slogans chocs au service de nouveaux combats, et devient progressivement "scintillant et médiatique", comme le dit son vieil ami de quinze ans, Manuel Domergue. Il fonde ainsi "Jeudi noir" pour lutter contre le mal-logement à Paris et les loyers excessifs en squattant des immeubles vides. Ou "Sauvons les riches", avec des coups d'éclat en pleine assemblée d'actionnaires, pour réclamer plus d'égalité.

Le collectif a notamment offert à Jacques Séguéla une montre Casio, qui "lit l'heure comme une vraie Rolex", une allusion à la polémique créée par le communicant, qui considérait qu'"à 50 ans si on n'a pas une Rolex, on a raté sa vie".

- "Écologie très à gauche" -

Récemment, il a cofondé "Notre affaire à tous", qui fait partie des associations qui ont assigné l'État pour inaction face aux changements climatiques.

Si son audace dans les milieux associatifs ou écologistes lui permet de marquer des points, le militant à la chevelure châtain et touffue a tardé à transformer l'essai en politique avec les écologistes, contrairement à Raphaël Glucksmann (PS-PP) ou Ian Brossat (PCF), de la même génération que lui.

Au congrès d'EELV en 2013, sa liste "Love" arrive loin derrière celle d'Emmanuelle Cosse, d'Yves Cochet et Alain Lipietz. Qu'importe. Il deviendra porte-parole du parti la même année, avant d'être élu conseiller régional d'Ile-de-France.

Mais en juin 2019, alors qu'il prépare le terrain depuis longtemps en interne, il est battu par David Belliard lors de la primaire qui investit le candidat à la mairie de Paris.

Certains dans le parti considèrent que son statut d'éternel activiste cadre mal avec l'ambition nouvelle des écolos d'exercer le pouvoir.

Mais le secrétaire national sortant, David Cormand, y voit surtout un avantage : "L'ADN de l'écologie politique est précisément l'activisme, de Cohn-Bendit à Jadot. Julien n'est pas juste cheveux aux vents à crier dans la rue. C'est un activiste sérieux, qui a de solides capacités d'organisation."

"Julien est plus sur la ligne écolo-citoyen-activiste. A Paris, il est revenu à ses alliances traditionnelles, une écologie très affirmée à gauche", explique à l'AFP le maire écologiste du IIe arrondissement parisien, Jacques Boutault, un proche.

Julien Bayou prend volontiers en exemple les mesures prises par Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble, qui "a diminué de façon drastique la pollution en ville en diminuant la place de la voiture, faisant des pistes cyclables ou interdisant les panneaux publicitaires".

"Est-ce que c'est radical ? Est-ce que c'est subversif ? Non, c'est écolo", tranche-t-il. Mais à l'inverse, pour un opposant de gauche, "Julien c'est LFI version vert".

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

EELV: Julien Bayou, de l’activisme virevoltant à la direction d’un parti
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

EELV: Julien Bayou, de l’activisme virevoltant à la direction d’un parti
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le