Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Ecologie : les dossiers chauds qui attendent François de Rugy
Par Public Sénat
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Nommé ministre de la Transition écologique, François de Rugy a déjà une belle pile de dossiers qui l’attend. Après le passage de Nicolas Hulot, qui a démissionné avec fracas en raison du manque d’ambition écologique du gouvernement, c’est un sérieux défi à relever. Tour d’horizon des sujets à traiter.
Le budget
C’est le nerf de la guerre. Une politique écologique ambitieuse nécessite des moyens. Or Nicolas Hulot ne semble pas avoir eu les arbitrages voulus dans le projet de budget. Et quand la croissance est moins bonne que prévue, que le gouvernement essaie de tenir ses objectifs européens de réduction du déficit, l’écologie en fait les frais. « Le problème aujourd’hui, c’est que l’écologie coûte cher, même très cher. Et Bercy (le ministère du Budget, ndlr) n’a jamais accompagné Nicolas Hulot. C’est centrale. L’affaire était pliée » affirmait la semaine dernière le sénateur écologiste Ronan Dantec, après la démission de l’ex-ministre. Mardi soir, lors de la passation de pouvoir, Nicolas Hulot a lui-même dénoncé ce manque de moyens, en s’adressant aux équipes du ministère : « On vous en demande beaucoup plus en vous en donnant beaucoup moins. Ça a probablement alimenté aussi ma décision ».
La feuille de route énergétique avec la question du nucléaire
Pendant la primaire de gauche, François de Rugy était clairement contre le nucléaire. Ça tombe bien, c’est l’un des premiers dossiers brûlants qui attend François de Rugy, avec la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour la période 2023-2028. C’est l’une des causes du départ de Nicolas Hulot. Alors que ce dernier avait dû acter le report de l’objectif de réduction à 50% de la part du nucléaire dans la consommation d’énergie en 2025, il s’agira de définir la feuille de route énergétique de la France. Elle précisera « la part de chaque énergie, le développement des énergies renouvelables que nous voulons faire » a expliqué François de Rugy mardi matin sur France Inter. La question des fermetures de réacteurs de centrales nucléaires sera compliquée. Pour le moment, seule la fermeture de Fessenheim est actée, alors qu’un rapport commandé par le gouvernement préconise la construction de six EPR, les centrales de nouvelle génération…
La fermeture des centrales à charbon
C’est un engagement du gouvernement : la fermeture des quatre centrales française à charbon, émettrices de CO2, d’ici 2022. La plus grande de ces centrales se trouve justement dans le département d’élection de François de Rugy, en Loire-Atlantique.
La contribution climat énergie
La contribution climat énergie, c'est le versement d'une part de la taxe carbone, par exemple aux collectivités, pour les aider à mettre en place des politiques de transition écologique. Elle sera aussi un sujet important. « C’est 20-25 milliards d’euros de plus dans le budget de l’Etat. Est-ce que ça sert à la transition énergétique ou aux critères de Maastricht ? » demande Ronan Dantec.
Agriculture
Le projet de loi alimentation et agriculture, encore en cours d’examen au Parlement, a vu les lobbys de l’agroalimentaire à l’œuvre. Sur le bio dans les cantines, le texte prévoit que « la restauration collective publique devra s’approvisionner avec au moins 50% de produits issus de l’agriculture biologique, locaux ou sous signes de qualité à compter du premier janvier 2022 ». Une définition large.
La question du glyphosate sera suivie de près. Les députés avaient rejeté les amendements qui visaient à inscrire dans la loi la sortie de l’herbicide en 2021, le gouvernement préférant d’abord trouver des solutions pour les agriculteurs. Mais le gouvernement assure que cette sortie du glyphosate sera faite.
Le projet de mine aurifère « Montagne d'Or » en Guyane
« C'est un des dossiers chauds, comme on dit, qui est sur mon bureau comme sur celui de l'ensemble du gouvernement ». François de Rugy le dit lui-même, le projet de mine aurifère « Montagne d'Or » en Guyane va être compliqué. Ce projet Montagne d'or, décrié par les associations environnementales, prévoit l'exploitation à ciel ouvert d'une mine aurifère d'une superficie de 8 km2, à partir de 2022, en forêt tropicale, via un procédé de récupération de l'or par cyanuration en circuit fermé. « Rien que le débat (de la Commission nationale du débat public) a montré que ce projet ne pouvait pas être mené tel qu'il avait été envisagé. Donc il faudra le reprendre, d'une façon ou d'une autre » a-t-il prévenu sur France Inter. « Ma conviction est déjà qu'on ne peut pas le faire tel quel. C'est clair et net ».
Mobilités vertes
Plusieurs sujets seront débattus avec la loi mobilité, en cours de finalisation, notamment la question de la taxation du transport routier de marchandises, les transports en commun et le niveau du « fonds vélo ».