Drame de Furiani : il n’y aura plus de matches de foot professionnel le 5 mai, après le vote du Parlement
Une proposition de loi interdisant les matches de football le 5 mai a été votée par le Sénat, sans modification, le texte est donc adopté par le Parlement. Une mesure qui permet de commémorer le drame du stade de Furiani en 1992.

Drame de Furiani : il n’y aura plus de matches de foot professionnel le 5 mai, après le vote du Parlement

Une proposition de loi interdisant les matches de football le 5 mai a été votée par le Sénat, sans modification, le texte est donc adopté par le Parlement. Une mesure qui permet de commémorer le drame du stade de Furiani en 1992.
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Ce n’est pas tous les jours que le football s’invite dans les débats du Parlement. En l’occurrence, le sujet n’est pas réjouissant. Une proposition de loi, votée à l’Assemblée nationale, adoptée  par le Sénat, prévoit d’interdire l’organisation de matches de football professionnel à la date du 5 mai, jour de commémoration du drame de Furiani. Cette interdiction de jouer le 5 mai est toutefois circonscrite : ainsi, les matchs de football amateurs pourront toujours se tenir. Le cas échéant, les joueurs et les arbitres porteront un brassard noir.

Le 5 mai 1992 à Bastia, une tribune provisoire de 10 000 places du stade de Furiani s’est effondrée lors du match entre le Sporting Club de Bastia et l’Olympique de Marseille. Bilan de la catastrophe : 19 morts et 2357 blessés. « J’ai perdu des amis et de la famille dans cette catastrophe », témoigne Paulu Santu Parigi, sénateur nationaliste corse, membre du groupe écologiste au Sénat. « Cet accident symbolise les dérives de l’argent roi dans le sport. Ils ont monté une tribune sur un échafaudage pour remplir davantage les caisses. »

Le combat du Collectif des victimes

Le gel des matches professionnels le 5 mai est une demande de longue date du Collectif des victimes du 5 mai 1992. « Le but c’est de sacraliser cette journée, d’en faire un moment de mémoire et de recueillement », explique le sénateur corse. « C’était une promesse de François Mitterrand qui n’a pas été suivie par la Fédération française de football », rappelle Thomas Dossus, sénateur écologiste et rapporteur du texte au Sénat. En juin 2015, un accord entre le Collectif des victimes et les fédérations de football est conclu, sous l’égide de l’Etat représenté par le secrétaire d’Etat aux Sports de l’époque Thierry Braillard. Cet accord vise à interdire les matches de football les années où le 5 mai tombe un samedi. « Cela ne représentait pas grand-chose car le drame s’est déroulé un mardi. D’où une interdiction annuelle », explique Thomas Dossus.

« Pas la plus belle manière de rendre hommage »

Cette proposition de loi ne fait pas l’unanimité chez certains sénateurs passionnés de football. « J’ai un immense respect pour les familles des victimes du drame de Furiani, mais je ne trouve pas qu’interdire le football soit la plus belle manière de leur rendre hommage », estime Jean-Raymond Hugonet, sénateur (LR) et membre de la commission de la Culture du Sénat. « On peut inventer des manières de commémorer cet événement tout en jouant au football. Il faut valoriser le jeu. » En Angleterre, après la catastrophe d’Hillsborough du 15 avril 1989 (l’effondrement d’une tribune ayant 97 morts), le début de tous les matches du pays est décalé de 7 minutes, délai qui correspond au temps écoulé entre le début du match et son interruption à l’époque.

Fallait-il légiférer sur ce sujet ?

Interrogé il y a quelques semaines, le sénateur Hugonet estimait « que ce n’est pas à la loi de s’occuper de ce type de démarche mémorielle. On légifère déjà beaucoup trop dans notre pays. » Face à cet argument, le rapporteur Thomas Dossus répond que « les lois mémorielles, cela existe dans notre pays. Ce n’est pas de la surenchère législative, car ce texte représente juste un article dans le Code du sport. Le législateur doit intervenir sur ce sujet face à l’inaction des fédérations de football. »

Le Sénat a  cependant voté à main levée, sans modifications, le texte porté par le député corse Michel Castellani (Libertés et territoires), qu'avait adopté l'Assemblée nationale en février 2020.

 

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