De nombreuses entreprises cotées en Bourse ont promis d’annuler, ou du moins de réduire, leurs versements de dividende au titre de l’année 2019, répondant à l’appel de modération du gouvernement. Le groupe Vivendi, inscrit au CAC40, a fait exception. Ses actionnaires ont décidé le 20 avril d’augmenter le dividende de 20%.
Or, le site d’information Les Jours révèle que le groupe dirigé par Vincent Bolloré a pris cette décision alors même que sa filiale Canal+ a recours au chômage partiel, bénéficiant donc d’aides publiques. Pour le président (PS) de la commission des finances du Sénat, Vincent Éblé, « c’est tout à fait scandaleux, c’est extrêmement choquant ».
« Ils ne peuvent pas à la fois avoir le beurre et l’argent du beurre », réagit François Patriat
Vivendi : « Ils ne peuvent pas à la fois avoir le beurre et l’argent du beurre », réagit François Patriat
Le président du groupe La République en marche, également interrogé sur Public Sénat, a lui aussi vivement réagi. « Je suis totalement opposé aujourd’hui à ce que des entreprises qui ont versé des dividendes à des actionnaires (…) demandent, dans le même temps, des aides de l’État. Ils ne peuvent pas à la fois avoir le beurre et l’argent du beurre », a dénoncé François Patriat.
Fin mars, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, avait indiqué que le versement de dividendes ne pouvait se cumuler avec le bénéfice d’un report de charges ou d’un prêt garanti par l’État. Sous peine de sanctions. Pour les entreprises ayant recours au chômage partiel, il avait simplement invité les entreprises à « donner l’exemple » et « faire preuve de modération ». Une simple incitation, mais pas une interdiction dans le droit.
Le président de la commission des Finances au Sénat regrette cet état de fait. « On voit que malgré cette affirmation, qui est presque là pour amuser la galerie semble-t-il, qu’aucun dispositif contraignant n’est adopté en la matière ». « Nous dénonçons ces pratiques et nous demandons que des dispositions opérantes soient mises en œuvre pour les interdire », a ajouté Vincent Éblé.