La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
Discours de Macron au Congrès : « Enfilage de perles », « pas de jambe gauche » dénonce l’opposition
Par Public Sénat
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Après 1h30 de discours à Versailles, où l’hémicycle qui accueille le Parlement réuni en Congrès s’est échauffé, minute après minute, députés et sénateurs n’ont pas tardé à réagir au discours d’Emmanuel Macron (voir les temps forts en vidéo). Dans les couloirs en forme de labyrinthe du château de Versailles, les journalistes se ruent vers la salle des deux colonnes, pour tendre un micro.
« Un Président qui marche sur une seule jambe »
Certains parlementaires n’ont pas attendu l’après discours pour réagir. Quand Emmanuel Macron assure que « rien ne changera pour les retraités d’aujourd’hui » sur les pensions de réversion, la sénatrice PCF Cécile Cukierman demande « et demain ? », alors que l’hémicycle s’agite. Sur le même ton, cette fois devant les journalistes, le sénateur et numéro 1 du PCF, Pierre Laurent, n’a vu que des « belles paroles » sur la question sociale. « En réalité, sur les retraites, il renverse le système et met fin aux droits collectifs pour des droits individualisés avec des retraites qui seront plus faibles », estime le communiste.
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a vu lui « un Président qui est dans le déni, qui ne comprend pas ce que les gens vivent. Il dit que les inégalités ne sont pas un problème de revenus, mais un problème de destin… » Debout devant un immense tableau représentant le général Augereau lors de la bataille du pont d’Arcole, le député ajoute : « Ce sera débrouillez-vous. Dans la politique d’Emmanuel Macron, il n’y a pas de jambe gauche. C’est un Président qui marche sur une seule jambe ».
« Je ne participe pas au narcissisme du Président »
Toutes les oppositions attaquent en cœur le discours du chef de l’Etat. Le député LR Éric Ciotti reste sur sa faim sur la laïcité, « il n’y a rien sur le port des signes religieux ». Valérie Boyer fait partie des quelques députés LR qui ont boycotté le discours. Elle vient cependant y réagir salles des deux colonnes. « Je ne participe pas au narcissisme du Président, qui se met en scène. Mais j’ai regardé sur ma tablette » explique la députée LR des Bouches-du-Rhône. « Il n’y a rien qu’est sorti du discours » tranche-t-elle. Elle n’apprécie pas la possibilité que compte se donner Emmanuel Macron, grâce à la réforme constitutionnelle, de pouvoir rester et répondre, l’année prochaine. « C’est un semblant de dialogue pour qu’il puisse s’exprimer un peu plus ».
Le sénateur LR Gérard Longuet juge cette disposition « constitutionnellement absurde. Le Président peut dissoudre l’Assemblée. Mais l’Assemblée ne peut pas dissoudre le Président ».
Habitués des caméras
Dans le château, les journalistes sont tenus à distance. Ils ne peuvent se rendre dans la galerie des bustes, comme l’année dernière. Seuls les parlementaires les plus médiatiques et habitués des caméras – ou qui les cherchent – passent une tête salle des deux colonnes. Voilà Marine Le Pen. « Pour le Président, il n’y a pas de risque de sécurité, il y a des gens qui ont peur », raille la présidente du RN (ex-FN). Elle a cependant apprécié l’analyse d’Emmanuel Macron sur l’Europe : « Le rapport mondialistes/nationaux va structurer la prochaine élection européenne. Il y aura nous et lui ».
Mais sinon, « c’était un enfilage de perles. Contre le chômage, il faut du travail ! C’était un exercice inutile » pour Marine Le Pen. « Il n’y avait rien. Je ne suis pas sûr de venir l’année prochaine » ajoute de son côté Nicolas Dupont-Aignan.
« L’émancipation, c’est un discours creux s’il n’y a pas d’égalité des chances »
Jean-Christophe Lagarde, président du groupe UDI-Agir de l’Assemblée, va-t-il exprimer quelques paroles aimables ? Pas vraiment. « Le gouvernement donne l’impression qu’il ne s’intéresse qu’aux gagnants. Mais pas aux banlieues, ni aux zones rurales » estime le président de l’UDI, « il ne suffit pas de bonnes intentions ». Il ajoute : « L’émancipation, c’est un discours creux s’il n’y a pas d’égalité des chances ».
Quelques parlementaires LREM font quand même le service après-vente. Richard Ferrand, patron des députés LREM : « Un Président qui s’est exprimé avec humilité ». Yaël Braun-Pivet, présidente de la commission des lois : « Il a fait le bilan de l’action et a dressé de vraies perspectives ». Stanislas Guérini, porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée : « Il n’y a pas besoin d’avoir des surprises pour un bon discours. C’est un discours qui donne du sens ». Et qui a donné chaud.