Opération séduction. Emmanuel Macron a passé plus de deux heures, ce mercredi midi, avec le bureau du Sénat. Composé de 26 sénateurs représentants tous les groupes politiques et présidé par Gérard Larcher, le président LR de la Haute assemblée, le bureau est la plus haute instance collégiale du Sénat.
A 15h30, en ressortant de l’Elysée, les sénateurs étaient plutôt sous le charme. « Le Président a été attentif » apprécie l’un. « Extrêmement convivial et dynamique. C’était très ouvert » salue un autre membre du bureau, marqué par « la simplicité dans la façon de faire. Pas de protocole et la parole était libre ». « Très agréable » ajoute un autre… N’en jetez plus. Le Sénat, qui se dit constructif, va devenir macroniste à ce rythme. « Il est très séducteur sur la forme. Mais sur le fond, il n’a pas énormément répondu » tempère tout de fois un membre de la Haute assemblée.
Saumon et Château Neuf du Pape
Au menu, « classique et de bonne qualité » : soupe, saumon (en plat), fromage et dessert, ainsi qu’un Château Neuf du Pape en blanc et un Bourgogne rouge. Mais aussi beaucoup de sujets. Quasiment tous les sénateurs présents ont posé leur question. Emmanuel Macron a répondu à chacun, en prenant le temps, « comme il faisait en séance quand il était ministre ».
De nombreux points ont été mis sur la table : logement, audiovisuel public, métropole du Grand Paris, haut débit, collectivités, agriculture, immigration ou encore les conditions du débat budgétaire au Sénat.
Beaucoup de questions sur les territoires
Beaucoup de questions ont été posées sur les territoires ruraux. Normal, de la part des élus de la chambre représentant les collectivités territoriales. Interrogé par le sénateur et questeur LR Rémy Pointereau, « Emmanuel Macron a repris à son compte l’idée d’un plan Marshall des territoires ruraux », proposée par le sénateur du Cher, racontent à publicsenat.fr plusieurs convives du déjeuner. Rémy Pointereau prépare une proposition de loi, avec le sénateur PS Martial Bourquin, sur ces questions. Il travaille aussi sur la revitalisation des centres-bourgs.
Si le gouvernement vient de présenter un plan pour les villes moyennes, c’est insuffisant, selon un sénateur présent, qui regrette que les zones rurales ne bénéficient que de « rustines ». Reste que si le chef de l’Etat a parlé de « plan Marshall des territoires ruraux », il s’est bien gardé d’être plus précis. Un autre membre du bureau attend d’en voir plus : « On n’est pas dupes, il faut mettre tout ça en musique… »
De l’huile dans les rouages de la République
La rencontre a au moins permis de mettre plus d’huile dans les rouages de la République. « On demande à être plus entendus. On est des gens constructifs. On veut participer à la construction » dit un sénateur. « Sur les relations entre gouvernement et Sénat, ça a été positif ». Alors que les sénateurs s’inquiètent d’un calendrier parlementaire trop chargé et trop rapide, « le Président a dit que le début de mandat nécessitait de la rapidité, mais que la deuxième partie porterait sur des réformes plus complexes qui nécessiteraient de prendre plus son temps » raconte un sénateur.
Gérard Larcher a souligné que le Parlement ne devait pas légiférer trop vite, selon un convive, alors que les députés proposent de faire de la procédure d’urgence la procédure normale. Mais la réforme constitutionnelle en tant que telle a été peu abordée. Elle est au menu de la rencontre de ce soir, entre Emmanuel Macron, Gérard Larcher et François de Rugy.