Deuil d’un enfant: le Sénat vote à l’unanimité un congé de 15 jours

Deuil d’un enfant: le Sénat vote à l’unanimité un congé de 15 jours

Congé de 15 jours, allocation forfaitaire... Le Sénat dominé par l'opposition de droite a adopté à l'unanimité mardi en première...
Public Sénat

Par Véronique MARTINACHE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Congé de 15 jours, allocation forfaitaire... Le Sénat dominé par l'opposition de droite a adopté à l'unanimité mardi en première lecture une proposition de loi pour accompagner les familles après le décès d'un enfant, un texte "considérablement enrichi par rapport à sa version initiale", selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud.

L'examen du texte au Sénat a permis de remettre les choses à plat, après le couac de la majorité présidentielle à l'Assemblée nationale. Son retour devant les députés est prévu le 7 avril.

Il permet "non seulement de garantir de nouveaux droits à la suite du décès d'un enfant, mais aussi d'améliorer l'accompagnement des familles endeuillées", a souligné la rapporteure Élisabeth Doineau (centriste).

Le Sénat a ainsi porté de cinq à sept jours le congé actuellement prévu par le code du travail et créé un "congé de deuil" de huit jours supplémentaires fractionnable, pour partie pris en charge par la sécurité sociale. Ce congé est étendu aux travailleurs indépendants et aux agents publics.

L'âge limite du jeune décédé a été fixé à 25 ans. Le Sénat a adopté un amendement du gouvernement ouvrant ce congé aux parents, mais aussi, pour tenir compte notamment des cas de familles recomposées, aux personnes qui "assument la charge effective et permanente" d'un jeune de moins de 25 ans.

Le Sénat a substitué en séance la notion de "congé de deuil" à celle de "congé de répit" retenu en commission. "On prend un répit quand on est fatigué. Quand on vient de perdre un enfant, on est meurtri à vie", a fait valoir Catherine Di Folco (LR).

Contre l'avis de la commission et du gouvernement, le Sénat a adopté un amendement de sénateurs LR étendant le congé pour le décès d'un enfant de plus de 25 ans "lui-même parent".

Sur le modèle des dispositions protégeant les mères après un congé de maternité, a été introduite une mesure de protection contre le licenciement pour les salariés pendant un délai de treize semaines suivant le décès d'un enfant.

- "Tragédie sans équivalent" -

Est également prévu le maintien des droits aux prestations familiales (allocations familiales, complément familial...) pendant un délai déterminé après le décès d’un enfant, qui pourrait être de trois mois, ainsi que le maintien de la prise en compte de l’enfant au titre des droits au revenu de solidarité active (RSA).

Le texte crée en outre une allocation forfaitaire versée aux familles en cas de décès d'un enfant à charge, dont le montant sera fixé par décret.

Il reprend enfin le mécanisme de don de jours de repos entre salariés, voté à l'Assemblée, et introduit une expérimentation de prise en charge psychologique des parents et de la fratrie.

A l'Assemblée, les députés marcheurs avaient provoqué une vague d'indignation en rejetant, suivant la ministre du Travail, la mesure phare d'une proposition de loi du député Guy Bricout (UDI-Agir) qui proposait l'allongement du congé de deuil à 12 jours.

Emmanuel Macron avait alors appelé le gouvernement à "faire preuve d'humanité".

Au Sénat, Muriel Pénicaud a reconnu "l'émotion suscitée" par le sort de la proposition de loi à l'Assemblée.

"La perte d'un enfant est une tragédie sans équivalent (...) Nous devons bâtir un système dans lequel la douleur de la perte d'un enfant est pleinement reconnue par la société", a-t-elle souligné. La ministre a salué "un travail de co-construction" avec le Sénat, "loin des polémiques".

Martin Lévrier (LREM) a exprimé "sa compréhension de l'émoi" suscité par les débats à l'Assemblée, tandis que Stéphane Artano (RDSE à majorité radicale) soulignait que "l'humanité, c'est un marqueur du Sénat".

Michelle Gréaume (CRCE à majorité communiste) a tancé une "attitude peu glorieuse" du gouvernement et de sa majorité. Pour Jocelyne Guidez (centriste), le sujet "ne méritait pas la moindre polémique". Michelle Meunier (PS) a salué "le pas" accompli par le Sénat.

"Il faut aussi qu'on s'attache à faire baisser le nombre de décès d'enfants", a pour sa part souligné Catherine Deroche (LR)

6.500 enfants et jeunes de moins de 25 ans sont morts en France en 2017, dont environ 2.700 âgés de moins d'un an et 2.400 âgés de 15 à 24 ans, selon les données de l'Insee.

Dans la même thématique

Tondelier 2
8min

Politique

Malgré des critiques, Marine Tondelier en passe d’être réélue à la tête des Ecologistes

Les militants du parti Les Ecologistes élisent leur secrétaire national. Bien que critiquée, la sortante Marine Tondelier fait figure de favorite dans ce scrutin où les règles ont été changées. La direction s’est vue accusée par certains de vouloir verrouiller le congrès. Si les écolos ne veulent pas couper avec LFI, le sujet fait débat en vue de la présidentielle.

Le

SIPA_01208671_000002
5min

Politique

Prisons attaquées : vers une nouvelle loi pour permettre l’accès aux messageries cryptées par les services de renseignement

Après la série d’attaques visant plusieurs établissements pénitentiaires, coordonnées au sein un groupe de discussion sur Telegram, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez regrette que la disposition de la loi sur le narcotrafic, permettant aux services de renseignement d’avoir accès aux messageries cryptées, ait été rejetée les députés. La mesure pourrait réapparaître dans une nouvelle proposition de loi du Sénat.

Le

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six
4min

Politique

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six

La question d’un report des élections municipales de 2032 est à l’étude au ministère de l’Intérieur, en raison de la proximité d’un trop grand nombre de scrutins, notamment la présidentielle. Si le calendrier devait être révisé, et avec lui la durée du mandat des maires élus l’an prochain, cela nécessiterait une loi. Ce serait loin d’être une première sous la Ve République.

Le

FRA – ASSEMBLEE – 4 COLONNES
13min

Politique

Congrès du PS : les tractations se concentrent sur « Boris Vallaud, qui a des propositions de dates tous les jours »

Alors que les amis de Nicolas Mayer Rossignol, d’Hélène Geoffroy et de Fatima Yadani et Philippe Brun discutent pour fusionner, dans une union des opposants à Olivier Faure qui demandent la « clarté », le président du groupe PS de l’Assemblée, Boris Vallaud, se retrouve au centre des attentions. Mais « son but n’est pas d’être faiseur de roi, c’est de rassembler le royaume socialiste », soutient Rémi Branco, son porte-parole.

Le