Des parlementaires de droite comme de gauche ont critiqué mardi la proposition d'Emmanuel Macron d'amender la Constitution pour lui permettre d'écouter et de répondre aux parlementaires lors des Congrès, l'accusant de vouloir être un "président-Premier ministre".
"C'est une proposition parfaitement fantaisiste, tout simplement parce qu'elle touche à l'ADN, au coeur de l'équilibre des institutions de la Ve République", a dénoncé le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau sur Europe 1.
"C'est une sortie de régime (...) , il ne se contente plus d'être un président monarque, il veut cumuler et être un président-Premier ministre", a renchéri le sénateur.
Devant le Congrès réuni à Versailles lundi, Emmanuel Macron a annoncé qu'un amendement serait déposé cette semaine au projet de loi constitutionnelle, pour lui permettre de rester écouter et de répondre aux parlementaires lors des Congrès.
"Victoire! Macron s'incline. La prochaine fois, il devra écouter et répondre. Victoirissime", s'est alors réjoui sur Twitter le chef de file des députés La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, dont le groupe avait boycotté le Congrès, invoquant notamment l'impossibilité de répondre au chef de l'Etat.
"Il y a un côté très amateur dans tout ça, on ne peut pas tout faire comme ça à la va-vite", a fustigé mardi sur LCP le député PS Stéphane Le Foll, jugeant que cette révision participait de la disparition du rôle du Premier ministre. "Il y a une affirmation d'un pouvoir plébiscitaire d'Emmanuel Macron, qu'il va chercher, qu'il veut, mais qui est un problème démocratique".
"Une Constitution ça n'est pas fait pour répondre du tac au tac à M. Mélenchon", a tancé Bruno Retailleau.
Interrogé sur France 2 mardi, le Premier ministre Édouard Philippe a lui assuré qu'il prenait "très bien" la proposition.
"Ce que je trouve amusant si j'ose dire, c'est que lorsque le président de la République respecte scrupuleusement la Constitution (...) on le critique", et "quand il propose de la modifier (...) on dit +oh la la+. On peut pas tout avoir", a-t-il dénoncé, assurant que cela ne modifierait pas "le fonctionnement institutionnel qui fait que le Premier ministre est là pour mettre en oeuvre la politique définie par le Président".
Quant à Richard Ferrand, chef de file des députés LREM, qui s'était opposé à un amendement similaire déposé par l'opposition, il a rappelé sur France Inter que "le gouvernement (...) est responsable devant le Parlement", pas "le président de la République".
"Il faut sans doute trouver une manière d'organiser la réponse de l’exécutif qui prenne acte de ce que les responsables parlementaires lui auront dit. Selon quelles modalités? Nous allons en discuter", a-t-il ajouté, alors que s'ouvrent à l'Assemblée les débats sur la réforme des institutions.