Des militants d’extrême droite bloquent un col des Alpes, lieu de passage de migrants
Adeptes des actions spectaculaires, des militants de Génération Identitaire ont investi samedi un col des Hautes-Alpes emprunté par les migrants...
Par Jérémy MICHAUDET, avec Nicole DESHAYES à LYON
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Adeptes des actions spectaculaires, des militants de Génération Identitaire ont investi samedi un col des Hautes-Alpes emprunté par les migrants cherchant à passer d'Italie en France, suscitant l'indignation d'une partie de la gauche.
En matinée, une centaine de militants d'extrême-droite ont pris position au col de l'Echelle, culminant à 1.762 mètres à six kilomètres de la frontière italienne.
L'endroit est devenu un "point stratégique de passage des clandestins" depuis plusieurs mois. Génération Identitaire entend "veiller à ce qu'aucun (d'entre eux) ne puisse rentrer en France", a expliqué à l'AFP un porte-parole, Romain Espino.
Ce dernier dénonce "un manque de courage des pouvoirs publics" car "avec un petit peu de volonté, on peut contrôler l'immigration et les frontières".
Le groupe de militants, qui réclame "le blocage définitif" de ce col, compte majoritairement des Français, mais aussi des Italiens, Hongrois, Danois, Autrichiens, Anglais et Allemands.
Après avoir gravi en raquettes le col enneigé, ils ont matérialisé une "frontière symbolique" avec du grillage de chantier pour "notifier" aux migrants "que la frontière est fermée et qu'ils doivent rentrer chez eux".
Une banderole géante, déployée à flanc de montagne, relaie ce message en anglais. Et si certains migrants devaient passer outre, "nous appellerions la gendarmerie (...). La justice fera après son travail", a assuré Romain Espino.
Deux hélicoptères affrétés par GI survolaient le site samedi à la mi-journée. Des drones devaient suivre, ainsi qu'un avion biplace dimanche.
Pour M. Espino, il s'agit d'"expliquer aux migrants éventuels que ce qui n'est pas humain, c'est de faire croire à ces gens qui traversent la Méditerranée ou les Alpes enneigées que ces parcours ne présentent aucun risque. C'est faux".
"Ils ne vont pas trouver l'Eldorado, c'est immoral. Ceux qui en payent les frais, ce sont les Français", a-t-il ajouté.
Selon la préfecture des Hautes-Alpes, l'opération s'est "jusqu'à présent déroulée dans le calme" et une "partie" des militants avaient "déjà quitté le site" en début de soirée.
"La préfecture et les forces de l'ordre continuent de suivre avec attention et vigilance la poursuite de cette opération, afin de prévenir tout trouble à l'ordre public et de garantir le respect du droit", souligne-t-elle dans un communiqué.
Sur place, aucune force de l'ordre n'était visible samedi après-midi.
- Les services de l'Etat "pleinement mobilisés" -
Des militants d'extrême droite anti-migrants transportent des équipements lors d'une action sur un col des Alpes, point de passage des clandestins, le 21 avril 2018
AFP
Cette opération a fait réagir sur les bancs de la gauche, dans l'hémicycle de l'Assemblée, en plein débat prolongé sur le projet de loi asile-immigration.
Le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a fustigé la "petite bande d'une centaine de personnes", des "amis de Madame Le Pen", qui "prétend régler le problème de la frontière" et "repousser dans la neige de pauvres gens qui s'y trouvent".
Ce à quoi, Gilbert Collard (FN) a vertement répliqué, accusant M. Mélenchon de "planer".
La ministre auprès du ministre de l'Intérieur, Jacqueline Gourault, a assuré que "les services de l'Etat (étaient) pleinement mobilisés pour assurer l'ordre public au col de l'Echelle".
Depuis un an, les Hautes-Alpes connaissent un afflux exponentiel de migrants, essentiellement d'Afrique de l'Ouest. Selon la préfecture, 315 personnes en situation irrégulière ont été refoulées vers l'Italie en 2016 et 1.900 en 2017.
Reconnaissant que la pression migratoire reste "forte" à la frontière franco-italienne, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, s'est inquiété vendredi soir à l'Assemblée de la poursuite de la coopération franco-italienne avec la montée des populismes en Europe.
"En 2017, 50.000 non-admissions ont été prononcées à cette frontière. Parce que cette pression reste forte, nous avons décidé de renouveler les contrôles aux frontières pour six mois", a-t-il dit.
Fondé en 2012, Génération identitaire (GI) avait affrété en juillet 2017 le navire C-Star dans le cadre de sa campagne "Defend Europe" en Méditerranée, pour dissuader les ONG de secourir les migrants en mer. Arrivée le 5 août au large de la Libye, l'opération avait pris fin le 17 août.
Des militants d'extrême droite érigent une barrière sur un col des Alpes pour bloquer le passage de migrants, lors d'une action le 21 avril 2018
AFP
Le mouvement privilégie des actions au fort retentissement médiatique, comme la construction d'un mur devant un futur centre d'accueil pour demandeurs d'asile à Montpellier en septembre 2016 ou encore, à l'hiver 2013, des maraudes pour venir en aide aux sans-abris, destinées uniquement aux "Français de souche".
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.